Radu Jude explore l’ironie sociale dans sa comédie absurde ‘Kontinental ’25’, concurrent de l’Ours d’or à Berlin

Radu Jude explore l'ironie sociale dans sa comédie absurde 'Kontinental '25', concurrent de l'Ours d'or à Berlin

Radu Jude présente « Kontinental ’25 » à la Berlinale, un film qui explore la crise morale d’Orsolya, une huissière, après le suicide d’un sans-abri. À travers sa quête de rédemption, le réalisateur aborde des thèmes tels que le relativisme moral et la crise du logement en Roumanie, tout en critiquant le capitalisme post-socialiste. Le film, tourné sur iPhone en dix jours, mêle drame et comédie, et rend hommage à « Europe ’51 » de Rossellini.

Radu Jude revient avec « Kontinental ’25 » à la Berlinale

Quatre ans après avoir remporté l’Ours d’or pour sa satire audacieuse « Bad Luck Banging or Loony Porn », le cinéaste roumain Radu Jude fait son retour au festival de Berlin avec son dernier film, « Kontinental ’25 », qui sera présenté en première le 19 février dans la compétition officielle.

Une exploration de la moralité et de la société roumaine

Le long-métrage suit le parcours d’Orsolya (Eszter Tompa), une huissière confrontée à une crise morale après le suicide d’un homme sans-abri qu’elle tentait d’expulser. Tourmentée par un sentiment de culpabilité, elle cherche des moyens d’apaiser sa conscience, tout en se heurtant à son besoin croissant de validation externe.

Comme on peut s’y attendre de l’un des cinéastes les plus provocateurs, la quête de rédemption d’Orsolya aborde des questions plus vastes, telles que le relativisme moral, l’économie post-socialiste et la crise du logement en Roumanie. Jude interroge comment une femme ordinaire comme Orsolya réagit à ces enjeux sociétaux majeurs, ce qui constitue sans doute la question centrale du film.

Dans les mots de Jude, « Quand nous remettons en question nos propres réactions face aux tragédies, nous découvrons souvent une touche de ridicule. » Il souligne l’absurdité des comportements humains, notamment ceux qui expriment leur indignation sur les réseaux sociaux tout en se livrant à des activités banales. « Ce n’est pas tant une satire qu’une réflexion sur la complexité des émotions humaines, » ajoute-t-il.

Bien que Jude se concentre sur des thèmes universels, « Kontinental ’25 » est avant tout un portrait de la Roumanie contemporaine. Avec un regard critique sur le capitalisme et la transition post-socialiste, il explore les défis auxquels le pays fait face aujourd’hui, notamment l’effondrement de l’ordre social et les souffrances des citoyens laissés pour compte.

Les événements récents en Roumanie, y compris l’élection d’un candidat d’extrême droite, ajoutent une couche d’ironie à la situation. Jude note que le pays était autrefois présenté comme un modèle de démocratie, et aujourd’hui, il semble imiter des tendances inquiétantes. « Nous imitions cette grande démocratie qui vient d’élire une bande de fous fascistes, » observe-t-il.

Orsolya, dans « Kontinental ’25 », se retrouve piégée par les complexités de la vie, illustrant la confusion qui règne face aux tragédies. Jude admet qu’il partage cette perplexité et que le film vise à refléter cette incertitude.

Le film rend hommage à « Europe ’51 » de Roberto Rossellini, en suivant une femme en quête de rédemption. Cependant, la vision de Jude est ancrée dans un contexte contemporain, mêlant comédie et drame, qu’il décrit comme une caricature moderne de l’œuvre de Rossellini.

Réalisé avec des moyens réduits, « Kontinental ’25 » a été tourné sur un iPhone en seulement 10 jours, un processus que Jude trouve libérateur. Actuellement, il est en post-production de son prochain film « Dracula », qu’il espère être le « total opposé » de son œuvre en compétition à Berlin. « Si ‘Kontinental ’25’ est ma réponse à Rossellini, disons que ‘Dracula’ est ma lettre d’amour à Ed Wood, » conclut-il.