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NUne enquête raisonnable sur la cause des difficultés politiques et économiques actuelles de la Grande-Bretagne pointerait du doigt le pouvoir des syndicats. L’action syndicale est un problème aujourd’hui en raison des griefs accumulés depuis de nombreuses années. Répondre, comme le gouvernement l’entend, par une restriction légale du droit de grève est un diagnostic erroné du problème et une atteinte opportuniste aux droits fondamentaux.
Le projet de loi proposé donnerait au secrétaire aux affaires, Grant Shapps, le pouvoir de définir des «niveaux de service minimaux» dans certains secteurs – santé, incendie et sauvetage, éducation, contrôle des frontières, transport et sécurité nucléaire. Les travailleurs seraient tenus de maintenir ce niveau pendant une grève ou de perdre leurs droits en matière d’emploi, y compris la protection juridique contre le licenciement abusif. Les employeurs émettraient des «avis de travail» faisant respecter le niveau de service minimum, et les syndicats seraient passibles de poursuites judiciaires s’ils encourageaient la violation de ces avis.
La grève elle-même ne serait pas interdite, mais les droits des travailleurs de cesser leur travail sans crainte de représailles seraient considérablement réduits, tout comme la capacité des syndicats à assurer une représentation collective – leur raison d’être. Il n’y a aucun moyen de configurer cela, sauf comme une attaque ciblée contre les fondements du travail organisé et un retrait des libertés économiques fondamentales.
Le gouvernement fait valoir qu’il est prévu de consulter les syndicats sur la définition des « services minimaux », que d’autres pays européens ont des règles similaires et que les mesures sont un dernier recours. M. Shapps dit qu’il espère ne jamais appliquer les nouveaux pouvoirs. Mais la consultation est une garantie sans valeur si le point de vue d’un syndicat peut être ignoré. Les États européens ayant des exigences de service minimum les ont développées en véritable partenariat avec les syndicats. Ils ne sont pas imposés par décret.
La défense de dernier recours est absurde. L’une des fonctions des pouvoirs draconiens est l’intimidation – un effet qui s’applique, que M. Shapps prenne ou non du plaisir à brandir un décret statutaire. Mais le projet de loi anti-grève a un objectif politique qui prend effet avant même qu’il ne devienne loi, comme Rishi Sunak l’a démontré dans les questions du Premier ministre mercredi. Il a mis Keir Starmer au défi de soutenir la proposition ou de prouver, en s’y opposant, qu’il était « du côté de ses payeurs syndicaux, pas des patients ».
Le Premier ministre a décidé que le public ne tolérerait pas beaucoup plus de perturbations des services de santé et que la frustration croissante est une ressource qui peut être déployée contre les travaillistes. Il n’y a aucune preuve que cela fonctionne jusqu’à présent. Les sondages d’opinion montrent qu’une majorité d’électeurs sympathise davantage avec les infirmières et les ambulanciers qu’avec les ministres conservateurs. Même si l’humeur change, il est peu probable que M. Sunak en profite. Il n’a pas réussi à négocier, ni même à s’engager avec les arguments des grévistes. Le recours au sabotage des fondements juridiques de leur grève est un signe de faiblesse.
Il révèle également une fixation désuète sur les syndicats trop puissants, héritée des années 1970 et de l’hiver du mécontentement. M. Sunak n’était même pas né à l’époque. Les temps ont changé, l’économie a changé, la loi a changé. Les grèves d’aujourd’hui expriment le désespoir devant la dégradation des services publics et l’impossibilité de gagner sa vie avec des salaires qui diminuent en termes réels. Le premier ministre répond en attaquant les droits syndicaux parce qu’il manque d’imagination et de compassion pour développer de meilleures stratégies. Une loi rédigée pour cette raison est mauvaise en pratique et mauvaise en principe.
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