Réveille-toi, Europe ! – Les sept enseignements clés du Forum Économique Mondial

Réveille-toi, Europe ! – Les sept enseignements clés du Forum Économique Mondial

Lors de la 55e réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, Wolodimir Selenski a souligné l’importance de l’Europe face à l’incertitude des engagements transatlantiques. Il a appelé à une Europe revitalisée, prête à défendre des valeurs communes. En parallèle, Donald Trump a promis une relance économique aux États-Unis, avec des réductions fiscales et une déréglementation, tout en s’opposant à des accords multilatéraux. La compétition pour l’intelligence artificielle et l’énergie abordable ainsi qu’une politique tarifaire agressive marquent également les discussions.

Lors de la 55e réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, un discours marquant a été prononcé par Wolodimir Selenski, le président ukrainien. Plutôt que de se concentrer sur les défis et la souffrance que son pays endure depuis près de trois ans, Selenski a choisi d’aborder la question de l’Europe.

« Pourquoi tout le monde se tourne-t-il vers Washington et s’inquiète-t-il de ses relations futures avec les États-Unis, alors que personne ne parle de l’Europe ? », a-t-il lancé, soulevant une question fondamentale. Est-il vraiment souhaitable que l’Europe devienne insignifiante ? A-t-elle oublié que la liberté, la paix et la prospérité, tant désirées par des millions d’Européens de l’Est, ne sont pas acquises ? Selenski a affirmé que les Ukrainiens aspiraient à faire partie d’une Europe libre et revitalisée, et qu’ils étaient prêts à faire de grands sacrifices non seulement pour leur propre pays, mais aussi pour défendre les valeurs européennes.

Le WEF à Davos a été marqué par une ambiance d’incertitude concernant la pérennité de l’engagement transatlantique envers la liberté, la démocratie et une économie de marché libérale. Tous ces changements soulèvent des questions cruciales pour l’Union européenne et la Suisse.

1. L’Amérique d’abord signifie les affaires d’abord

Les dirigeants d’entreprise se tournent vers les États-Unis avec un sentiment d’optimisme. Ce que Donald Trump a promis lors d’une vidéoconférence semble répondre à leurs attentes. Son objectif est de relancer avec vigueur une économie américaine qui se porte déjà bien.

Trump ne se limite pas à des discours sur la déréglementation ; il a déjà abrogé de nombreuses réglementations par décrets. Le Green Deal de Biden est considéré comme insignifiant. L’obligation de rapports coûteux sur la durabilité et les chaînes d’approvisionnement ? Inutile. Les longs processus d’approbation pour les projets d’investissement ? Trump souhaite les réduire à quelques semaines.

« L’Amérique d’abord » signifie que les affaires doivent passer en priorité. L’allègement de la fiscalité des entreprises doit faire des États-Unis l’un des pays les plus attractifs fiscalement au monde.

Trump n’hésitera pas à respecter l’accord sur le taux d’imposition minimum mondial et la taxe numérique convenus avec l’OCDE. De plus, il prévoit d’assouplir les réglementations de Bâle III concernant les fonds propres et la liquidité, permettant ainsi aux banques de prêter davantage et de distribuer des dividendes à leurs actionnaires. Ces mesures devraient stimuler la croissance économique et faire monter les cours boursiers.

Cette dynamique attirera encore plus de capitaux vers les États-Unis, renforçant ainsi leur position sur le marché des fusions et acquisitions. Le marché boursier américain, déjà dominant, continuera de surpasser les marchés européens et asiatiques. En 2007, l’Amérique représentait 49 % de l’indice MSCI World, tandis qu’en 2024, ce chiffre atteindra 70 %.

2. La compétition pour l’IA et l’énergie abordable

La question ne se limite pas à Elon Musk. Trump est attentif aux aspirations des leaders des géants technologiques américains, cherchant à établir les États-Unis comme la référence mondiale en matière d’intelligence artificielle (IA). Cela nécessite des spécialistes qualifiés ainsi qu’un accès à une énergie abondante. À Davos, Trump a promis aux entreprises des autorisations rapides pour construire leurs propres centrales à proximité de leurs centres de données.

La nouvelle administration américaine reconnaît également que l’énergie à bas prix est un atout concurrentiel crucial. Trump souhaite réduire les coûts énergétiques grâce à un développement accéléré de l’extraction de pétrole et de gaz domestiques, tout en exerçant des pressions sur ses alliés au Moyen-Orient. Cela devrait également contribuer à la lutte contre l’inflation.

3. Tarifs douaniers et politique de puissance au lieu de règles internationales

Contre toute logique économique, Trump semble convaincu que les tarifs douaniers et les taxes punitives sont des solutions efficaces pour redresser les relations commerciales internationales « injustes » en sa faveur tout en finançant le budget de l’État. Peu lui importe que cela entraîne une hausse des coûts pour les biens importés et maintienne des entreprises inefficaces à flot.

Il a demandé à son administration d’examiner toutes les relations bilatérales à la recherche de déséquilibres, menaçant le Canada, le Mexique et l’Union européenne de hausses tarifaires significatives. Cela va à l’encontre de l’accord de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, mais Trump ne semble pas se sentir lié par les accords internationaux. La loi du plus fort prévaut, affaiblissant le système commercial multilatéral et conduisant à une politique de pouvoir discrétionnaire.

Déjà sous Biden, la concurrence commerciale et technologique entre les États-Unis et la Chine a entraîné un protectionnisme accru et une segmentation de l’économie mondiale. Trump semble vouloir intensifier ce type de guerre commerciale, ce qui pourrait nuire à l’économie mondiale si des contre-mesures sont mises en place. Le Fonds monétaire international met en garde contre une perte potentielle de 7 % de la production économique mondiale, équivalente à la perte du PIB du Japon et de la Corée du Sud.

4. S’appuyer sur la Chine et le Moyen-Orient

Le vice-premier ministre chinois Ding Xuexiang, lors de son discours à Davos, a présenté son pays comme un contre-modèle à Trump, affirmant un engagement renforcé envers les règles multilatérales. Ce moment souligne la dynamique mondiale actuelle et la nécessité de repenser les alliances et les stratégies économiques.