« Madame la Première ministre » – Le bâtisseur de ponts français se rend à Berlin


Paris Le président Emmanuel Macron enverra vendredi sa Première ministre Élisabeth Borne à Berlin. La femme de 61 ans rend sa visite inaugurale au chancelier Olaf Scholz et rencontre le vice-chancelier Robert Habeck. Pas facile diplomatiquement : c’est censé cimenter la relation franco-allemande.

Dans les cercles de leur siège officiel à Matignon, on disait que « l’enthousiasme pour renforcer les relations entre la France et l’Allemagne » était important dans le contexte de la guerre d’Ukraine. C’est censé te mettre de bonne humeur. Récemment, il y a eu des tensions évidentes entre les partenaires en raison d’un manque de communication et d’attitudes différentes sur les questions d’énergie et de défense. Fin octobre, même le Conseil des ministres franco-allemand est ajourné. La réunion doit être reportée en janvier.

Pour la première fois depuis plus de 30 ans, depuis l’entrée en fonction d’Edith Cresson, une femme est à la tête du gouvernement français. Lorsque Macron a été élu pour la deuxième fois au printemps, il a promis un renouvellement. Avec une femme à la tête du gouvernement, il a envoyé un signal.

Après deux premiers ministres issus du camp conservateur, c’est une femme politique issue de l’aile gauche du parti de Macron. Elle est considérée comme loyale et a une expérience gouvernementale, une « technocrate », écrit le quotidien Le Figaro. D’autres images ont également été essayées : « Couteau suisse », par exemple, si polyvalent. Ou celui du bâtisseur de ponts.

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Le Borne sobre et pragmatique pourrait mieux s’entendre avec Scholz que le président, initialement décrit comme le « Jupiter » tout-puissant. Des confidents ont expliqué qu’elle ne manquait en aucun cas de courage, qu’elle avait la main à la pâte. Borne est exigeante, c’est pourquoi ses employés l’appellent parfois « Borne out ».

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Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée et le plus proche confident de Macron, l’a recommandée. Il a déclaré au journal Le Monde : « Partout où elle est allée, elle a laissé son empreinte de réforme. » L’ancien Premier ministre Edouard Philippe l’a félicitée pour son intelligence et sa détermination. « Elle trouve le moyen d’atteindre le but. »

Elle vient des socialistes, a travaillé sous le Premier ministre socialiste Lionel Jospin et défend une politique économique sociale. Sous Macron, elle a occupé plusieurs postes ministériels.

Borne a gravi les échelons

Née à Paris, Borne a gravi les échelons. Elle a perdu son père tôt et a grandi dans des circonstances difficiles sous la tutelle de l’État, mais a quand même fréquenté des écoles d’ingénieurs d’élite.

Elle a été présidente de la RATP et s’est ainsi recommandée en 2017 comme ministre des Transports, puis de l’Environnement et du Travail. Lorsqu’elle a pris ses fonctions, elle a déclaré qu’elle défendait la justice sociale et l’égalité des chances – et a exigé qu’on l’appelle « Madame la Première ministre ».

>>> Lire ici : Thérapie de couple : Paris et Berlin planchent sur une meilleure relation

Elle a prouvé sa ténacité : en tant que ministre des Transports, elle a fait passer la réforme des chemins de fer et a aboli les privilèges des cheminots. En tant que ministre du Travail, elle était chargée de réformer le marché du travail. Elle explique sobrement sa méthode : « J’étais ingénieur, préfet et entrepreneur. Je crois aux résultats, pas aux étiquettes.

Parfois, elle apparaît comme un peu stricte et lycéenne. Un confident de l’Elysée à son sujet : « Elle travaille, elle livre ce qu’on lui demande. » Des langues en colère disent que Macron, qui « aime le steak et le vin », s’ennuie avec l’austère jogger. Elle réagit froidement, affirmant qu’elle a « la confiance » du président.

La mère divorcée d’un fils est discrète sur sa vie privée. Elle n’a parlé que du drame de son enfance : le suicide de son père alors qu’elle avait onze ans, un résistant juif déporté à Auschwitz et qui a pu s’évader.

Elle doit maintenant prouver sa capacité à dialoguer à Berlin

Elle a gagné le respect de ses pairs pour son calme. Elle ne se laisse pas provoquer par des propos du type « elle parle comme un GPS » et n’était qu’un « Plan B », une solution d’urgence pour Macron.

Avant cela, sous le Premier ministre Jean Castex, Macron avait tout usurpé. Borne a réussi à se mettre sous les feux de la rampe – sans éclipser Macron. Elle valorise le dialogue et recherche des compromis politiques, alors qu’en France il y a peu de volonté de le faire. Elle a donc poussé à une grande concertation avec les partenaires sociaux avant le projet de réforme des retraites pour dissiper tout malentendu.

Elle doit maintenant prouver sa capacité à dialoguer à Berlin. Il s’agit de questions telles que la réponse de l’Europe au programme américain de subventions Inflation Reduction Act (IRA), qui prévoit des milliards de dollars de financement pour les technologies respectueuses du climat, la solidarité entre la France et l’Allemagne dans les approvisionnements mutuels en énergie et les énergies renouvelables.

En France, le premier ministre est toujours une sorte de paratonnerre pour le président. Si Borne parvient à créer une dynamique positive, le point revient à Macron. Si elle échoue, c’est de sa faute.

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Suite: Habeck annonce une « forte réponse » de l’Europe aux subventions américaines



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