Lützerath est une scène de crime à combustible fossile. Mais les militants du climat sont traités comme des criminels


Martin Kaiser est directeur exécutif de Greenpeace Allemagne.

Le week-end dernier, 35 000 personnes de tous horizons se sont rassemblées pour défendre le village allemand de Lützerath.

Même après l’expulsion brutale des militants qui occupent les lieux depuis plus de deux ans, de nombreux autres se sont montrés solidaires pour empêcher le géant de l’énergie RWE de détruire davantage cette petite communauté.

L’entreprise de combustibles fossiles veut démolir le village pour agrandir sa mine de charbon, Garzweiler, qui est déjà l’une des plus grosses bombes à carbone d’Europe.

Sous Lutzerath se trouve 280 millions de tonnes de charbon de lignite, la source d’énergie la plus dommageable pour le climat. Et y accéder, c’est exproprier la propriété de tout un village – ce qui a déjà été fait.

C’est aussi rendre impossible pour Allemagne de rester dans les limites de son budget carbone restant compatible avec 1,5 °C, ce qui menace sérieusement l’objectif fixé dans l’Accord de Paris de maintenir la hausse de la température mondiale en dessous de 1,5 °C. Même si l’Allemagne n’a pas besoin de ce charbon pour assurer son approvisionnement énergétique.

L’histoire de Lützerath s’est jouée d’innombrables fois ailleurs

Alors pourquoi l’entreprise insiste-t-elle pour extraire du charbon du sol et étendre ses opérations ? Parce que c’est possible. En dépit d’être immoral et illégitime, c’est légal et c’est toujours rentable.

RWE sera coresponsable de l’intrusion dans le 1.5°C limite et tous les impacts climatiques dévastateurs et les violations des droits de l’homme qui accompagnent une escalade de la crise climatique. Et ce qui est terrible, c’est que RWE n’est pas l’exception, mais la règle.

Les entreprises de combustibles fossiles sont responsables d’innombrables déversements de pétrole et d’émissions de méthane. ExxonMobil et TotalEnergies connaissent depuis des décennies l’impact de leurs activités sur le climat. Il y a des allégations de complicité dans la violence contre ExxonMobil en Indonésie.

Les entreprises de combustibles fossiles polluent et détruisent la vie des gens depuis le tout début de leur existence. Nous devons appeler ces actes ce qu’ils sont : des crimes.

La crise climatique est enracinée dans une répartition injuste du pouvoir, qui est entre les mains des 1% les plus riches qui font de leurs profits la priorité absolue. Seules 100 entreprises sont responsables de plus de 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Et loin de travailler pour le bien commun, l’industrie des combustibles fossiles investit beaucoup d’argent dans pression et annonces augmenter la consommation de combustibles fossiles.

Cette industrie est le problème, pas une partie de la solution. Il se battra jusqu’au bout pour extraire le dernier morceau de charbon, de gaz et de pétrole. Et les gouvernements en sont trop souvent complices. L’Observatoire de l’Europe des entreprises a révélé la fréquence à laquelle les employés passent de l’industrie au gouvernement et comment les entreprises ont un accès privilégié aux décideurs.

Mais le mouvement climatique riposte

D’autre part, des personnes, des mouvements et des organisations environnementales contestent le pouvoir de ces entreprises. Lützerath est devenu un exemple particulièrement inspirant de la lutte courageuse contre les crimes commis par l’industrie des combustibles fossiles et de la lutte pour un monde juste et pour la justice climatique.

35 000 personnes ordinaires en Europe ont répondu à l’appel des militants à venir à Lützerath pour défendre le village. Ironie du sort, ces défenseurs pacifiques et non violents de la vie sont traités comme des criminels, expulsés de force du village ; certains auraient été battus et aspergés de gaz poivré par la police.

Il y a des communautés comme Lützerath partout dans le monde qui s’opposent aux atrocités commises par l’industrie des combustibles fossiles : les Pipeline de pétrole brut d’Afrique de l’Estceux de Vaca Muerta, en Argentine, qui résistent à la fracturation hydraulique, les Adivasis en Inde qui se battent pour sauver les dernières étendues de forêt ancienne, les guerriers autochtones d’Amérique du Nord qui résistent aux pipelines… Greenpeace se tient aux côtés des innombrables militants et communautés de première ligne à travers le monde qui luttent vaillamment pour sauver notre planète, la maison de tous les êtres vivants.

Le mouvement pour la justice climatique se développe, car les gens en ont assez des activités criminelles de l’industrie des combustibles fossiles. Il est temps d’arrêter ces entreprises et de les tenir responsables.



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