Un dirigeant pétrolier à la tête de la conférence climatique de l’ONU à Bakou : le scepticisme des experts face à Muchtar Babajew

Un dirigeant pétrolier à la tête de la conférence climatique de l'ONU à Bakou : le scepticisme des experts face à Muchtar Babajew

Demain débute la COP29 à Bakou, réunissant près de 200 pays. Muchtar Babajew, président de la conférence, fait face à des défis considérables, notamment la nécessité d’accroître le financement climatique pour les pays en développement. Les discussions porteront sur l’urgence d’agir face aux crises climatiques récentes. Des experts insistent sur l’importance d’orienter les investissements privés vers des solutions climatiques et proposent des mesures telles qu’une taxe CO₂ uniforme pour renforcer les efforts globaux.

À partir de demain, un événement majeur se déroulera : la 29e Conférence mondiale sur le climat, communément appelée COP29, réunira des délégués de près de 200 pays. Cette importante rencontre se tiendra à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, dont l’économie repose largement sur les exportations de pétrole et de gaz naturel. À la tête de cette COP se trouve Muchtar Babajew, ministre de l’Écologie et des ressources naturelles de l’Azerbaïdjan depuis 2018. Fort de son expérience, il a déjà dirigé la délégation de son pays lors de cinq précédentes conférences climatiques, ce qui lui confère une connaissance approfondie de ce format complexe.

Les enjeux de la COP29

Pour certains leaders, cette conférence représente le début d’une carrière prometteuse. Angela Merkel, par exemple, a fait ses débuts sur la scène internationale à Berlin en 1995 lors de la première conférence de l’ONU sur le climat (COP1), après avoir suivi des cours d’anglais pour l’occasion. Son leadership lors des négociations a été marqué par sa prudence et sa détermination.

D’autres, en revanche, se souviennent de leur passage avec humiliation, comme le Premier ministre danois Lars Lökke Rasmussen, dont la présidence de la COP15 en 2009 à Copenhague a été jugée un échec. Ce fiasco a mis en péril les avancées de la politique environnementale mondiale.

Il existe aussi des figures qui ont su surmonter les critiques, comme Abdullah bin Hamad al-Attiyah du Qatar. En tant que président de la conférence de 2012, il a réussi à obtenir un consensus pour indemniser les victimes du changement climatique, marquant ainsi une avancée significative malgré son passé à la tête de l’OPEP.

Le rôle de président de la COP implique une responsabilité immense. Ce leader doit naviguer à travers des négociations complexes, jonglant avec les intérêts variés des pays riches et pauvres, des démocraties et des régimes autoritaires, ainsi que des économies traditionnelles et des innovateurs écologiques. Les présidents de la COP sont attendus pour faire preuve de vision publique tout en élaborant des compromis en coulisses, souvent jusqu’à des heures tardives lors des phases critiques des négociations.

Babajew face à de grands défis

La pression est forte sur Muchtar Babajew, le président de la COP29, qui est encore relativement méconnu dans le milieu des défenseurs du climat. Lors de cette conférence, il sera flanqué de Simon Stiell, le secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Ensemble, ils devront assurer la continuité des efforts climatiques internationaux, en travaillant avec les précédents et futurs hôtes des COP.

Babajew est confronté à la tâche de faire progresser les discussions climatiques de manière significative. Il a récemment exprimé l’urgence de la situation et l’importance d’une action rapide. Lors de la Climate Week à New York, il a souligné que tous les pays doivent intensifier leurs efforts pour réduire les émissions et se préparer à l’impact du changement climatique, un message renforcé par les défis auxquels fait face la région du Caucase.

Parmi ses objectifs, il espère inciter les nations riches à augmenter considérablement leur contribution financière pour soutenir les efforts climatiques des pays en développement, dépassant ainsi les 100 milliards de dollars actuellement promis.

La COP29 survient après des mois marqués par des records de chaleur et des catastrophes climatiques, attirant l’attention sur l’urgence d’agir. Des experts du secteur économique, comme Alexander Keberle d’Economiesuisse, insistent sur la nécessité de négociations internationales pour faire face à ces défis croissants.

Financement climatique : un enjeu crucial

Christoph Bals, directeur de Germanwatch, souligne l’importance de discuter des questions financières essentielles lors de cette COP29. Babajew a raison de vouloir aborder le rôle des banques de développement et de trouver des moyens de diriger les investissements privés vers la protection du climat. Selon Bals, pour atteindre les objectifs climatiques, il faudrait multiplier par dix les 100 milliards d’euros mobilisés jusqu’à présent chaque année.

Alexander Keberle partage cet avis et estime que l’accent mis sur le financement climatique est une démarche judicieuse. Il propose également l’instauration d’une taxe CO2 uniforme à travers les pays industrialisés, émergents et en développement, afin de renforcer les efforts pour lutter contre le changement climatique.