La Russie conditionne un cessez-le-feu en mer Noire à un assouplissement des sanctions agricoles, ce que l’UE refuse catégoriquement. Les tensions persistent entre Kiev et Moscou, qui s’accusent mutuellement de violations d’accords. L’UE insiste sur le retrait inconditionnel des forces russes comme préalable à toute modification des sanctions. Parallèlement, des discussions continuent pour un cessez-le-feu limité, tandis que les deux pays se renvoient des accusations concernant des attaques sur des infrastructures énergétiques.
La Russie impose ses exigences pour un cessez-le-feu en mer Noire, demandant un assouplissement des sanctions, mais l’UE s’y oppose fermement. Pendant ce temps, Kiev et Moscou se blâment mutuellement pour la violation d’un nouvel accord.
L’Union européenne refuse de lever les sanctions agricoles contre la Russie, une condition que Moscou a posée pour accepter un cessez-le-feu en mer Noire.
« Nous prenons note des propositions visant à garantir une navigation sécurisée et à mettre fin aux attaques contre les infrastructures énergétiques en Ukraine et en Russie », a déclaré une porte-parole de la haute représentante de l’UE, Kaja Kallas, à Bruxelles. Elle a ajouté que la Russie doit démontrer une réelle volonté politique pour mettre fin à son agression illégale. L’UE est prête à soutenir les étapes suivantes en collaboration avec l’Ukraine, les États-Unis et d’autres partenaires.
Une autre porte-parole de la Commission européenne a souligné que la cessation de l’agression russe et le retrait inconditionnel des forces russes de l’ensemble du territoire ukrainien étaient des conditions essentielles pour envisager une modification ou une levée des sanctions.
Les deux pays, la Russie et l’Ukraine, affichent un désir de ne plus attaquer de navires en mer Noire.
Analyse des conditions posées par la Russie
Selon des informations de l’agence de presse allemande dpa, les conditions mises en avant par Moscou pour la mise en œuvre de l’accord n’ont probablement pas été discutées avec l’administration du président américain. Elles pourraient avoir pour but de ralentir les efforts de cessez-le-feu en Ukraine.
Au sein de l’UE, il a été souligné que toute mesure prise devait avant tout servir les intérêts de l’Ukraine. Un assouplissement des sanctions pourrait être envisagé si cela favorisait une solution pacifique qui soit acceptable pour l’Ukraine.
Cependant, les premiers progrès convenus entre les États-Unis et la Russie restent encore à être clarifiés.
Appel à un cessez-le-feu sans conditions
Le gouvernement allemand ne voit aucune initiative européenne actuelle visant à lever les sanctions contre la Russie. En réponse à la demande de Moscou, qui souhaite que les banques russes retrouvent l’accès au système de règlement international Swift avant un cessez-le-feu, le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit, a précisé que l’UE avait exclu ces banques en raison de l’invasion de l’Ukraine. « Si cela devait changer, cela nécessiterait une discussion et une décision par les chefs d’État européens. Je ne peux pas reconnaître une telle initiative pour le moment », a-t-il déclaré.
La ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a exhorté Moscou à ne pas conditionner le cessez-le-feu.
Les Ukrainiens demeurent sceptiques quant aux négociations sur le cessez-le-feu, doutant de la volonté de Poutine de tenir ses promesses.
Accusations réciproques sur les attaques énergétiques
En parallèle des discussions sur un cessez-le-feu en mer Noire, Vladimir Poutine et le président américain ont annoncé un cessez-le-feu de 30 jours concernant les infrastructures énergétiques. Cependant, ce dernier semble n’avoir pas encore été appliqué. Kiev et Moscou s’accusent mutuellement de continuer à attaquer ces infrastructures.
La Russie a récemment déclaré avoir abattu neuf drones, dont deux au-dessus de la mer Noire, tout en affirmant qu’une tentative ukrainienne d’attaquer une installation gazière en Crimée occupée avait eu lieu. Aucun dommage n’a été rapporté. L’Ukraine, de son côté, a démenti ces allégations, affirmant qu’aucune attaque n’avait eu lieu les 25 et 26 mars.
Parallèlement, l’Ukraine a accusé la Russie d’avoir attaqué au moins huit infrastructures énergétiques depuis le 18 mars, comme l’a rapporté Ihor Schowka, conseiller du président Zelensky. Toutefois, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé que la suspension des attaques sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes, ordonnée par Poutine, était respectée.
Des discussions se poursuivent en Arabie Saoudite concernant un cessez-le-feu limité dans le cadre de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Reconnaissance des États-Unis par les deux parties
Peskov a également salué la coopération renforcée avec les États-Unis lors des récentes négociations. Grâce à ces « contacts intensifs », un accord rapide a été atteint pour éviter le bombardement des infrastructures énergétiques. Même si l’Ukraine, selon Peskov, n’est pas prête à des accords, il reste crucial de respecter ce cessez-le-feu partiel. « C’est un bon progrès grâce aux relations constructives établies avec le côté américain, et nous devons continuer sur cette voie », a déclaré Peskov à l’agence de presse Interfax.
Kiev a également mis en avant l’amélioration de ses relations avec les États-Unis. D’après Andrij Jermak, chef de cabinet du président Zelensky, les deux parties sont « de nouveau sur la bonne voie ». Deux séries de discussions sur un cessez-le-feu ont permis à l’Ukraine de montrer sa volonté de collaborer avec le président américain pour mettre fin à ce conflit qui dure depuis trois ans.
Cela contraste avec la stratégie russe, qui semble lier un accord de paix à des conditions, comme l’a souligné Jermak dans une interview avec Reuters. « Je pense que nous avons de grandes discussions avec les Américains », a-t-il déclaré.