Suzuki ambitionne d’accroître ses ventes de 33 % d’ici 2030, visant 4,2 millions de véhicules, avec un chiffre d’affaires projeté à 8 billions de yens. Le constructeur mise particulièrement sur le marché indien pour augmenter sa part de marché au-delà de 50 %. En parallèle, Suzuki collabore avec Toyota pour développer des véhicules électriques et prévoit d’adopter des technologies hybrides en Europe et au Japon d’ici 2030, tout en s’adaptant aux spécificités du marché indien.
Les Ambitions de Croissance de Suzuki
Le constructeur automobile japonais Suzuki a récemment dévoilé des objectifs de croissance impressionnants. Dans le cadre d’un nouveau plan de gestion à moyen terme, l’entreprise vise à augmenter ses ventes d’un tiers d’ici 2030, atteignant ainsi un total de 4,2 millions de véhicules.
Le chiffre d’affaires est également prévu pour grimper de 40 %, atteignant 8 billions de yens, avec une marge bénéficiaire qui passerait de 8 % à 10 %. Cela placerait Suzuki au même niveau que le géant japonais Toyota. La société concentre particulièrement ses efforts sur le marché indien.
Stratégies et Investissements en Inde
Le choix d’investir en Inde n’est pas surprenant, bien que les ambitions soient audacieuses. Grâce à sa filiale locale, Maruti Suzuki, le constructeur est le leader du marché sur le sous-continent depuis des décennies. Malgré une concurrence croissante dans le secteur automobile indien, Suzuki aspire à augmenter sa part de marché, actuellement de 40 %, à plus de 50 %.
Si ce plan quinquennal se concrétise, la part de l’Inde dans les ventes globales de Suzuki pourrait passer de 56,6 % à 63,5 %. De plus, la marque souhaite faire de l’Inde un site clé pour la production de véhicules électriques et l’exportation vers d’autres marchés. Pour cela, Suzuki investit massivement dans l’expansion de ses usines, visant une capacité de production de quatre millions de voitures d’ici 2030, y compris pour le compte de Toyota.
Les investisseurs ont réagi positivement aux annonces, propulsant le prix de l’action de plus de 5 % jeudi, proche d’un nouveau sommet. Bien que le prix ait légèrement reculé par la suite, les analystes de Morgan Stanley MUFG estiment qu’il existe encore un potentiel de hausse. Ils recommandent d’augmenter la pondération de l’action avec un objectif de prix fixé à 2100 yens, représentant une hausse de plus de 10 % par rapport au prix de vendredi.
Sous la direction de Toshihiro Suzuki, petit-fils du fondateur, l’entreprise continue de performer, affichant des marges bénéficiaires élevées grâce à ses petites voitures et motos, très recherchées dans les pays en développement.
Bien que Toyota reste le plus grand constructeur automobile mondial, Suzuki a les moyens de surpasser Nissan en tant que numéro 3 au Japon, surtout après l’échec des négociations de fusion entre Nissan et Honda. Honda, qui a déjà dépassé Suzuki en rentabilité, affiche une marge bénéficiaire de seulement 3,8 %.
La force de Suzuki réside dans sa capacité à produire des petites voitures de manière efficace. En tant qu’un des leaders du marché des Kei-Cars au Japon, Suzuki continue d’innover dans cette catégorie. Ces véhicules, qui ne dépassent pas 660 centimètres cubes de cylindrée, 64 chevaux, et mesurent moins de 3,40 mètres, sont très populaires.
Depuis son entrée sur le marché indien en 1983, Suzuki a su tirer parti de l’expertise locale tout en maintenant la qualité japonaise. Cette synergie a permis à Suzuki de se démarquer dans un marché particulièrement sensible aux prix. Les ingénieurs indiens sont connus pour leur approche de « frugal engineering », qui consiste à développer des voitures à moindre coût.
Malgré une concurrence croissante, les analystes estiment que Suzuki a encore de la place pour croître en Inde, notamment grâce à des initiatives gouvernementales visant à stimuler l’économie par des réductions d’impôts pour les classes moyennes. Si ces mesures entraînent une forte croissance des ventes dans les zones rurales, cela pourrait être très bénéfique pour Suzuki.
En outre, la fabrication en Inde profite à Suzuki à l’échelle mondiale. La version cinq portes du mini-SUV Jimny, par exemple, a été développée en Inde et a rencontré un succès immédiat, avec toutes les unités vendues avant même le lancement officiel des ventes.
Pour ses projets futurs, Suzuki s’associe à Toyota pour développer des voitures électriques, et produira également pour son partenaire. En Europe, le modèle Urban Cruiser, fabriqué en Inde, est un autre exemple de cette collaboration visant à concurrencer les fabricants chinois dans le secteur des véhicules électriques abordables.
Tout en explorant des moteurs hybrides et à combustion, Suzuki prévoit qu’en Europe et au Japon, d’ici 2030, tous les modèles commercialisés seront soit hybrides, soit entièrement électriques. En revanche, le marché indien pourrait voir une répartition différente : 15 % de voitures entièrement électriques, 25 % d’hybrides, 35 % utilisant du gaz naturel comprimé et 25 % fonctionnant avec de l’éthanol mélangé à l’essence.