Une demande croissante en armement, stimulée par l’agression russe et les budgets de défense accrus des pays occidentaux, pousse Rheinmetall à réorienter ses usines civiles vers la production militaire. L’entreprise prévoit de transformer ses sites de Berlin et Neuss en centres de fabrication hybrides, tout en enregistrant une hausse spectaculaire de son chiffre d’affaires dans la division Armes et Munitions. D’autres acteurs de l’industrie de la défense suivent le mouvement, intégrant des travailleurs de secteurs en difficulté.
Une Russie en mode agressif et une demande accrue en provenance des États-Unis génèrent des opportunités colossales pour l’industrie de la défense. Le géant allemand Rheinmetall envisage de réaffecter certaines de ses usines, actuellement dédiées à la production civile, vers le secteur militaire en plein essor. D’autres entreprises d’armement suivent également cette tendance en intégrant des travailleurs provenant de secteurs en difficulté.
Réorientation des usines vers la défense
Rheinmetall envisage de transformer deux de ses sites de fabrication, actuellement axés sur des produits civils, en unités de production destinées au secteur militaire en pleine expansion. Selon le groupe basé à Düsseldorf, « toutes les options sont explorées pour augmenter la production, surtout dans le domaine des munitions. » L’objectif est de se concentrer principalement sur la fabrication de produits et de composants pour la division « Armes et Munitions » dans les usines de Berlin et Neuss, qui jusqu’à présent, se consacraient à la production civile. Toutefois, les décisions finales concernant cette transformation restent à prendre.
Pour assurer l’avenir de l’emploi dans ces deux sites, la direction de Rheinmetall prévoit de les intégrer dans la division Armes et Munitions, les convertissant en « sites hybrides ». À Neuss, en plus de l’assemblage de produits pour le secteur civil, des composants militaires seront désormais fabriqués. Pendant ce temps, l’usine de Berlin se concentrera principalement sur des composants mécaniques destinés à des applications militaires, tout en continuant à développer des technologies de piles à hydrogène. Un concept préliminaire a été présenté aux employés et sera discuté avec les représentants du personnel. Rheinmetall a précisé qu’aucun explosif ne serait produit sur ces sites, qui bénéficieront à l’avenir de l’expertise du groupe en tant que fournisseur majeur dans le domaine de la défense.
Une croissance inédite dans un contexte de crise
La division « Systèmes de puissance » de Rheinmetall, qui produit pour les secteurs automobile et énergétique, subit les effets d’une crise dans l’industrie automobile. Au cours des neuf premiers mois de 2024, cette branche a enregistré un léger recul de son chiffre d’affaires à 1,543 milliard d’euros, contrairement à d’autres secteurs en plein essor au sein de Rheinmetall. Le résultat opérationnel a chuté de 3,8 % pour s’établir à 74 millions d’euros. En revanche, la division Armes et Munitions a connu une augmentation spectaculaire de son chiffre d’affaires d’environ 64,3 %, atteignant 1,554 milliard d’euros, avec un résultat opérationnel qui a presque doublé à 339 millions d’euros. Au total, le chiffre d’affaires du groupe Rheinmetall a grimpé à 6,2 milliards d’euros, contre 4,6 milliards l’année précédente.
Les entreprises d’armement, comme Rheinmetall, bénéficient d’une croissance rapide, alimentée par l’augmentation des budgets de défense des pays occidentaux suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le PDG de Rheinmetall, Armin Papperger, a déclaré : « Nous connaissons une expansion que nous n’avons jamais connue auparavant dans notre groupe. » Par ailleurs, le retrait du nouveau gouvernement américain d’Europe et sa pression sur les pays de l’OTAN pour qu’ils investissent davantage dans la défense pourraient garantir des carnets de commandes pleins, même en cas de cessez-le-feu en Ukraine. « Pour notre entreprise, cela signifie que nous devons croître encore plus que prévu », a ajouté Papperger. Pendant ce temps, l’industrie automobile allemande fait face à des défis dans la transition vers la mobilité électrique et à une baisse des ventes en Chine. Cependant, même d’autres secteurs en difficulté commencent à réorienter leurs usines vers la production d’équipements militaires.
Récemment, le constructeur de chars franco-allemand KNDS a repris une usine du groupe de technologie ferroviaire Alstom à Görlitz, menacée de fermeture, et prévoit de maintenir en emploi une majorité des 700 employés. Par ailleurs, Rheinmetall a proposé à 100 travailleurs de l’usine déficitaire de freins de Continental à Gifhorn de rejoindre une usine de munitions. Le fabricant d’électronique de défense Hensoldt cherche également à recruter des employés de Continental et Bosch, confrontés à des pertes d’emplois.