Suu Kyi du Myanmar entendra les verdicts définitifs du tribunal de la junte


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Rangoun (AFP) – Un tribunal de la junte birmane devrait rendre vendredi son verdict sur les dernières accusations portées contre la dirigeante civile emprisonnée Aung San Suu Kyi, clôturant la dernière bataille de l’armée contre la figure de proue de la démocratie.

Suu Kyi est prisonnière depuis que les généraux ont renversé son gouvernement en février de l’année dernière, mettant fin à la brève expérience démocratique de ce pays d’Asie du Sud-Est.

Le lauréat du prix Nobel, 77 ans, a déjà été reconnu coupable d’une série d’accusations allant de la corruption à l’importation illégale de talkies-walkies et à la violation de la loi sur les secrets officiels, et a été emprisonné pendant 26 ans.

Les journalistes ont été exclus de la procédure, que les groupes de défense des droits ont dénoncée comme une imposture destinée à retirer Suu Kyi de la scène politique du Myanmar.

Les cinq autres accusations de corruption concernent la location d’un hélicoptère pour un ministre du gouvernement, une affaire dans laquelle Suu Kyi n’aurait pas respecté les réglementations et causé « une perte pour l’État ».

Depuis le coup d’État, Aung San Suu Kyi (à gauche) a largement disparu de la vue du public, visible uniquement sur des photos granuleuses des médias d’État depuis la salle d’audience nue © Handout / MINISTÈRE DE L’INFORMATION DU MYANMAR/AFP/File

Chaque infraction est passible d’une peine d’emprisonnement maximale de 15 ans. Dans des affaires de corruption antérieures, le tribunal a généralement condamné Suu Kyi à trois ans par accusation.

La semaine dernière, dans la première résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation au Myanmar depuis le coup d’État, il a appelé la junte à libérer Suu Kyi.

Ce fut un moment d’unité relative de la part du conseil après que les membres permanents et proches alliés de la junte, la Chine et la Russie, se sont abstenus, choisissant de ne pas exercer de droit de veto à la suite d’amendements au libellé.

La tourmente

Suu Kyi est actuellement emprisonnée dans une enceinte de la capitale Naypyidaw, à proximité du palais de justice où se déroule son procès, et a été privée de son personnel de maison et de son chien Taichido.

Depuis le coup d’État, elle a largement disparu de la vue du public, visible uniquement sur des photos granuleuses des médias d’État de la salle d’audience nue.

Le pays a été plongé dans la tourmente, certains groupes ethniques rebelles établis reprenant les combats avec l’armée dans les zones frontalières et l’économie en lambeaux.

Les « Forces de défense du peuple », qui évitent la stricte politique de non-violence de Suu Kyi, ont également vu le jour pour combattre la junte et ont surpris l’armée par leur efficacité, selon les observateurs.

"Forces de défense du peuple" évitant la politique stricte de non-violence de Suu Kyi ont également vu le jour pour combattre la junte
Les « Forces de défense du peuple », fuyant la stricte politique de non-violence de Suu Kyi, ont également vu le jour pour combattre la junte © STR / AFP/Dossier

Les analystes disent que la junte pourrait permettre à Suu Kyi de purger une partie de sa peine en résidence surveillée pendant qu’elle se prépare pour les élections qui, selon elle, auront lieu l’année prochaine.

L’armée a allégué qu’il y avait eu une fraude électorale généralisée lors des scrutins de 2020 remportés de manière retentissante par le parti de la Ligue nationale pour la démocratie de Suu Kyi, bien que des observateurs internationaux aient déclaré que les élections étaient largement libres et équitables.

Plus de 2 600 personnes ont été tuées dans une répression menée par l’armée contre la dissidence, selon un groupe de surveillance local.

Le Myanmar est en ébullition depuis que l'armée a pris le pouvoir en février 2021
Le Myanmar est en ébullition depuis que l’armée a pris le pouvoir en février 2021 © STR / AFP/Dossier

Des groupes de défense des droits ont accusé l’armée d’exécutions extrajudiciaires et de lancer des frappes aériennes sur des civils qui constituent des crimes de guerre.

La junte, quant à elle, affirme que des « terroristes » ont tué plus de 4 000 civils.



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