Un jury américain ordonne à l’ancien maire d’Haïti de verser 15,5 millions de dollars pour violation des droits humains.

Procès américain : un ancien maire haïtien condamné à payer plus de 15,5 millions de dollars

Dans une affaire civile, un jury fédéral américain a ordonné à l’ancien maire d’une ville rurale haïtienne, Jean Morose Viliena, de payer plus de 15,5 millions de dollars en réponse à un procès alléguant qu’il avait mené une campagne de persécution politique. La décision de mardi d’un tribunal de district américain à Boston a déclaré Viliena responsable de toute une série d’allégations, notamment qu’il était impliqué dans un meurtre, une tentative de meurtre et des actes de torture contre des rivaux politiques.

Le procès a été intenté par trois hommes qui ont déclaré qu’eux-mêmes et leurs familles avaient été ciblés lorsque Viliena était maire de la ville rurale des Irois il y a plus de dix ans. Bien que la décision du jury ait été prise dans une affaire civile et n’ait aucune implication pénale, les plaignants ont salué l’ordonnance comme une « victoire ». « Le verdict d’aujourd’hui me rend justice, ainsi qu’à ma famille et aux autres familles de ceux qui ont été victimes de la campagne de terreur de Viliena », a déclaré mardi l’un des plaignants, David Boniface, dans un communiqué.

Procès alléguant des actes de torture, de meurtre et de persécution politique

Le procès alléguait qu’en 2007, Viliena avait conduit des hommes armés au domicile de Boniface, où ils avaient battu et abattu son frère. Le maire de l’époque a ensuite mobilisé un groupe en 2008 qui a battu et abattu Martyr et Yseme dans une station de radio communautaire, selon la plainte. Il a ajouté que Martyr avait perdu une jambe et qu’Yseme était aveugle d’un œil. Le procès a également déclaré qu’en 2009, Viliena avait coordonné l’incendie criminel de dizaines de maisons occupées par les plaignants et des personnes associées à l’opposition politique aux Irois, qui compte environ 22 000 habitants.

Pourquoi le procès s’est tenu aux États-Unis ?

Les trois hommes avaient auparavant tenté de tenir Viliena responsable devant un tribunal haïtien, mais il a finalement été libéré et n’a jamais été jugé. Ils ont donc décidé d’intenter une action en justice aux États-Unis en vertu de la Torture Victim Protection Act de 1991, une loi américaine qui permet d’intenter des poursuites civiles contre des fonctionnaires étrangers accusés d’actes répréhensibles, si toutes les voies légales dans leur pays d’origine ont été épuisées.

Une limite du système judiciaire haïtien

Le procès se déroule alors qu’Haïti fait face à des crises qui s’aggravent, notamment des catastrophes naturelles à répétition, une épidémie de choléra et l’influence accrue de gangs puissants, en particulier à la suite de l’assassinat en juillet 2021 du président Jovenel Moise. Il a également mis en évidence les limites du système judiciaire haïtien après des années de bouleversements.

Avocats de la défense et des plaignants s’expriment

Viliena – qui a depuis déménagé aux États-Unis et vit actuellement à Malden, Massachusetts, où il travaille comme chauffeur de camion – a nié être directement responsable de la violence. Le jury a déclaré mardi qu’il n’était pas responsable de l’incendie des maisons des plaignants. Ela Matthews, avocate du Center for Justice and Accountability, qui représentait les plaignants, a déclaré que le verdict de mardi « représente une lutte de 15 ans pour les plaignants et les habitants des Irois pour la justice ».

En conclusion, ce procès représente le combat d’un peuple pour la justice, car les plaignants ont finalement remporté cette victoire dans une affaire de persécution politique. Toutefois, la sentence doit encore être exécutée par l’ancien maire haïtien, Jean Morose Viliena.

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