L’Inde arrête le journaliste cachemirien Irfan Mehraj pour « terrorisme »

Le journaliste Irfan Mehraj arrêté en Inde pour terrorisme

Le journaliste cachemirien Irfan Mehraj a été arrêté par la National Investigation Agency (NIA) de l’Inde sous l’inculpation de « terrorisme ». Cette arrestation intervient dans le contexte d’une répression croissante des journalistes dans la région himalayenne à majorité musulmane. Le gouvernement indien nationaliste hindou a supprimé la semi-autonomie de la région en 2019 pour lutter contre le « terrorisme ». Depuis, des dizaines de milliers de soldats sont stationnés dans la région pour écraser la rébellion armée qui dure depuis des décennies. Les forces indiennes ont été accusées de violations généralisées des droits de l’homme. Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a appelé en 2018 à une enquête internationale sur les allégations de violations des droits.

L’arrestation d’Irfan Mehraj

La NIA, la principale agence « anti-terroriste » indienne, a déclaré mardi dans un tweet que l’arrestation d’Irfan Mehraj avait eu lieu un jour plus tôt en raison de sa collaboration avec la Jammu Kashmir Coalition of Civil Society (JKCCS), une organisation dirigée par le militant des droits de l’homme emprisonné Khurram Parvez. Parvez a été arrêté pour « terrorisme » et autres accusations en novembre 2021. Une « enquête a révélé que le JKCCS finançait des activités terroristes dans la [Kashmir] vallée et avait également été dans la propagation de l’agenda sécessionniste dans la vallée sous le couvert de la protection des droits de l’homme », a déclaré la NIA dans un communiqué mardi.

Irfan Mehraj était le rédacteur en chef fondateur de Wande Magazine et a travaillé avec le site Web TwoCircles.net. Il a produit des reportages pour plusieurs médias internationaux, dont Al Jazeera et Deutsche Welle. Cette arrestation est la dernière d’une série d’arrestations et de détentions de journalistes dans la région, témoignant d’une répression accrue de la liberté des médias. Le journaliste cachemiri Fahad Shah, qui dirigeait le site Web Kashmir Walla, a été arrêté en février dernier, tandis qu’Asif Sultan a passé plus de cinq ans en prison. Il avait été arrêté en vertu de la loi sur les activités illégales (prévention) ou UAPA, une loi en vertu de laquelle il est presque impossible d’obtenir une caution.

La répression de la liberté de la presse en Inde

Depuis 2019, le gouvernement nationaliste hindou indien a emprisonné plusieurs journalistes dans le cadre de sa répression croissante de la liberté des médias. Cette arrestation est « une indication alarmante de jusqu’où les autorités iront pour réprimer le journalisme indépendant », selon le Free Speech Collective, une organisation indépendante qui défend la liberté de la presse en Inde.

Amnesty India a appelé à la libération immédiate d’Irfan Mehraj, affirmant que l’arrestation dans le cadre d’une « affaire de financement du terrorisme » est « une parodie ». Le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Mary Lawlor, a appelé à la « libération immédiate » du journaliste et s’est dite « profondément préoccupée » par son arrestation. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme a déclaré que l’arrestation des journalistes comme Irfan Mehraj était « ciblée en représailles pour leur travail dénonçant les violations des droits humains ».

Les défenseurs des droits de l’homme et les militants sont soumis à des arrestations répétées en Inde. Les lois telles que l’UAPA permettent la désignation de tout individu comme « terroriste », contournant l’obligation d’établir une adhésion ou une association avec des groupes interdits. Les experts de l’ONU ont appelé le gouvernement indien à mettre fin aux représailles et à l’intimidation des militants et des organisations de la société civile, y compris ceux qui partagent des informations et des témoignages sur les violations des droits de l’homme avec les organes et mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies. La liberté de la presse et de la société civile sont essentielles pour une société démocratique et doivent être protégées et encouragées, non réprimées.

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