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En 2017, plus de 40 millions d’Européens souffraient de dépression1. L’OCDE a estimé le coût total de la mauvaise santé mentale pour le PIB de l’UE à plus de 4 % en 2015, soit plus de 600 milliards d’euros par an2. Pendant la pandémie, la prévalence de la dépression a doublé, voire triplé dans de nombreux pays par rapport à l’année précédente3alors que l’accès à la thérapie par la parole et aux traitements innovants reste inégal4.
Au-delà des statistiques, cependant, la dépression non traitée peut nuire à la vie des individus2 et les aidants proches, par exemple les membres de la famille, dont la carrière et les aspirations peuvent être limitées par leurs responsabilités2. Les problèmes s’aggravent avec le temps, entraînant des réseaux complexes de problèmes de santé supplémentaires2isolation sociale5 et décès prématurés2. Pour de nombreux malades, la stigmatisation de reconnaître la dépression est si grande qu’ils la cachent complètement et n’apparaissent donc jamais dans les chiffres officiels.2.
Le coût sociétal
Lorsque les économistes de l’OCDE pour le rapport Regards sur la santé 2018 ont examiné l’impact de la santé mentale sur le PIB de l’UE en 2015, ils ont identifié trois principaux domaines d’intérêt. Le premier concernait les dépenses de santé. La seconde était l’augmentation des dépenses sociales consacrées à l’aide sociale aux patients et aux soignants. Le troisième impact, et le plus important, découlait de la réduction de l’activité économique des personnes souffrant de troubles mentaux, car elles se retiraient de la population active ou devenaient moins productives.2.
Cela montre que la dépression est fondamentalement une affaire sociale. Il se peut qu’une seule personne en souffre directement, mais l’impact se répercute sur sa famille, sa communauté et, en fin de compte, sur la société dans son ensemble. Les entreprises locales gagnent moins d’argent à mesure que les personnes souffrant de dépression se retirent de la vie quotidienne, moins d’emplois sont créés et, au niveau national, les recettes fiscales diminuent en raison de la réduction de l’activité économique.
Ces répercussions sociales généralisées donnent aux gouvernements de multiples raisons de lutter contre la dépression. Et la recherche suggère qu’il existe également un avantage économique plus large : une étude dirigée par l’OMS dans The Lancet Psychiatry en 2016 a suggéré que les dépenses consacrées aux traitements de la dépression et de l’anxiété avaient un rendement quadruplé, grâce à l’amélioration de la santé et de l’activité économique des patients.14.
Historiquement, cependant, l’investissement dans la dépression a pris du retard par rapport à d’autres domaines médicaux. En raison d’un sous-investissement extrême, la couverture universelle en santé mentale reste loin d’être atteinte. Selon l’OMS, dans les pays à revenu élevé, seuls 23 % des personnes souffrant de dépression reçoivent un traitement minimalement adéquat.8. L’innovation clinique dans les traitements de la dépression a également été lente compte tenu du fardeau important de la maladie15.
La voie à suivre
Il y a des signes, cependant, que les États de l’UE prennent enfin conscience du défi et, alors que différents pays poursuivent leurs propres stratégies, il existe de nombreuses opportunités pour les gouvernements d’apprendre les uns des autres.
En 1978, l’Italie est devenue le premier pays à instituer une approche communautaire de la santé mentale, plutôt que de traiter les patients de manière punitive en les isolant dans des asiles, et elle a continué à faire preuve de leadership institutionnel en Europe depuis lors.16. En 2019, le ministère de la Santé a créé un groupe de travail pour définir des lignes directrices pour les traitements et travailler avec les services locaux de santé mentale16. Le gouvernement rend obligatoire à la fois une collecte de données rigoureuse et le partage de données dans des formats communs afin que les comparaisons puissent être faites plus facilement16.
La pandémie de Covid-19 a braqué les projecteurs sur les problèmes de dépression en Italie, entraînant une mobilisation de groupes au sein de la société civile. Des groupes scientifiques réclament des moyens supplémentaires pour gérer la dépression, tandis que des associations de patients réclament un meilleur accès aux services17. Au niveau des soins primaires, des projets pilotes ont été mis en place pour que les psychiatres supervisent et encadrent les médecins généralistes dans le traitement de la dépression18.
Les citoyens français peuvent se référer eux-mêmes à un réseau historique de 1 700 centres médico-psychologiques, qui offrent un guichet unique pour les services de santé mentale. Ces services vont des soins primaires tels que les psychiatres, les psychologues et les infirmières en santé mentale, aux services de soutien secondaires, y compris les travailleurs sociaux.19.
La Cour des comptes nationale du gouvernement français a conclu que la psychiatrie publique souffre d’un sous-financement chronique, alors qu’une enquête de l’année dernière (commandée par Janssen France et menée par la société de sondage CSA avec le soutien de la Fondation Pierre Deniker pour la recherche en santé mentale et de l’association de patients Unafam) a révélé que seulement un tiers des personnes souffrant de dépression, actuelles et passées, ont reçu une forme quelconque de suivi par un professionnel de la santé20.
En Allemagne, la sécurité sociale offre un accès universel à une gamme d’options thérapeutiques allant de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) à la psychothérapie. Les personnes souffrant de dépression sont habilitées à prendre leurs propres décisions sur la façon d’utiliser la couverture de la sécurité sociale et elles choisissent souvent d’indemniser les aidants familiaux pour leur soutien. Cela donne aux patients un sentiment de contrôle, tout en fournissant un canal aux fonds publics pour atteindre les aidants familiaux qui supportent le poids du soutien aux personnes souffrant de dépression.21.
Les systèmes de santé et de protection sociale allemands cherchent également à adapter le soutien en matière de santé mentale aux patients individuels par le biais de consultations conjointes entre la triade patient, famille ou soignant et professionnel de la santé.21.
Mais les gouvernements ne peuvent pas faire le travail seuls. Ce problème social nécessitera une collaboration avec les communautés, les professionnels de la santé et les sociétés pharmaceutiques pour réduire la stigmatisation autour de la dépression et, surtout, pour partager des données afin de développer des techniques modernes et prédictives pour diagnostiquer et intervenir dans la dépression.
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Références
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CP-347413 Septembre 2022
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