Les villes européennes sont-elles équipées pour faire face aux conséquences du changement climatique ?


Les phénomènes météorologiques extrêmes ont fait des ravages dans toute l’Europe à un rythme alarmant ces derniers mois. Un glissement de terrain sur l’île d’Ischia, au large de la côte ouest de l’Italie, en novembre dernier n’est qu’un des derniers exemples des conséquences dévastatrices que de tels incidents peuvent causer.

Euronews Witness s’est rendu en Italie, en France et en Allemagne pour enquêter sur la façon dont les villes européennes s’adaptent aux dangers posés par le changement climatique.

Logement illégal et manque d’entretien

Un glissement de terrain dans la ville de Casamicciola à Ischia en novembre dernier a fait douze morts et contraint cinq cents habitants à être évacués de leurs maisons.

Mais malgré la dévastation, certains habitants défendent toujours leur droit de vivre dans une zone de danger naturel, où la plupart des logements ont été construits illégalement. Une enquête est en cours pour déterminer si tel a été le cas pour les maisons qui ont subi le plus gros du glissement de terrain.

De plus, l’État italien est accusé d’encourager cette construction illégale en raison de sa politique de « grâces », qui permet aux citoyens, moyennant paiement, de mettre leur propriété en conformité avec la réglementation en matière de logement.

Les critiques disent que cela encourage principalement la construction illégale au lieu de l’empêcher, et que la seule façon de la freiner est de s’attaquer aux problèmes sous-jacents qui l’alimentent. En d’autres termes, un logement décent doit être abordable sans avoir recours à la construction illégale.

Cependant, le manque substantiel d’entretien du système de gestion des eaux pluviales, couplé à un niveau record de précipitations, est essentiel pour expliquer la catastrophe, selon les experts.

Le système utilisé pour gérer les eaux de pluie a été construit suite à un autre glissement de terrain massif en 1910. Les déversoirs mesuraient plus de 10 mètres de long et 6 mètres de haut. Aujourd’hui, ils sont principalement cachés dans les arbustes.

« Malheureusement… ces bassins sont maintenant remplis de roche et de terre. L’eau s’en écoule donc vers le bas de la montagne et rien ne l’arrête », a expliqué l’arpenteur Guiseppe Colella.

Les inondations sont-elles désormais « inévitables » ?

L’an dernier, des inondations extraordinaires ont balayé la vallée de l’Ahr, en Allemagne, faisant plus de 130 morts. Et pourtant, toutes sauf 34 maisons parmi les milliers qui ont été endommagées seront reconstruites. Comme c’est le cas en Italie, les habitants insistent sur le fait qu’ils préfèrent accepter le risque d’inondation plutôt que de déménager dans une autre zone.

La gestion du lit des rivières est cruciale pour protéger les résidents. La rivière Ahr, par exemple, a été autorisée à serpenter à nouveau dans le but de réduire le débit.

« Vous ne pouvez pas éviter l’inondation, mais vous pouvez réduire les dégâts », explique Patrick Kluding, responsable des aqueducs à Cologne, dans l’ouest de l’Allemagne.

Au cours des trente dernières années, la ville a développé l’un des systèmes les plus avancés au monde pour prévoir la vitesse de propagation d’une crue et contrôler le Rhin grâce à un système de protection mobile.

Planchers de refuge

Après que la tempête Xynthia a fait 29 morts dans la seule ville côtière de La Faute-sur-Mer, dans l’ouest de la France en 2010, les autorités ont développé un système juridique complexe pour protéger les villes et les habitants des effets du changement climatique.

« Pour monter à l’étage, il fallait sortir de la maison. Mais il y avait tellement d’eau qu’on ne pouvait pas sortir », explique Elisabeth Tabary, une ancienne habitante qui a perdu son mari et son petit-fils ce jour-là.

Les résidents sont désormais légalement tenus de construire un plancher de refuge surélevé.

La maison d’Elisabeth faisait partie des 600 qui ont été démolies dans le soi-disant «bassin de la mort», où se trouve aujourd’hui un terrain de golf. 100 millions d’euros ont été investis en Vendée pour restaurer les principales infrastructures d’inondation, telles que les barrages.

Malgré tout cela, il est clair que les villes d’Europe sont confrontées à une course contre la montre. Et la peur monte que le changement climatique se déroule plus vite que nous ne sommes capables de réagir.



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