Le syndicat tunisien menace « d’occuper les rues » et rejette le budget 2023


© Reuters. PHOTO DE DOSSIER: Le chef du syndicat UGTT, Noureddine Taboubi, prend la parole lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre de l’Emploi Nasreddine Nsibi à Tunis, Tunisie le 15 novembre 2021. REUTERS / Jihed Abidellaoui

Par Tarek Amara

TUNIS (Reuters) – Le puissant syndicat tunisien UGTT organisera des manifestations de masse et « occupera les rues » bientôt pour montrer son rejet du budget d’austérité de l’année prochaine, a déclaré lundi le chef du syndicat, dans son défi le plus ferme au gouvernement du président Kais Saied encore.

Le syndicat, qui compte plus d’un million de membres, s’est avéré capable de paralyser l’économie avec des grèves. Il a parfois soutenu Saied après qu’il ait pris la plupart des pouvoirs l’année dernière, mais à d’autres occasions, il a exprimé son opposition.

« Pourquoi acceptons-nous cette situation ? Nous ne l’accepterons pas… nous occuperons les rues pour défendre nos choix et l’intérêt du peuple », a déclaré Noureddine Taboubi, le chef de l’UGTT.

Le budget 2023 de la Tunisie prévoit de réduire le déficit budgétaire à 5,2 % l’an prochain, contre 7,7 % prévu cette année, grâce à des réformes impopulaires qui pourraient ouvrir la voie à un accord final avec le Fonds monétaire international sur un plan de sauvetage.

La Tunisie augmentera les taxes pour plusieurs professions, dont les avocats, les ingénieurs et les comptables, de 13% à 19%. Taboubi a déclaré que ce gouvernement est « un gouvernement percepteur d’impôts… la loi de finances augmente la souffrance des Tunisiens ».

Au cours de 2023, qui, selon le ministre de l’Economie Samir Saeed, sera une « année très difficile », le gouvernement réduira également les dépenses de subventions de 26,4%, principalement dans l’énergie et l’alimentation.

Ce mois-ci, le gouvernement a augmenté les prix de l’eau potable et devrait augmenter fréquemment les prix du carburant l’année prochaine pour réduire le déficit énergétique croissant.

Le budget a suscité un rejet généralisé de la part de certaines professions. Les avocats ont menacé dans un communiqué ce qu’ils ont appelé « une désobéissance fiscale ».

La Tunisie a conclu un accord au niveau du personnel avec le FMI pour un plan de sauvetage de 1,9 milliard de dollars en échange de réformes impopulaires, notamment la réduction des subventions alimentaires et énergétiques et la refonte des entreprises publiques. Il vise à parvenir à un accord final au début de l’année prochaine.

Le budget 2023 a montré que la masse salariale du secteur public passera de 15,1% en 2022 à 14% l’an prochain, une réforme majeure réclamée par le FMI.



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