Le chancelier Scholz a conditionné l’assouplissement du frein à l’endettement à la stabilité de la coalition gouvernementale, ce qui a conduit au départ de Christian Lindner. Cet article explore la nature du frein à l’endettement, instauré pour maintenir l’équilibre budgétaire, ainsi que les controverses qui l’entourent, notamment les tensions entre le SPD, les Verts et le FDP. Les enjeux financiers croissants, tels que le renforcement de l’État-providence et les dépenses de défense, accentuent les débats sur cette règle, essentielle pour éviter un endettement excessif.
Le chancelier Scholz a visiblement conditionné l’assouplissement du frein à l’endettement à la pérennité du gouvernement de coalition. Christian Lindner, quant à lui, n’a pas été en accord et a donc été remercié. Mais qu’est-ce qui se cache réellement derrière cette mesure ? Pourquoi suscite-t-elle autant de débats ?
Comprendre le frein à l’endettement
Le frein à l’endettement est une règle qui encadre la manière dont les finances publiques peuvent s’endetter. En vertu de la Constitution, spécialement dans l’article 109, les finances publiques doivent être ‘fondamentalement équilibrées, sans recettes issues de crédits’. Cela signifie que l’État ne peut pas dépenser plus qu’il ne perçoit à travers les impôts et autres revenus.
Tandis que les Länder, les États fédéraux, ne peuvent plus contracter de nouvelles dettes depuis 2020, le gouvernement fédéral peut emprunter chaque année jusqu’à 0,35 % de son produit intérieur brut. En 2023, cela représente environ 15 milliards d’euros. Il existe aussi une certaine flexibilité ; en période de difficultés économiques, le montant emprunté peut être supérieur, tandis qu’en temps de prospérité, il peut être inférieur, permettant ainsi un équilibre global.
Pour faire face à des situations d’urgence, le frein à l’endettement prévoit des exceptions qui sont censées garantir ‘la capacité d’action nécessaire de l’État fédéral en période de crise’. Ainsi, cette règle peut être temporairement suspendue, à condition d’avoir un plan de remboursement et une majorité simple au Bundestag. Des crises telles que des catastrophes naturelles ou d’autres situations exceptionnelles, comme la pandémie de Covid-19, ont conduit à la suspension du frein à l’endettement entre 2020 et 2022.
Les enjeux et controverses autour du frein à l’endettement
Le frein à l’endettement a été instauré en 2009, lors de la crise financière mondiale, sous le gouvernement d’Angela Merkel et du ministre des Finances SPD Peer Steinbrück. L’objectif principal était de limiter le nouvel endettement des États fédéral et des Länder afin d’assurer une stabilité budgétaire à long terme. À la suite des sauvetages bancaires, la dette publique avait dépassé les 80 % du PIB en 2010. Pour 2024, la prévision est d’environ 63,6 %, ce qui est nettement inférieur à la moyenne de la zone euro.
En 1997, l’Union européenne a également établi des critères de déficit public, stipulant que celui-ci ne doit pas dépasser 3 % du PIB et que la dette totale doit rester en dessous de 60 %. Les pays qui ne respectent pas ces normes peuvent faire l’objet de sanctions. Néanmoins, la tendance à l’augmentation de la dette persiste dans plusieurs pays de l’UE.
Les disputes politiques autour de ce sujet se sont intensifiées récemment, notamment après qu’il y a un an, la Cour constitutionnelle fédérale a déclaré le budget additionnel de la coalition Ampel inconstitutionnel, provoquant un manque de 60 milliards d’euros. L’Allemagne fait face à des besoins financiers croissants dans plusieurs domaines : le renforcement de l’État-providence, l’augmentation des dépenses de défense en raison de la guerre en Ukraine, la modernisation des infrastructures et le soutien aux nouvelles technologies. Depuis le début de la coalition Ampel, le frein à l’endettement est devenu un point de friction majeur, contribuant apparemment à la rupture de la coalition.
Le SPD et les Verts ont voulu assouplir cette règle par le biais d’une exception, tandis que le FDP s’y est fermement opposé, chacun maintenant ainsi sa position. Les Verts avaient même contesté l’adoption du frein à l’endettement en 2009. Le ministre des Finances, Christian Lindner, a affirmé que Scholz aurait ‘ultimement’ exigé la suspension de cette règle, ce à quoi il n’aurait pas pu consentir sans enfreindre son serment d’office, violant ainsi la Constitution.
Arguments pour et contre le respect du frein à l’endettement
Respecter le frein à l’endettement est crucial pour éviter un fardeau excessif d’intérêts. Plus l’État s’endette, plus il doit consacrer de ressources au paiement des intérêts, ce qui peut limiter les investissements dans d’autres domaines. Selon des études de la Banque fédérale, entre