Les syndicats français voient la menace d’une reprise du gilet jaune suite à la campagne de départ à la retraite de Macron

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La décision du président français Emmanuel Macron de forcer sa réforme des retraites profondément impopulaire, sans vote au Parlement, pourrait raviver les troubles sociaux rappelant le mouvement des gilets jaunes, ont averti les dirigeants syndicaux et les analystes alors que les manifestations continuent de balayer le pays.

Les manifestations contre l’utilisation par le gouvernement d’une disposition constitutionnelle spéciale, connue sous le nom d’article 49.3, pour balayer l’opposition parlementaire à la réforme ont été plus en colère que tout ce qui a été vu au cours des deux derniers mois.

Les syndicats, unis pour coordonner leurs manifestations, ont appelé à une neuvième journée de grève jeudi prochain, mais beaucoup ont exprimé la crainte de perdre le contrôle des manifestations alors que des manifestants plus radicaux donnaient le ton.

« Oui, nous sommes inquiets », a déclaré à l’AFP Cyril Chabanier, le patron du syndicat modéré CFTC.


Les commentateurs ont commencé à se demander si le durcissement des fronts pourrait annoncer le retour des gilets jaunes, un mouvement populaire qui a débuté en 2018 pour protester contre la hausse des prix du carburant et qui a fait boule de neige en la plus grande action sociale contre Macron lors de son premier mandat.

>> Une année d’insurrection : comment les gilets jaunes ont laissé une « marque indélébile » sur la politique française

« C’est une loi sociale de la physique », a déclaré Jean-Marie Pernot, politologue spécialiste des syndicats.

« Si vous ne respectez aucun des canaux destinés à l’expression de la dissidence, elle trouvera un moyen de s’exprimer directement », a-t-il déclaré à l’AFP.

Les premières actions des gilets jaunes ont été marquées par des grèves, des manifestations hebdomadaires, le blocage des routes et des dépôts de carburant et les pires affrontements avec la police anti-émeute depuis des décennies.

Ce n’est qu’avec l’imposition de restrictions de mouvement provoquées par la crise du Covid que les actions du mouvement ont été stoppées.

« Une action plus dure à venir »

« Il peut y avoir des actions plus dures à venir, plus sérieuses et de plus grande envergure », a averti Fabrice Coudour, un des principaux représentants du secteur de l’énergie pour le syndicat d’extrême gauche CGT.

« Cela pourrait bien échapper à notre prise de décision collective », a-t-il déclaré.

Les Gilets jaunes se vantaient de n’avoir aucun chef désigné. Ils ont résisté aux tentatives des politiciens et des syndicats de gauche d’exploiter l’énergie du mouvement à leurs propres fins.

L’un de leurs porte-parole les plus éminents était Jérôme Rodrigues, qui a perdu un œil à cause d’une balle en caoutchouc de la police lors d’affrontements lors d’une manifestation.

Dans les heures qui ont suivi la décision de Macron sur les retraites jeudi, Rodrigues a déclaré à une foule en colère et enthousiaste devant l’Assemblée nationale que l’objectif n’était désormais rien de moins que « la défaite » du président.


Dans le même temps, des manifestations ont éclaté dans de nombreuses régions de France, certains manifestants détruisant du mobilier urbain, brisant des vitres et incendiant des poubelles.

Dans la ville de Dijon, dans le centre de la France, des manifestants ont brûlé des effigies de Macron.

La CGT a annoncé qu’elle forcerait la fermeture de la raffinerie du géant de l’énergie TotalEnergies en Normandie dans le nord-ouest de la France à partir de ce week-end.

Les piquets de grève du service public d’électricité Electricité de France seraient également prolongés, a indiqué la CGT. Et tôt vendredi, des militants de la CGT ont bloqué le périphérique très fréquenté de Paris, le boulevard périphérique.

« La faute du gouvernement »

Les syndicats ont déjà mis la responsabilité de tout problème futur sur le seuil du gouvernement.

« Évidemment, quand il y a tant de colère et tant de Français dans la rue, les éléments les plus radicaux prennent la parole », a déclaré Laurent Escure, patron de la fédération syndicale UNSA.

« Ce n’est pas ce que nous voulons, mais ça va arriver. Et ce sera entièrement la faute du gouvernement », a-t-il déclaré à l’AFP.

Depuis des semaines, Laurent Berger, chef du syndicat modéré CFDT, avertit le gouvernement qu’il pourrait y avoir plus de problèmes si les manifestants avaient l’idée que les gilets jaunes ont fait plus avec la violence que les syndicats établis avec leurs manifestations de masse pacifiques.

« Quelle est la perspective démocratique d’un pays qui n’a pas répondu à 1,5 ou 2 millions de personnes dans la rue à trois reprises, mais qui a répondu à un mouvement violent avec un cinquième de ce nombre dans la rue ? » a-t-il demandé lors d’une interview le mois dernier.

Macron a fait un certain nombre de concessions au mouvement des gilets jaunes.

Entre autres mesures, il a supprimé une taxe carbone prévue et augmenté les salaires des salariés au salaire minimum, pour un coût total estimé pour les finances publiques de 10 milliards d’euros (10,7 milliards de dollars).

(FRANCE 24 avec AFP)

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