Les pays européens risquent de gaspiller des milliards d’euros dans des infrastructures d’importation de gaz inutiles
Pressés de trouver des sources alternatives de gaz, les pays européens ont accéléré les plans d’infrastructures de gaz naturel liquéfié (GNL) pour acheminer des approvisionnements par voie maritime depuis les États-Unis, le Qatar et ailleurs après que la société russe Gazprom a commencé à limiter les importations de gaz via des pipelines. Toutefois, une nouvelle analyse de l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA) avertit que les pays européens risquent de gaspiller des milliards d’euros dans des infrastructures d’importation de gaz dont ils n’auront pas besoin après avoir « paniqué » en réponse à la fermeture des pipelines russes. L’IEEFA estime que la capacité des terminaux GNL à travers l’Europe pourrait dépasser 400 milliards de mètres cubes (bcm). Par contre, la demande réelle de GNL en 2030 pourrait être aussi faible que 150 milliards de m3, laissant un écart de 250 milliards de m3 de capacité d’importation de GNL inutilisée.
L’Allemagne investit massivement dans de nouvelles infrastructures de GNL
L’Allemagne, qui n’avait aucune capacité d’importation de GNL avant 2022, fait partie des pays les plus investis dans de nouvelles infrastructures, avec des plans pour dépenser au moins 9,8 milliards d’euros au cours des 15 prochaines années. Selon l’analyse de l’IEEFA, le pays pourrait avoir 9 milliards de mètres cubes de capacité excédentaire d’ici 2030. Cependant, un porte-parole du ministère allemand de l’Économie et de l’Action climatique a déclaré que les plans du pays « renforcent les mesures de précaution et préservent la sécurité de l’approvisionnement énergétique » pour l’Allemagne et pour l’Europe plus largement.
Les pays disposant d’infrastructures GNL préexistantes pourraient avoir la plus grande capacité excédentaire
Les pays disposant d’infrastructures GNL préexistantes pourraient avoir la plus grande capacité excédentaire, avec l’Espagne prévoyant un décalage de 50 milliards de m3, suivi de la Turquie avec 44 mmc, le Royaume-Uni avec 40 mmc, la France avec 14 Gm3, et enfin l’Italie avec 10 mmc.
La demande de GNL continue d’augmenter en 2023, mais recommencera à retomber dès l’année prochaine
Les importations de GNL en Europe ont augmenté de 60% en 2022 par rapport à 2021, mais cet accroissement n’est pas destiné à durer. En effet, l’IEEFA prédit que la demande de GNL continuera d’augmenter en 2023, mais qu’elle recommencera à retomber dès l’année prochaine, principalement en raison des réductions de la demande de gaz dans l’UE, des énergies renouvelables prenant une plus grande part de la charge énergétique et des gouvernements se concentrant de plus en plus sur l’efficacité énergétique. mesures.
Les infrastructures de GNL pourraient encourager les importateurs à continuer d’utiliser le gaz naturel
La surabondance de plans d’infrastructure GNL en Europe a déjà attiré les critiques des militants pour le climat, craignant qu’elle ne pousse les importateurs à continuer d’utiliser le gaz naturel afin de justifier les dépenses de la nouvelle infrastructure. Certaines infrastructures de GNL devraient être converties pour importer de l’hydrogène gazeux propre à l’avenir. Toutefois, Jaller-Makarewicz de l’IEEFA avertit que la demande future d’hydrogène est encore incertaine et qu’il existe des défis techniques liés à la conversion de l’infrastructure pour l’importation et le transport d’hydrogène.
Conclusion
Bien que la décision des pays européens d’investir dans des infrastructures de GNL soit compréhensible eu égard à la fermeture des pipelines russes, de telles mesures pourraient entraîner des gaspillages de milliards d’euros dans des infrastructures d’importation de gaz inutiles, car la demande de GNL en 2030 pourrait être beaucoup moins importante que la capacité d’importation prévue. Les gouvernements devraient réévaluer leurs plans en considérant que les énergies renouvelables prendront une plus grande part de la charge énergétique, tandis que les réductions de la demande de gaz et les mesures d’efficacité énergétique réduiront la demande de gaz en Europe.
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