Les travailleurs des raffineries et des dépôts de carburant français votent pour la poursuite des grèves


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Les grévistes français des raffineries de carburant ont voté mercredi pour poursuivre leurs arrêts et blocages, défiant le gouvernement qui a commencé à ordonner à certains d’entre eux de reprendre le travail dans le but de faire circuler les approvisionnements.

L’action syndicale pour exiger des augmentations de salaire a paralysé six raffineries de carburant sur sept en France, entraînant des pénuries d’essence et de diesel exacerbées par des achats de panique auprès des chauffeurs.

Après avoir précédemment menacé d’utiliser des pouvoirs d’urgence leur permettant d’ordonner aux travailleurs essentiels de reprendre le travail, le gouvernement a annoncé mercredi qu’il les utiliserait alors que les grèves entraient dans leur troisième semaine.

Le personnel d’un dépôt de carburant à la raffinerie de Gravenchon-Port-Jérôme, dans le nord-ouest de la France, propriété du géant américain ExxonMobil, serait le premier à être réquisitionné, a déclaré à l’AFP un responsable du ministère de l’Energie.

« Face à la poursuite de la grève d’une partie du personnel de Port-Jérôme en Normandie, le gouvernement lance la réquisition des travailleurs essentiels du dépôt », a déclaré le responsable.

Les travailleurs qui refusent la convocation risquent des amendes ou des peines de prison.

Le gouvernement de droite de l’ancien président Nicolas Sarkozy a invoqué les mêmes pouvoirs en 2010 pour briser une grève dans une raffinerie.

Le syndicat d’extrême gauche CGT qui mène les débrayages avait déclaré mardi que toute réquisition ne serait « pas nécessaire et illégale », faisant planer le spectre de contestations judiciaires.

Elle a qualifié la réquisition de « choix de la violence », ajoutant que cela conduirait le syndicat à suspendre « sa participation aux réunions avec le gouvernement et les chefs d’entreprise pendant cette période ».


Des grévistes se rassemblent à l’entrée d’une raffinerie TotalEnergies à La Mède, dans le sud de la France, le 11 octobre 2022. © Nicolas Tucat, AFP

Jusqu’à présent, le gouvernement avait hésité à attiser le conflit, mais était également conscient de la frustration croissante et des dommages économiques causés par les conducteurs qui passent des heures à faire le plein.

« L’essence est trop importante pour nous. C’est un cauchemar depuis une semaine », a déclaré à l’AFP Santiago, un chauffeur-livreur à Paris.

La crise survient à un moment de prix élevés de l’énergie et d’inflation, tandis que les bénéfices exceptionnels de TotalEnergies ont également provoqué la colère, conduisant à des appels pour que le groupe fasse face à une taxe exceptionnelle.

La CGT souhaite une augmentation de 10% des salaires du personnel de TotalEnergies.

L’impasse pourrait donner un nouvel élan à une marche prévue dimanche par les partis politiques de gauche contre la politique du président Emmanuel Macron et la vie chère.

« J’espère que c’est l’étincelle qui déclenchera une grève générale », a déclaré mercredi à la radio Franceinfo Sandrine Rousseau, leader du parti des Verts.

Macron cherche à faire passer une réforme des retraites très controversée d’ici la fin de l’hiver malgré les avertissements de certains alliés sur le risque de grèves et de manifestations.

Les syndicats et les partis politiques de gauche ont juré d’essayer de bloquer la réforme, qui verrait l’âge de la retraite relevé à 64 ou 65 ans pour la plupart des gens, contre 62 actuellement.

(AFT)



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