Stephen Sondheim : un visionnaire de Broadway qui a bouleversé le théâtre musical
L’arrivée du légendaire compositeur et parolier de Broadway, Stephen Sondheim, sur la scène a eu un effet sismique. En défiant et en provocant le théâtre musical, il a apporté une nouvelle pertinence et une profondeur surprenante à la musique, créant des spectacles qui posaient des questions plus difficiles sur la nature de la vie et de l’amour. Les comédies musicales de Sondheim unissent la tête et le cœur avec sophistication, intelligence hyper-lexicale et musicalité audacieuse.
Into the Woods, sa comédie musicale de conte de fées fracturée, a été créée à Broadway en 1987. À la fin du premier acte, tous les personnages ont une fin heureuse. Dans le second, il regarde au-delà du bonheur pour toujours vers ce qui vient ensuite : l’ambivalence, l’insatisfaction, la cruauté de la perte. C’est, tendrement et tranquillement, une parabole sur la crise du sida – représentée ici par un géant laissant derrière lui une destruction insouciante, laissant un monde choqué par un chagrin soudain – mais c’est aussi une exploration de vouloir, d’aimer et de notre désir incessant de trouver quelque chose qui nous fera enfin sentir complet. Et comment nous semblons ne jamais y arriver.
La nouvelle production de Belvoir coproduite par le théâtre Hayes et dirigé par Eamon Flack offre une interprétation audacieuse de l’œuvre de Sondheim. Avec un livre de James Lapine, le spectacle rassemble des personnages de contes de fées reconnaissables et les unit avec des quêtes parallèles dans les bois éponymes. Les mélodies sont si pures et émouvantes qu’on dirait qu’elles sont à nouveau neuves.
Malheureusement, la production est sous-développée. Avec des répétitions plus longues ou plus de temps dans les avant-premières, il aurait pu approfondir ses choix. Les faiblesses sont plus perceptibles dans le livre que dans la musique.
Les numéros les plus réussis sont ceux avec les arcs les plus clairs et les plus contenus. Les chansons de Shubshri Kandiah dans le rôle de Cendrillon sont remarquables, ainsi que celles de Justin Smith et Esther Hannaford en tant que boulanger et épouse. Tamsin Carroll’s Witch est compromise dans ses belles chansons du deuxième acte par un choix d’accent qui ne se traduit pas bien dans les moments de sens profond, mais elle possède par ailleurs la scène.
Il y a un bel avenir pour cette production, mais le soir de la première, elle ne se balance pas assez fort ou ne creuse pas assez profondément pour nous amener à la catharsis.
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