Urs Birchler, économiste et ancien professeur à l’Université de Zurich, critique sévèrement les illusions financières des banques et de la Finma. Dans un rapport pour la commission d’enquête sur Credit Suisse, il accuse la Finma d’avoir permis à la banque de masquer sa sous-capitalisation. Birchler appelle à des exigences de fonds propres plus strictes pour UBS et plaide pour des réformes pour mieux préparer la Suisse à une future crise bancaire, tout en soulignant la nécessité d’améliorer la réglementation.
Urs Birchler : Un Économiste qui S’attaque aux Illusions des Banques
Urs Birchler fait sensation dans le monde économique. Cet économiste, connu pour sa critique acerbe des « illusions optiques » que les banques et les autorités utilisent pour réguler le secteur financier, a récemment captivé l’attention avec un rapport rédigé pour la commission d’enquête parlementaire sur la crise de Credit Suisse. Ancien professeur de banque à l’Université de Zurich et membre de la direction de la Banque nationale suisse, Birchler n’hésite pas à pointer du doigt les manquements des régulateurs.
Des Critiques Cinglantes à l’Encontre de la Finma et d’UBS
Dans son rapport de près de trente pages, Birchler s’attaque à l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), qu’il accuse d’avoir accordé des allégements substantiels en matière de fonds propres à Credit Suisse. Il explique que le « filtre réglementaire » a permis à la banque de donner une fausse impression de solidité financière jusqu’à la fin, alors qu’en réalité, elle aurait été légèrement sous-capitalisée dès 2020. Ses déclarations mettent en lumière la responsabilité de la Finma dans la surveillance des institutions financières.
Birchler ne se contente pas de critiquer la Finma ; il s’en prend également à UBS, qui prétend que les exigences en matière de fonds propres n’ont pas contribué à la chute de Credit Suisse. Son rapport semble renforcer la position des partisans d’une réglementation plus stricte pour UBS, même si la banque refuse de commenter ces allégations. La Finma, de son côté, dénonce les « déclarations tendancieuses » contenues dans le rapport, affirmant que certaines informations sont mal représentées et que des conclusions erronées pourraient en découler.
Birchler, fort de son expérience en matière de régulation financière, plaide pour des exigences de fonds propres plus strictes pour UBS. Sur son blog, il déclare que la Suisse doit assumer ses responsabilités envers ses contribuables, qui, selon lui, subventionnent indirectement les banques. En réponse aux objections d’UBS sur les coûts des fonds propres, il avance que le coût réel du financement dépend des risques pris par la banque. Un capital plus important protège mieux la banque, et donc, selon lui, réduit les coûts.
Les critiques de Birchler ne sont pas nouvelles. Déjà en 2012, il avait soulevé des questions sur la rentabilité des fonds propres d’UBS, avertissant que des objectifs trop ambitieux pourraient inciter les banques à prendre des risques excessifs. Ses remarques ont toujours été accueillies avec résistance par la direction d’UBS, et il continue d’être une voix discordante face aux pratiques en cours.
En outre, Birchler appelle à des réformes dans la préparation à la prochaine crise bancaire, en insistant sur la nécessité de meilleures dispositions juridiques. Il met en garde contre les conséquences des décisions prises par les autorités, notamment en ce qui concerne l’amortissement des obligations AT1 pendant la crise de Credit Suisse, qui pourraient entraîner des milliards de francs en poursuites judiciaires. Pour lui, il est essentiel que la Suisse ne se retrouve pas vulnérable lors de la prochaine crise financière.
Bien qu’il remette en question les pratiques des institutions financières, Birchler ne se considère pas comme un adversaire des banques. Sa motivation première est la curiosité et un désir d’améliorer le système. Il note que l’opinion publique envers les banques s’est dégradée ces dernières années, un fait qu’il attribue, en partie, à sa propre critique des pratiques de ces institutions.