L’opposition française vante la sortie du marché européen de l’électricité


La France devrait abandonner l’idée d’un marché européen de l’électricité et nationaliser entièrement le géant de l’énergie EDF, car la hausse des coûts de l’électricité serait mieux gérée avec un service public de l’énergie plus intégré, selon certains membres de l’opposition parlementaire.

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La France a annoncé en juillet son intention de recapitaliser le géant de l’énergie EDF, tandis que certains, principalement dans l’opposition, ont appelé à sa nationalisation.

Cependant, ces voix se sont fait plus fortes depuis que le rapporteur spécial de la commission des finances, le député du Parti socialiste Philippe Brun de l’alliance de la gauche radicale NUPES, a publié un rapport accablant lundi 14 novembre.

L’annonce que le gouvernement recapitalisera entièrement EDF, plutôt que de la nationaliser totalement, signifie que l’entreprise peut encore scinder ses activités, qu’il s’agisse du nucléaire ou d’autres énergies renouvelables par exemple. La nationalisation, qui nécessite l’approbation du Parlement, y compris sur les activités, permettrait cependant à EDF de ne plus faire face à la concurrence sur le marché français de l’électricité.

S’appuyant sur des notes du ministère de l’Economie, le rapport pointe un transfert vers le secteur privé qui pourrait concerner « environ 30% des activités liées à la transition énergétique » – ce à quoi s’oppose le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

Avant même la publication du rapport, Brun avait appelé à la nationalisation d’EDF, arguant qu’elle éviterait « la désintégration du [EDF] groupe » et « la désintégration du service public », et notant qu’il recevrait le soutien de tous les partis d’opposition.

« Je peux affirmer avec certitude qu’il y a une majorité [of MPs] en faveur d’un projet de loi de nationalisation », a-t-il déclaré à EURACTIV France.

Le soutien unanime vient également des industriels de sa circonscription, a-t-il ajouté.

Un service public de l’énergie intégré

La régulation du marché des prix de l’électricité, telle que proposée par la Commission européenne depuis 1996, n’est plus viable dans les circonstances, selon Brun, qui s’interroge également sur la pertinence d’un marché européen de l’énergie dans un contexte de hausse des prix.

La sénatrice communiste Céline Brulin s’est également déclarée favorable à ce que la France ait un service public intégré de l’énergie.

« La situation [high electricity prices] montre les limites du libéralisme des prix », a-t-elle déclaré à EURACTIV France.

« Même les libéraux les plus fervents le reconnaissent », a-t-elle reconnu, faisant référence aux sénateurs de la majorité du parti plus traditionnellement libéral-conservateur Les Républicains (LR).

C’est ce qu’a d’ailleurs reconnu Olivier Marleix, le président du groupe LR à l’Assemblée nationale.

« Il n’est pas interdit de réfléchir aux conséquences d’une mondialisation en mutation », a déclaré Marleix à EURACTIV France tout en défendant les vertus d’une économie de marché.

Le gouvernement français lance une offre publique d’achat pour contrôler entièrement EDF

La nationalisation du géant français de l’énergie EDF est sur le point d’être achevée après que le gouvernement a annoncé mardi 19 juillet le lancement d’une offre publique d’achat visant à acheter les 16 % restants de l’entreprise – une décision que l’opposition craint d’être sanctionnée par l’UE .

Réforme du marché de l’électricité de l’UE

La France doit ainsi « tirer les leçons de l’échec de la politique européenne de l’énergie », a déclaré le président du groupe LR.

Il s’agirait d’amener « la Commission européenne à revoir le calcul des prix de la production nationale d’électricité, quitte à conserver un marché spot pour les importations » – point d’accord entre le libéral-conservateur Marleix et ses collègues de gauche.

La nationalisation d’EDF nécessiterait également de relancer l’industrie nucléaire du pays, ce à quoi le gouvernement, et même les communistes et l’extrême droite sont favorables.

Mais pour cela, il faut remettre EDF « sur la table et recréer un monopole français de l’électricité », a déclaré le 21 juillet le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy.

En somme, il s’agirait de revenir à un système sans concurrence et de réaffirmer la position d’EDF, qui serait alors en mesure de répondre à l’ensemble de la demande d’électricité du pays, notamment grâce à son parc nucléaire lorsqu’il est à flot.

L’opposition au nucléaire

Du côté des Verts, c’est pourtant justement la production nucléaire d’EDF qui rend discutable un service public de l’énergie centré sur ses activités.

« Personne ne voudra s’en mêler au sein du parti », selon une source au sein d’Europe Écologie Les Verts (EELV).

« EDF est LA chose que nous aimons détester depuis 40 ans », a ajouté la source. Mais si l’entreprise s’engageait finalement à ne pas continuer avec l’énergie nucléaire, nous pourrions ostensiblement les soutenir », a admis la source.

Pour l’instant, le gouvernement a plutôt prévu d’augmenter la production nucléaire puisqu’il a récemment déposé un projet de loi à cet effet.

Dans les rangs de la majorité présidentielle, on note aussi une volonté de renforcer la position d’EDF qui est aujourd’hui le premier producteur d’électricité en Europe.

Le rapport de Brun critiquant les projets du gouvernement de diviser les activités « a même reçu quelques compliments de la majorité officieusement », a déclaré une source parlementaire.

Suite à la publication du rapport, le ministère de l’Economie a réaffirmé qu’il n’y avait pas d’« agendas cachés » derrière la recapitalisation d’EDF.

[Edited by Davide Basso/Nathalie Weatherald]

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