Peter Magyar, leader de l’opposition hongroise, déclare « C’est fini » face à Viktor Orban, marquant une montée significative de son parti Tisza dans les sondages, le plaçant en tête, même si l’avance est mince. Magyar a rapidement gagné en notoriété depuis ses débuts politiques, dénonçant la corruption et l’économie défaillante de la Hongrie. Bien qu’il soit le principal défi à Orban, Magyar doit encore développer une stratégie solide et s’allier avec d’autres partis pour peser véritablement lors des futures élections.
« C’est fini ». C’est le slogan optimiste du nouveau leader de l’opposition hongroise, Peter Magyar. Il l’a lancé récemment à Viktor Orban, lors de leur première rencontre au Parlement européen depuis que Magyar a fait irruption sur la scène politique en février. Ce message a résonné de nouveau quand deux sondages ont révélé que son parti, Tisza, était en tête des voix nationwide, surpassant le Fidesz d’Orban.
Dans les deux enquêtes, l’avance de Tisza est de seulement deux points de pourcentage, ce qui tombe dans la marge d’erreur, mais cela représente tout de même une sensation : pour la première fois depuis près de deux décennies, un autre parti a pris les devants.
Magyar est donc devenu le principal rival d’Orban. À 43 ans, il avait déjà créé la surprise en atteignant 30 % des voix lors des élections européennes, avec un parti nouvellement enregistré. Depuis, il a réussi à resserrer l’écart avec le Fidesz et a désormais réussi à le dépasser.
Magyar en pointe contre Orban
Bien qu’il ait encore un seul mandat au Parlement européen, Magyar s’affiche comme le leader des forces d’opposition. Son ascension a pratiquement effacé la plupart des partis d’opposition modérée. Ce phénomène pourrait modifier l’équilibre politique, les sondages montrant une tendance des électeurs mécontents du Fidesz à se tourner vers Tisza. Le soutien au parti au pouvoir a chuté depuis les dernières législatives il y a deux ans, et il a même enregistré son plus bas score depuis le retour d’Orban au pouvoir en 2010 lors des élections européennes.
Cette désaffection est alimentée par une série de scandales au sein du gouvernement, une économie en difficulté avec une inflation dépassant parfois les 25 % et une certaine lassitude envers le gouvernement Orban. Contrairement à l’ancienne opposition, qui avait un soutien principalement urbain, Magyar, se définissant comme national-conservateur, parvient à attirer les électeurs des fiefs du Fidesz à la campagne.
Ancien membre du Fidesz et ayant occupé des postes importants dans le système d’Orban, Magyar a décidé de rompre avec ce même système à la suite d’un événement tragique : la disgrâce de son ex-femme, Judit Varga, ministre de la Justice. Elle a été impliquée dans un scandale de grâce lié à une affaire de pédophilie qui a soulevé l’indignation en Hongrie.
Depuis ce moment, Magyar milite contre la corruption et le népotisme, déplorant ce qu’il qualifie de déclin de son pays, dont Orban est à ses yeux responsable. Selon lui, vingt ans après l’adhésion à l’UE, la Hongrie est devenue la nation la plus pauvre et la plus corrompue de l’Union.
Magyar utilise habilement les réseaux sociaux pour faire passer ses messages. Cet été, il a visité des hôpitaux, montrant que même dans les salles d’opération, les climatiseurs étaient hors service, avec des températures atteignant les 30 degrés. Dans un autre acte de solidarité, il a aidé à empiler des sacs de sable lors des crues du Danube, avant même que le gouvernement ne réagisse. Malgré un paysage médiatique largement contrôlé, Magyar a su mettre en avant des sujets cruciaux, défiant ainsi l’autorité d’Orban.
Orban réagit face à sa menace
Le Premier ministre, qui a longtemps minimisé son adversaire en le qualifiant de « problème interne à la gauche », commence à prendre Magyar au sérieux, comme l’illustre la couverture médiatique des proches du gouvernement. Lors d’un discours marquant le soulèvement de 1956, Orban a comparé l’Union européenne à l’ancienne domination soviétique, indiquant que Bruxelles chercherait à imposer un régime de marionnettes en Hongrie. Bien qu’il n’ait pas nommé Magyar, son message était clair.
Cette déclaration souligne la reconnaissance indirecte de la menace que représente Magyar. Il reste cependant à voir s’il parviendra à poser un véritable défi à Orban lors des élections à venir. Magyar doit encore clarifier ses positions et trouver des soutiens politiques. La loi électorale en faveur du Fidesz impose des collaborations avec d’autres partis d’opposition, principalement de gauche, ce qui complique la tâche de ce conservateur centré