Raisi rejette l’engagement de Biden de « libérer l’Iran » après une vague de protestations


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Paris (AFP)- Le président iranien Ebrahim Raisi a rejeté vendredi l’engagement du dirigeant américain Joe Biden de « libérer l’Iran » alors que le régime des mollahs faisait face à une nouvelle recrudescence des manifestations sept semaines après le début du mouvement anti-régime.

Les manifestations ont commencé après la mort de Mahsa Amini qui avait été arrêtée par la police des mœurs. Par leur ampleur, leur propagation à l’échelle nationale et leur nature anti-régime, les manifestations sont devenues le plus grand défi de la rue aux autorités depuis la révolution de 1979.

En campagne pour les élections de mi-mandat aux États-Unis, Biden avait déclaré : « Ne vous inquiétez pas, nous allons libérer l’Iran. Ils vont se libérer très bientôt. »

Mais Raisi a répondu en disant: « Le grand peuple d’Iran ne s’inclinera pas devant vous ».

« Nos hommes et nos femmes – nos jeunes hommes et nos jeunes femmes sont déterminés et nous ne vous permettrons jamais de réaliser vos désirs sataniques », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement commémorant la prise de contrôle de l’ambassade américaine à Téhéran en novembre 1979 par des étudiants.

« L’ennemi vise aujourd’hui notre solidarité et notre unité nationale, notre sécurité, notre paix et notre détermination », a déclaré Raisi.

« Radicalisation des manifestations »

Les problèmes du système iranien dirigé par le chef suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, 83 ans, sont aggravés par la tradition d’organiser des cérémonies de deuil 40 jours après un décès – connu sous le nom de « chehelom » – ce qui signifie que chaque décès peut déclencher de nouvelles manifestations six semaines plus tard.

L’une des plus grandes actions de protestation a eu lieu jeudi dans la ville de Karaj, à l’extérieur de Téhéran, où des manifestants ont marqué la mort de Hadis Najafi, 22 ans, en septembre.

Des images sur les réseaux sociaux montraient une longue colonne de manifestants marchant sur une autoroute puis affrontant les forces de sécurité qui ont riposté par des tirs à balles réelles.

Plusieurs manifestants ont eux-mêmes attaqué la police, selon des images publiées par le moniteur 1500tasvir, avec un poste de patrouille de police incendié et des pierres lancées dans une voiture où des agents éclaboussés de sang ont été piégés.

Un membre de la force paramilitaire iranienne Basij et deux autres personnes non identifiées ont été tués, et 10 policiers et un religieux ont été blessés jeudi lors des affrontements à Karaj, ont indiqué les médias officiels.

Il n’y avait aucune indication immédiate de victimes parmi les manifestants. Certains sur les réseaux sociaux ont exprimé leur malaise face à leurs tactiques.

« La république islamique est responsable de la radicalisation des manifestations et de la répression violente des manifestants », a déclaré Saeid Golkar, professeur adjoint à l’Université du Tennessee à Chattanooga.

« Les gens ne font que réagir à la répression brutale de l’Etat », a-t-il déclaré à l’AFP.

Un grand nombre de personnes ont également crié des slogans anti-gouvernementaux lors d’un rassemblement commémoratif pour le manifestant Mahsa Mugoi à Fouladshahr à l’extérieur de la ville d’Ispahan, a déclaré 1500tasvir.

Des images de la ville septentrionale de Tabriz montraient des manifestants chassant les forces de sécurité.

L’État a répondu à la vague de protestation sans précédent par ce que les militants décrivent comme une répression brutale. Selon un bilan mis à jour publié mercredi par Iran Human Rights, basé en Norvège, 176 personnes ont été tuées dans la réponse des forces de sécurité aux manifestations déclenchées par la mort d’Amini.

101 autres personnes ont perdu la vie dans une vague de protestation distincte à Zahedan, dans la province du sud-est du Sistan-Baloutchistan.

Arrestations massives

Les arrestations ont vu 1 000 personnes inculpées jusqu’à présent et, selon des militants, menacées de la peine de mort.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, 54 journalistes ont été arrêtés, et une douzaine ont été libérés sous caution jusqu’à présent.

La dernière détenue confirmée est Nazila Maroufian, une journaliste basée à Téhéran de la ville natale d’Amini, Saqez, dans la province du Kurdistan, qui a été arrêtée dimanche, a annoncé vendredi le groupe de défense des droits Hengaw basé en Norvège.

Elle avait publié une interview du père d’Amini au mépris des mises en garde des autorités, écrivait la journaliste sur Twitter avant son arrestation.

Selon Hengaw, Saman Yasin, un chanteur originaire de la ville de Kermanshah, peuplée de Kurdes, dans l’ouest de l’Iran, est désormais accusé de « faire la guerre à Dieu ».

Cette inculpation fondée sur la charia connue sous le nom de « moharebeh », fréquemment utilisée en Iran contre les opposants au régime, signifie que le chanteur, arrêté en octobre, risque la peine de mort. Hengaw a déclaré qu’il avait soutenu les manifestations en chansons et sur les réseaux sociaux.

Les militants ont également condamné comme aveu forcé une vidéo publiée par les médias iraniens gérés par l’État de Toomaj Salehi, un rappeur de premier plan arrêté le week-end après avoir soutenu les manifestations.

La vidéo montre un homme aux yeux bandés, qui dit qu’il est Salehi, admettant avoir fait « une erreur ».

On s’inquiète également de plus en plus du bien-être du collaborateur du Wall Street Journal et militant de la liberté d’expression Hossein Ronaghi, qui a été arrêté en septembre.

Selon sa famille, il est en grève de la faim avec deux jambes cassées en garde à vue.



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