Le métier de chaudronnier en Tunisie : une tradition qui perdure
La veille du ramadan est une période chargée pour les chaudronniers tunisiens, y compris Chedli Maghraoui, qui a l’habitude de redonner son éclat aux ustensiles de cuisine préférés des familles avant le début du mois sacré du ramadan.
Le ramadan est un mois saint pour les musulmans, qui y voient l’occasion de se rapprocher de Dieu et de se purifier. Pendant cette période de jeûne, la nourriture revêt une grande importance et les plats traditionnels sont préparés avec soin. Les articles de cuisine en métal, tels que les pots à couscous et les services à thé, sont particulièrement valorisés.
Chedli Maghraoui, un artisan de 69 ans qui travaille seul dans son atelier de la Médina de Tunis, est une figure bien connue dans sa communauté pour son talent à remettre à neuf les pièces en métal. Il utilise une méthode connue sous le nom d’étamage à chaud, qui consiste à enduire le cuivre d’une fine couche d’étain pour prévenir l’oxydation du métal. Les pots brilleront comme neufs après son travail.
Les femmes tunisiennes reçoivent souvent des cadeaux en cuivre ou en cuivre blanc lorsqu’elles se marient, ou héritent des objets de leurs mères. Beaucoup apportent leurs objets de famille bien-aimés à Chedli Maghraoui pour les protéger un peu plus longtemps. Cette tradition rappelle de bons souvenirs à Sana Boukhris, une comptable de 49 ans : « Il y a une bénédiction dans ces choses que j’ai héritées de ma mère. »
Cependant, tandis que la tradition perdure, la vie devient de plus en plus difficile pour les Tunisiens en raison de l’inflation et du chômage élevé. Il devient donc plus difficile pour les ménages de permettre des coûts supplémentaires tels que le repolissage de leurs articles de cuisine. « Tout est devenu si cher », se plaint Dalila Boubaker, une femme au foyer.
Le métier de chaudronnier tire également sa révérence. Abdejlil Ayari, un habitant de la Médina qui a travaillé comme chaudronnier pendant 48 de ses 60 ans, dit que la préparation du Ramadan est toujours intense. « Les gens se préparent à faire traiter leurs ustensiles de cuisine avant le ramadan, alors… la cuisine a l’air bien et les femmes apprécient leurs casseroles », dit-il. Cependant, il s’inquiète du fait que peu de jeunes veuillent suivre ses traces.
Maghraoui, qui a acheté son atelier il y a 20 ans à quelqu’un qui en avait hérité mais qui n’en voulait pas, partage la même préoccupation. « Chaque décès parmi mes collègues est une perte pour cette profession et un pas vers sa disparition », déplore-t-il. Les jeunes d’aujourd’hui veulent un travail facile et ne sont pas intéressés par un travail aussi difficile que celui de chaudronnier.
Le marché du cuivre, situé au cœur de la Médina, propose une grande variété de cafetières, de théières, de brûle-parfums et de tasses reconditionnés. La demande est tellement forte que les magasins ne prennent plus de commandes. Mabrouk Romdhane, 82 ans, propriétaire de trois boutiques sur le marché, ne peut plus répondre à toutes les demandes.
Il est important de noter que le métier de chaudronnier est considéré comme un élément clé du patrimoine tunisien et qu’il contribue au développement économique de la région. Les artisans locaux sont des ambassadeurs de la culture tunisienne, et il est essentiel de préserver leurs compétences pour les générations futures.
En conclusion, le métier de chaudronnier en Tunisie est bien plus qu’un simple travail manuel. Il est profondément enraciné dans la culture et la tradition de la région. Bien que les temps soient difficiles pour les artisans, il est important que leur travail continue d’être apprécié et que les compétences soient transmises aux générations futures.
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