Philippa Sigl-Glöckner, économiste et candidate du SPD au Bundestag, plaide pour une réforme du frein à l’endettement dans son livre « Gutes Geld ». Elle argue que le « bon argent » soutient des objectifs sociaux, tels que de meilleures infrastructures et éducation. Sigl-Glöckner insiste sur l’importance d’une approche flexible concernant les règles d’endettement, préconisant des critères basés sur la durabilité et l’investissement productif. Son engagement politique vise à améliorer la politique financière allemande pour favoriser des investissements durables.
Philippa Sigl-Glöckner, économiste, ambitionne de rejoindre le Bundestag avec le SPD. Dans son livre ‘Gutes Geld’, elle aborde le besoin urgent de réformer le frein à l’endettement. Dans cette interview, elle met en lumière l’importance de ne pas se reposer uniquement sur des ratios financiers.
Votre ouvrage s’intitule ‘Gutes Geld’. Que représente le ‘bon argent’ par rapport au ‘mauvais argent’?
Philippa Sigl-Glöckner : L’argent, ce n’est pas une ressource infinie ; il est créé par les humains. Nous sommes responsables des règles qui le régissent, ce qui signifie que nous pouvons également le façonner. Pour moi, le bon argent est celui qui favorise nos objectifs sociaux, tandis que le mauvais argent ne contribue pas à ces finalités.
Quels sont ces objectifs sociaux que vous mentionnez?
De nombreuses personnes voient l’argent de manière négative, car il semble toujours manquer pour des besoins essentiels : des écoles de qualité, une infrastructure solide, un système social efficace. Ces éléments sont essentiels pour le bien-être d’une société. Dans mon livre, j’aspire à démontrer qu’il existe plus de marge de manœuvre que ce que l’on croit, d’où le titre ‘Bon argent’ qui met l’accent sur les possibilités.
Parlons de nouvelles dettes pour financer ces souhaits. Cela signifie-t-il qu’il faut abolir le frein à l’endettement?
Il existe déjà plusieurs avenues à explorer dans le cadre actuel du frein à l’endettement. En effet, ce cadre offre de réelles possibilités si nous l’examinons en détail. Toutefois, maintenir le frein en l’état complique et alourdit financièrement les projets nécessaires à notre société.
En analysant le frein à l’endettement, l’article 115 stipule que l’on ne peut contracter de nouvelles dettes au-delà de 0,35 % de la production économique par an, peu importe les conditions économiques. Cela reste-t-il vrai?
Il est impératif de garder l’article 115, car il fixe une règle pour la dette publique. Émettre des obligations d’État est un outil de politique économique crucial. Cela dit, la formulation actuelle de l’article 115 est problématique. Ce 0,35 % est un chiffre arbitraire sans fondement. Je suggérerais de le remplacer par des critères d’endettement définis par chaque gouvernement, comme cela se fait en Nouvelle-Zélande depuis plusieurs années.
Quels pourraient être ces nouveaux critères?
Ils devraient comprendre deux éléments fondamentaux. Premièrement, ‘durabilité’ doit en faire partie, car les dettes engendrent des obligations pour les générations futures. Nos enfants paieront les conséquences des dettes contractées aujourd’hui. Deuxièmement, l’État doit pouvoir s’endetter pour des investissements productifs.
Cette question sur la distinction entre investissements et consommation publique est un débat ancien parmi les économistes. Que répondez-vous?
Il s’agit d’une question d’interprétation, et la loi fondamentale ne peut pas apporter de solution à ce sujet. Actuellement, nous tentons de définir des détails dans la loi fondamentale, comme les 0,35 %. La loi fondamentale devrait établir les principes généraux, et non inclure des chiffres précis qui sont en dehors du contexte des vraies valeurs humaines.
Le FDP a fait du taux d’endettement un dogme. Pensez-vous qu’une réforme soit envisageable?
Il n’est pas nécessaire d’appartenir au FDP pour promouvoir cette idée. D’autres ministres des Finances, issus du SPD par exemple, auraient pu également mettre cet enjeu au premier plan de l’agenda politique.
Vous évoquez Olaf Scholz, qui est également membre du SPD.
Je ne me suis pas engagée en politique pour être une simple voix, mais pour apporter des changements réels. Ce ratio d’endettement peut séduire politiquement, mais nous avons besoin d’un ministre des Finances audacieux qui affirmera notre marge de manœuvre au lieu de se cacher derrière des chiffres obsolètes.
Il est intéressant de constater que vous êtes candidate du SPD à Munich-Nord lors des prochaines élections fédérales…
Je suis ravie de cette confiance que vous