Un budget d’urgence britannique peine à convaincre malgré un soutien des marchés. Des démissions au sein du gouvernement soulignent des controverses passées, tandis que le NHS reçoit des fonds sans réformes immédiates. Le Premier ministre Rishi Sunak, confronté à des défis politiques, doit jongler avec des priorités floues. L’immigration reste un problème majeur, avec une hausse des arrivées malgré des promesses de changements. Les enjeux liés à Trump et à l’UE compliquent davantage la situation, alors que des ministres sous-performants suscitent des inquiétudes.
UN BUDGET D’URGENCE qui n’a pas convaincu, même s’il a réussi à garder les marchés de son côté.
Des démissions au sein du Cabinet surviennent en raison de controverses passées, malgré des promesses de restaurer l’intégrité au sein du gouvernement.
Des milliers de bateaux continuent d’arriver chaque jour, mettant en lumière l’incapacité de l’État britannique à gérer la situation, malgré des slogans accrocheurs.
Le NHS reçoit un financement accru, mais cela s’accompagne d’une promesse de réforme qui semble lointaine.
Quant au Premier ministre, après un début difficile, il réalise que le poste qu’il convoitait est plus complexe qu’il ne l’avait imaginé, après avoir passé deux ans à élaborer des plans.
À l’approche des fêtes de fin d’année, une réunion d’urgence a été convoquée pour faire face à la situation.
Non, il ne s’agit pas de l’infortuné Sir Keir Starmer, mais de Rishi Sunak à la fin de l’année 2022, frustré de ne pas recevoir la reconnaissance qu’il espérait pour ses efforts.
Une solution de communication inefficace
Les deux hommes sont des technocrates, confrontés à des critiques croissantes sur leurs compétences politiques et cherchant à mettre en œuvre une solution de communication dont l’efficacité est discutable.
Leur plus grand désagrément serait de qualifier cette période de « réinitialisation ».
Sunak a défini cinq priorités : les prix, la dette, la croissance, les listes d’attente et l’immigration.
Il a ensuite passé la majorité de son bref mandat à débattre de son succès ou de son échec à atteindre ces objectifs, tout en se demandant si la réduction de l’inflation était le fruit de ses politiques ou non.
Il semble que Sir Keir soit sur le point de tomber dans le même piège.
Il doit s’exprimer sur des objectifs vagues lors d’un discours important prévu jeudi — stimuler la croissance, passer au vert, réduire la criminalité, diminuer les listes d’attente et, le plus flou de tous, créer des opportunités.
Ces « jalons » pourraient bien donner aux journalistes matière à débat, mais le public sera-t-il réellement concerné par des graphiques plutôt que par ses propres ressentis ?
Rien n’agace plus les électeurs que des politiciens leur présentant des statistiques sur la baisse de la criminalité alors qu’ils sont témoins de vols et de pillages en pleine rue.
Ou leur dire que le NHS se redresse alors qu’ils peinent à obtenir un rendez-vous médical ou découvrent qu’ils ont raté une consultation à cause d’une lettre envoyée trop tard.
Bien que l’inflation soit en baisse, les prix demeurent un cinquième plus élevés qu’il y a quelques années.
« Ne me fais pas croire que c’est la pluie », comme disent les Américains.
La question de l’immigration
Et qu’en est-il des problématiques majeures ? Près d’un million d’immigrants supplémentaires ont été enregistrés au Royaume-Uni en 2023, tandis que le nombre de départs a chuté à environ trois-quarts de million cette année.
Plus de 20 000 embarcations ont accosté depuis que Starmer a promis de démanteler les réseaux de passeurs et de changer la tendance.
Hier encore, le quasi-vice-PM Pat McFadden a déclaré qu’il était inapproprié de fixer un seuil pour la migration légale, car celle-ci est « variable » selon les besoins du marché du travail.
Ce même marché du travail compte actuellement 11 millions de personnes sans emploi ou en incapacité de travail, tandis que les ministres croyaient qu’un projet de 45 millions de livres, incluant la formation d’un petit groupe de jeunes par la Royal Shakespeare Company, serait une solution innovante.
En évitant le débat sur l’immigration et en négligeant les efforts significatifs pour réduire le nombre de bénéficiaires d’aides, le No10 ne devrait pas s’étonner si le discours de jeudi est perçu comme une simple opération de communication.
Et ce ne sera même pas le discours le plus marquant de Starmer cette semaine, malgré le battage médiatique.
Les défis à venir
Ce soir, le Premier ministre devra relever le défi d’expliquer comment naviguer entre l’administration Trump entrante — et les conséquences potentielles pour un Premier ministre travailliste — tout en essayant de rapprocher le Royaume-Uni de Bruxelles.
Ce réajustement avec l’Europe ne semble pas non plus être une solution pour les problèmes migratoires, car les visas pour les étudiants de l’UE sont un sujet délicat lors des négociations.
Un alignement supplémentaire sur les normes agricoles et commerciales pourrait placer le PM dans une position délicate face à Trump, dont les alliés soutiennent que le Royaume-Uni devrait se distancer du bloc.
Ces quatre questions majeures — immigration, aides, Trump et l’UE — seront les véritables jugements sur lesquels les prochaines années de Starmer seront évaluées.
Le Premier ministre peut vouloir parler de ses jalons, mais chacun d’eux représente un poids qui pourrait encore le faire tomber.
Avec la démission de la ministre Louise Haigh, le Cabinet a perdu l’un de ses éléments les plus faibles.
Son échec à gérer les augmentations de salaire des conducteurs de train et ses frictions lors d’un sommet d’investissement ont conduit certains à la qualifier de « réorganisation ambulante ».
Il est donc temps de s’inquiéter pour d’autres ministres perçus comme sous-performants.
Des rumeurs circulent concernant Liz Kendall au DWP, qui ne répond pas aux attentes, et des murmures similaires entourent le secrétaire aux affaires Jonathan Reynolds.