L’Iran intensifie la répression meurtrière dans les régions kurdes: des groupes de défense des droits


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Paris (AFP)- Les forces de sécurité iraniennes ont intensifié lundi la répression dans les régions peuplées de Kurdes de l’ouest de l’Iran, qui a tué une douzaine de personnes en 24 heures, tirant directement sur des manifestants et utilisant des armes lourdes, ont déclaré des groupes de défense des droits.

Les provinces peuplées de Kurdes de l’ouest et du nord-ouest de l’Iran sont des plaques tournantes de la contestation depuis la mort en détention en septembre de la femme kurde Mahsa Amini, 22 ans, qui avait été arrêtée par la police des mœurs à Téhéran.

Il y a eu des manifestations anti-régime particulièrement intenses dans plusieurs villes ces derniers jours, selon des groupes de défense des droits, largement déclenchées par les funérailles de personnes qui auraient été tuées par les forces de sécurité lors de manifestations précédentes.

Le groupe de défense des droits Hengaw, basé en Norvège, a déclaré que les forces iraniennes avaient bombardé dans la nuit de dimanche à lundi les villes de Piranshahr, Marivan et Javanroud, publiant des vidéos avec le bruit de coups de feu réels et ce qui semblait être le bruit sourd d’armes lourdes.

Dans une vidéo déchirante, selon Hengaw, de Javanroud, des habitants ont été vus en train de lutter pour retirer un corps de la rue sous une pluie de coups de feu.

Il a indiqué que 13 personnes avaient été tuées dans la région par les forces de sécurité au cours des dernières 24 heures, dont sept à Javanroud, quatre à Piranshahr et deux autres dans d’autres endroits.

Parmi les six personnes tuées par des tirs des forces de sécurité dimanche figurait Karwan Ghader Shokri, 16 ans, a déclaré Hengaw. Un autre homme a été tué lorsque les forces de sécurité ont tiré sur la foule alors que le corps de l’adolescent était amené à la mosquée, a-t-il ajouté.

L’AFP n’a pas pu vérifier dans l’immédiat le bilan.

Le moniteur Internet NetBlocks a tweeté lundi qu’il y avait « une perturbation majeure » des services Internet lors des nouvelles manifestations, avec « l’Internet mobile coupé pour de nombreux utilisateurs ».

Hengaw a déclaré qu’au milieu des « affrontements intenses » entre les manifestants et les forces de sécurité à Javanroud, il y avait maintenant une pénurie de sang pour les blessés dans ses hôpitaux.

Le Centre pour les droits de l’homme en Iran (CHRI), basé à New York, a décrit ce qui se passait à Javanroud comme un « massacre », avec « des coups de feu incessants, des images de personnes ensanglantées transportées en lieu sûr ».

Les ramifications des manifestations se sont fait sentir au Qatar, où l’équipe nationale iranienne a disputé son premier match, contre l’Angleterre. Les joueurs iraniens n’ont pas chanté leur hymne national et se sont plutôt tenus le visage de pierre, en signe de soutien apparent aux manifestations chez eux.

« Intensification de la violence »

La dernière violence s’est accompagnée d’une inquiétude persistante concernant la situation à Mahabad, où des groupes de défense des droits ont déclaré que les forces de sécurité avaient envoyé des renforts la veille pour imposer une répression.

« Très préoccupés par le fait que les autorités iraniennes auraient intensifié la violence contre les manifestants, en particulier dans la ville de Mahabad », a écrit le secrétaire d’État américain Antony Blinken sur Twitter.

Hengaw a publié des images montrant des forces de sécurité lourdement armées dans des véhicules se dirigeant de la ville de Sanandaj vers Mahabad et la ville voisine de Bukan.

Le groupe iranien des droits de l’homme (IHR), basé en Norvège, a également publié des images montrant que les forces de sécurité tiraient à balles réelles contre des manifestants à Piranshahr.

L’entrée de l’ambassade de Téhéran est recouverte de peinture rouge et d’empreintes de palmiers lors d’un rassemblement organisé par des expatriés iraniens pour soutenir les manifestations en Iran Étienne TORBEY AFP/Dossier

Il a également montré la mère désemparée de Shokri, l’adolescente tuée dimanche, se prosternant sur son cadavre alors qu’il était emmené pour l’enterrement.

« Mère, ne pleure pas. Nous nous vengerons », ont scandé les personnes en deuil en kurde, a déclaré le groupe de défense des droits.

Le directeur d’IHR, Mahmood Amiry-Moghaddam, a publié une vidéo montrant des manifestants blessés gisant dans la rue à Javanroud, entourés par le bruit constant des coups de feu.

« Ils intensifient la violence contre les citoyens sans défense », a-t-il écrit sur Twitter.

Des personnes sont également descendues dans les rues de Kermanshah, une capitale provinciale peuplée de Kurdes, scandant « Mort au (chef suprême, l’ayatollah Ali) Khamenei », selon une autre vidéo publiée par IHR.

Les forces de sécurité iraniennes ont tué au moins 378 personnes depuis le début des manifestations, a indiqué samedi un bilan de l’IHR.

Les manifestations déclenchées par la mort d’Amini sont devenues le défi le plus sérieux lancé au régime iranien depuis la révolution de 1979.

Les analystes ont noté que la violence des forces de sécurité a simplement déclenché davantage de manifestations, avec de grandes foules se rendant aux funérailles et aux cérémonies de deuil « chehelom » de 40 jours.

Les Kurdes constituent l’un des groupes ethniques minoritaires non persans les plus importants d’Iran et adhèrent généralement à l’islam sunnite plutôt qu’au chiisme dominant dans le pays.

Lundi, dans la province du Sistan-Baloutchistan, dans le sud-est du pays, un policier a été tué et un autre blessé par des « criminels » tirant depuis une voiture dans un village de Zahedan, a déclaré le chef de la police provinciale, le général Mohammad Ghanbari, à l’agence de presse Fars.

L’Iran a également renouvelé ses frappes transfrontalières de missiles et de drones dans la nuit de lundi à lundi en Irak voisin contre des groupes d’opposition kurdes qu’il accuse d’avoir attisé les manifestations.

Les dernières frappes iraniennes ont également eu lieu un jour après que la Turquie a effectué des raids aériens contre des militants kurdes interdits au Kurdistan irakien et dans le nord de la Syrie.



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