Un officiel américain applaudit la décision du Panama de désenregistrer les navires sous sanctions.

Un officiel américain applaudit la décision du Panama de désenregistrer les navires sous sanctions.

Un ancien officiel américain a salué un décret du Panama annulant l’enregistrement des navires sous sanctions internationales, considéré comme un pas positif pour l’environnement commercial du pays. Le président panaméen, Jose Raul Mulino, a pris cette mesure face à la pression croissante des États-Unis et de l’UE pour lutter contre les activités illicites. Les experts estiment que cette initiative pourrait influencer d’autres États à revoir leurs réglementations maritimes en matière de sanctions.

Un ancien officiel américain a applaudi un décret récemment instauré par le Panama, qui vise à retirer aux navires maritimes leurs licences et enregistrements nationaux lorsqu’ils sont soumis à des sanctions internationales.

Mardi, John Feeley, ex-ambassadeur des États-Unis au Panama entre 2015 et 2018, a exprimé à Al Jazeera que cette décision représente un « progrès positif du nouveau gouvernement panaméen, qui s’efforce d’améliorer l’environnement commercial ».

Le Panama, qui abrite l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, le canal de Panama, détient également le plus grand registre de navires depuis 1993. Toutefois, le pays fait face à une pression croissante de la part des nations occidentales pour lutter contre les activités illicites, telles que la contrebande de pétrole, en particulier celle en provenance d’Iran et de Russie.

« Il existe essentiellement seulement quelques grands registres maritimes à l’échelle mondiale », a souligné Feeley. « Les autorités maritimes internationales, ainsi que le gouvernement américain et les États membres de l’Union européenne, surveillent ces registres de près… Le risque pour la réputation est en jeu. »

Préserver le ‘prestige’ du Panama

Face à cette pression, le président panaméen, Jose Raul Mulino, a émis un décret exécutif le 18 octobre, stipulant que l’enregistrement national des navires serait annulé s’ils étaient sanctionnés par les États-Unis, le Royaume-Uni, le Conseil de sécurité des Nations Unies ou des membres de l’Union européenne (UE).

Le décret précise que de telles sanctions « peuvent nuire au prestige et à la réputation du pavillon panaméen ».

« Pour maintenir un registre de navires panaméens exempt de sanctions internationales », explique le décret, « il est nécessaire d’établir un cadre réglementaire permettant l’annulation immédiate de l’enregistrement de ces navires ».

L’Autorité maritime du Panama (PMA) est désormais responsable de toutes les annulations d’enregistrement.

Feeley a également mentionné qu’il existe des répercussions immédiates pour les navires qui perdent leur licence. « Si un navire est dé-pavillonné, il y a des observateurs de l’industrie qui surveillent et rapportent ses mouvements », a-t-il ajouté.

Le Panama est souvent classé parmi les États « pavillon de complaisance », où les propriétaires de navires internationaux peuvent enregistrer leurs navires auprès du gouvernement local, leur permettant ainsi d’éviter des régulations plus strictes dans leur pays d’origine.

Le pays a longtemps attiré des entreprises de transport maritime avec ses réglementations relativement souples et ses coûts réduits, répertoriant plus de 8 000 navires à son registre maritime.

Réaction face aux sanctions internationales

Les experts estiment que le décret exécutif est le résultat de la pression exercée par les États-Unis et d’autres alliés. Cependant, le Panama a également pris des mesures pour répondre à ce contrôle international, affirmant qu’il a « stigmatisé » le pays.

Cette semaine, le président Mulino a rencontré son homologue français, Emmanuel Macron, à Paris, sollicitant le retrait du Panama d’une liste de paradis fiscaux établie par l’UE.

Dans un communiqué, le bureau de Mulino a réaffirmé que « l’inclusion du Panama dans la liste de l’Union européenne est injuste ».

Étant donné l’importance du Panama comme voie maritime clé, des gouvernements comme celui des États-Unis cherchent à limiter le trafic commercial illicite à travers ses eaux.

En septembre, le département du Trésor américain a appliqué des sanctions à sept navires battant pavillon panaméen, les accusant de transporter du pétrole pour le Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran (IRGC) ou ses alliés comme le Hezbollah.

L’expert maritime Mike Schuler a indiqué que le décret exécutif aurait « un impact considérable sur les propriétaires et opérateurs de navires, surtout ceux impliqués dans des activités risquées ou illégales ».

« Les actions déterminantes du Panama devraient inciter d’autres États pavillons à réévaluer leurs propres cadres réglementaires », a-t-il noté pour le site d’actualités maritimes gCaptain.

D’autres États « pavillon de complaisance » ont également pris des initiatives récentes pour exclure les navires engagés dans des activités illégales. En août, la nation insulaire de Palau a annulé l’enregistrement de trois transporteurs de gaz naturel liquéfié après que ceux-ci aient été touchés par des sanctions américaines liées à des liens avec le gaz russe.