Le premier vol transatlantique «net-zéro» au monde prévu pour fin 2023. Mais est-ce vraiment «sans culpabilité»?


Virgin Atlantic opérera le premier vol transatlantique « net zéro » au monde en 2023.

Le vol Royaume-Uni-États-Unis sera propulsé à 100% par du carburant d’aviation durable (SAF), un carburant à faibles émissions fabriqué à partir de déchets comme l’huile de cuisson usagée.

Virgin a obtenu un contrat de 1 million de livres sterling avec le gouvernement britannique – annoncé en mai – pour faire voler un Boeing 787 de Londres Heathrow à New York JFK.

Le vol sera une étape clé vers une aviation « durable », affirme le ministère des Transports.

Mais qu’est-ce que cela signifie exactement, et à quel point est-il vraiment vert ?

Que sont les SAF ?

Les SAF sont produits à partir de matières premières telles que l’huile de cuisson usagée, les déchets agricoles et les ordures ménagères telles que les emballages, les restes de nourriture et les textiles.

SAF dégagent encore des émissions de carbone lorsqu’ils sont brûlés. Cependant, l’Association internationale du transport aérien (IATA) estimations qu’ils réduisent les émissions d’environ 70 à 80 % au cours du « cycle de vie du carburant ».

En effet, ils sont fabriqués à partir de déchets, dont le carbone a déjà été émis, ou de plantes qui absorbent gaz carbonique pendant qu’ils grandissent.

Les SAF sont actuellement mélangés – dans une proportion de 50 % – avec des combustibles fossiles traditionnels.

Combiné avec « l’élimination des gaz à effet de serre, 100% SAF permettra la livraison d’un vol net zéro », a déclaré un porte-parole du gouvernement.

Le secrétaire aux Transports, Grant Shapps, a promis d’accélérer les tests et les approbations pour la technologie SAF.

« Ce vol pionnier à zéro émission nette, une première mondiale, démontrera le rôle vital que le carburant d’aviation durable peut jouer dans décarboner l’aviation conformément à nos objectifs ambitieux de zéro net », a-t-il déclaré.

Dans quelle mesure les carburants d’aviation durables sont-ils écologiques ?

Mais les carburants d’aviation durables ne sont pas une solution miracle pour lutter contre les émissions de l’aviation.

Les SAF émettent au moins autant de CO2 que le kérosène – les économies de gaz à effet de serre interviennent au stade de la production.
Pourtant, la phase de production peut également être préjudiciable à l’environnement.

Si les entreprises cultivent des « cultures vierges » – et non à partir de déchets – pour compenser les émissions, ces plantations peuvent conduire à la déforestation et à la réduction de la biodiversité.

L’utilisation de cultures « vierges » (c’est-à-dire non issues de déchets) est extrêmement dommageable : les plantations de cultures telles que l’huile de palme, le colza ou le soja sont l’un des principaux moteurs de la déforestation.

Les militants ont accusé les partisans de la SAF d’utiliser la technologie pour blanchir une industrie polluante.

Le cabinet de conseil en climat Element Energy a critiqué le gouvernement pour son plan jet-zéro « irréaliste ».

Dans un rapport publié plus tôt cette année, ils ont accusé le gouvernement de s’appuyer sur une technologie non éprouvée et les ont exhortés à arrêter les agrandissements prévus des aéroports de Gatwick et de Luton.

Les voyageurs soucieux du climat se tournent de plus en plus vers d’autres modes de transport, notamment voyage en train.

Quelle est l’étendue de l’utilisation des SAF ?

L’aviation représente environ 2 % des émissions mondiales de carbone. UNE Étude de l’Université de Lund ont constaté qu’éviter un seul vol transatlantique permet d’économiser huit fois plus d’émissions de gaz à effet de serre en un an que recyclage.

Mais l’IATA – dont les membres transportent plus de 80 % du trafic mondial dépliants – prévoit d’atteindre le zéro net d’ici 2050.

Les SAF sont souvent présentés comme la meilleure voie vers la décarbonisation. Les fournisseurs de l’alliance Oneworld – dont British Airways, American Airlines et Finnair – se sont engagés à utiliser 10% de SAF d’ici 2030.

L’initiative « ReFuelEU » de la Commission européenne a proposé d’obliger les fournisseurs de carburant à utiliser 2 % de SAF à partir de 2025 – augmentant progressivement à 63 % en 2050.

Mais l’utilisation actuelle est extrêmement faible. En 2019, le SAF ne représentait que 0,1 % de tout le carburéacteur utilisé dans le monde. La mise à l’échelle est un problème, car les SAF sont plus de deux fois plus chers que les carburants normaux.

Le gouvernement britannique a demandé à l’industrie aéronautique de mettre en ligne au moins trois usines de production commerciales de SAF en Grande-Bretagne d’ici 2025. Il a également promis 180 millions de livres sterling (212 millions d’euros) à l’industrie des SAF.

Cependant, le Climate Change Committee (CCC) estime que l’industrie aéronautique britannique n’utilisera que 7 % de SAF d’ici 2030.



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