Les garde-côtes italiens fouillent les plages après le naufrage


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Cutro (Italie) (AFP) – Les garde-côtes italiens ont fouillé lundi la mer et les plages à la recherche de corps à la suite d’un naufrage au large de la Calabre, alors que les autorités tentaient d’identifier les morts et que la politique migratoire du gouvernement faisait l’objet d’un examen minutieux.

Le bateau en bois surchargé s’est rompu et a coulé tôt dimanche dans une mer orageuse au large de la côte sud de l’Italie, avec des corps, des chaussures et des débris échoués le long d’une longue bande de rivage.

Le nombre de morts s’est élevé lundi à 62 personnes, a déclaré à l’AFP un responsable des garde-côtes – et ce nombre devrait augmenter.

Sergio di Dato, chef de l’équipe de Médecins sans frontières (MSF) offrant un soutien psychologique aux survivants, a déclaré qu’il y avait des cas d’enfants orphelins dans la catastrophe.

« Un garçon afghan de 12 ans a perdu toute sa famille, tous les neuf – quatre frères et sœurs, ses parents et d’autres parents très proches », a-t-il déclaré aux journalistes.

Au Castella, où une forteresse du XVe siècle domine le littoral, un journaliste de l’AFP a vu les garde-côtes récupérer le corps d’une femme qui semblait avoir une vingtaine d’années.

Save the Children a déclaré qu’il y avait de nombreux mineurs disparus. © Alessandro SERRANO / AFP

« De nombreux mineurs disparus »

Les responsables locaux ont déclaré que la recherche était en cours pour une vingtaine de personnes toujours portées disparues, bien que les survivants aient donné des versions différentes quant au nombre de personnes qui se trouvaient à l’origine sur le bateau.

La police judiciaire s’est attelée à identifier les victimes, en publiant une adresse e-mail à laquelle les proches à la recherche d’êtres chers pourraient envoyer des détails distinctifs, de la couleur des yeux et des cheveux aux tatouages ​​ou aux piercings.

L’association caritative Save the Children a déclaré sur Twitter qu’elle soutenait des survivants d’Afghanistan, du Pakistan, de Somalie et de Syrie, dont 10 mineurs qui voyageaient avec leur famille.

« Il y a beaucoup de mineurs disparus », écrit-il.

Les survivants étaient « sous le choc… certains disent avoir vu des proches tomber à l’eau et disparaître, ou mourir ».

Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a déclaré lundi que 16 Pakistanais figuraient parmi les personnes secourues, mais que quatre étaient portés disparus.

Un responsable pakistanais chargé de lutter contre la traite des êtres humains a déclaré à l’AFP que le nombre de personnes tentant de quitter le Pakistan augmentait en raison « de la détérioration de la situation économique et du manque de travail ».

Le responsable a déclaré sous couvert d’anonymat qu’il y avait environ 40 000 Pakistanais essayant d’entrer dans les pays européens chaque année.

Le bateau aurait quitté Izmir en Turquie la semaine dernière. Trois trafiquants d’êtres humains présumés ont été arrêtés et la police en recherchait un quatrième, ont rapporté les médias lundi.

Des jumeaux retrouvés morts

David Morabito, un plongeur-sauveteur en Calabre, a déclaré à la chaîne de télévision publique Rai qu’il avait récupéré les corps de jeunes jumeaux dans l’eau.

Les responsables locaux ont déclaré que la recherche était en cours pour environ 20 personnes toujours portées disparues, bien que les comptes diffèrent quant au nombre de personnes à bord.
Les responsables locaux ont déclaré que la recherche était en cours pour environ 20 personnes toujours portées disparues, bien que les comptes diffèrent quant au nombre de personnes à bord. © Alessandro SERRANO / AFP

« Quand vous voyez les petits corps sans vie d’enfants, ces images vous transpercent le cœur », a déclaré Morabito.

« Tant d’enfants morts. Une tragédie », a-t-il ajouté.

La catastrophe a encore alimenté le débat en Italie sur les mesures de recherche et de sauvetage pour sauver les migrants qui rencontrent des problèmes sur la route de la Méditerranée centrale, qui est la plus meurtrière au monde.

La Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni, élue en septembre, s’est engagée à freiner les arrivées de migrants.

Elle a déclaré dimanche que le gouvernement était « engagé à empêcher les départs (de bateaux de migrants) et, avec eux, ce type de drame », tandis que son ministre de l’Intérieur Matteo Paintedosi a simplement dit « qu’ils ne doivent pas mettre les voiles ».

Leurs réactions ont été « un triste retour de balle, une énième gifle aux victimes et aux survivants de cette tragédie », a déclaré lundi le directeur des programmes de MSF Italie, Marco Bertotto.

« Le sauvetage en mer ne doit pas être confondu avec l’immigration clandestine. Nous avons besoin de patrouilles en haute mer et de coordination », a-t-il déclaré aux journalistes.

Le gouvernement de Meloni a fait adopter une loi controversée la semaine dernière qui oblige les organisations caritatives d’aide aux migrants à n’effectuer qu’une seule mission de sauvetage à la fois avant de se diriger directement vers les ports, qui sont souvent éloignés.

Une grande partie des personnes cherchant à rejoindre l'Europe traversent la Méditerranée de l'Afrique à l'Italie.
Une grande partie des personnes cherchant à rejoindre l’Europe traversent la Méditerranée de l’Afrique à l’Italie. © Alessandro SERRANO / AFP

Les critiques disent que la mesure viole le droit international et entraînera la noyade de plus de personnes.

Selon le ministère de l’Intérieur, près de 14 000 migrants sont arrivés en Italie par la mer jusqu’à présent cette année, contre 5 200 au cours de la même période l’an dernier.



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