L’élection de Donald Trump a suscité un nouvel intérêt pour le conflit ukrainien. Trump propose une résolution rapide basée sur des négociations de paix, tout en suggérant que l’Ukraine abandonne ses ambitions d’adhésion à l’OTAN. Des conseillers évoquent une zone démilitarisée soutenue par des troupes européennes, sans intervention américaine. Cependant, les positions de la Russie, notamment celles de Poutine, restent inflexibles, et l’influence isolationniste semble prédominer dans l’équipe de Trump.
Suite à l’élection de Donald Trump, l’attention mondiale se tourne vers l’Ukraine. Le candidat républicain a promis de résoudre le conflit en seulement 24 heures, mais ses méthodes restent floues. Lors de sa campagne, Trump a évoqué une approche stratégique : « Je ne peux pas vous dévoiler mes plans, car cela compromettrait leur efficacité. »
Bien que Trump garde ses cartes cachées, certains membres de son équipe laissent filtrer des éléments clés lors d’interviews. Bryan Lanza, un conseiller proche de Trump, a déclaré à la BBC que l’objectif principal du président ukrainien Volodymyr Zelensky devrait être d’atteindre un accord de paix avec la Russie, plutôt que de tenter de récupérer des territoires perdus. Il a précisé : « Si Zelensky pense qu’il ne peut y avoir de paix sans récupérer la Crimée, alors il faut lui dire clairement : la Crimée est perdue. » La demande de Trump à Kiev sera une « vision réaliste pour la paix ».
Un représentant du futur président a rapidement pris ses distances par rapport aux propos de Lanza, soulignant qu’il n’était pas un employé permanent et qu’il n’exprimait pas la position de Trump. Lanza, cependant, collabore avec Mercury Public Affairs, une firme de conseil où Susie Wiles, la directrice de campagne de Trump et future cheffe de cabinet à la Maison Blanche, est également impliquée. L’interview pourrait avoir été un moyen d’évaluer les réactions des différents acteurs concernés.
Les idées de Lanza rejoignent celles qui émergent dans les cercles de Trump, proposant de geler le conflit tout en permettant à la Russie de maintenir ses acquis territoriaux, et en demandant à l’Ukraine de renoncer à une adhésion à l’OTAN à long terme.
Une approche européenne pour l’Ukraine
Selon le « Wall Street Journal », un plan a été proposé pour établir une zone démilitarisée le long de la ligne de front, qui s’étend sur plus de 1200 kilomètres. Ce plan, basé sur des informations de plusieurs membres de l’équipe de transition de Trump, stipule que l’Ukraine devrait renoncer à toute adhésion à l’OTAN pour les deux prochaines décennies. Parallèlement, les États-Unis continueraient de fournir des armements à Kiev pour dissuader toute nouvelle agression russe.
La sécurité de cette zone démilitarisée reposerait sur des troupes de paix européennes. Un conseiller de Trump a précisé : « Nous n’enverrons pas de militaires américains pour assurer la paix en Ukraine, et nous ne financerons pas cette opération. Cela doit être géré par les Polonais, les Allemands, les Britanniques et les Français. »
Cette proposition rejoint les déclarations du futur vice-président J. D. Vance, qui a également plaidé pour une zone démilitarisée, tout en voyant le rôle des États-Unis comme celui d’un médiateur impartial. L’issue des négociations dépendra de la capacité de Trump à faire pression sur la Russie pour qu’elle accepte des concessions. Un plan élaboré par deux conseillers de Trump préconisait une stratégie en deux volets : d’une part, inciter les Ukrainiens à négocier sous peine de suspension de l’aide militaire, et d’autre part, menacer la Russie d’accroître les livraisons d’armes à Kiev si elle refuse de dialoguer.
En juillet 2023, Trump a montré une certaine ouverture en déclarant à Poutine : « Si tu ne veux pas d’accord, nous fournirons aux Ukrainiens bien plus d’armements qu’ils n’en ont jamais eu. » Cependant, le contenu précis de sa vision de la paix demeure incertain, même s’il souhaite une résolution rapide.
Les absents de l’équipe Trump
Jeudi dernier, Trump aurait eu un premier échange avec Poutine, durant lequel il l’aurait mis en garde contre toute escalade du conflit. Selon le « Washington Post », Trump a également exprimé son intérêt pour des discussions futures en vue de mettre fin à la guerre rapidement. Le Kremlin, toutefois, a démenti cette conversation.
Poutine ne semble pas pressé. Contrairement aux alliés occidentaux, il ne montre aucun signe d’essoufflement face à la guerre. Ses forces continuent d’avancer, soutenues par des renforts nord-coréens, et il n’est pas disposé à accepter un simple gel du conflit. Poutine exigerait également que l’Ukraine retire ses troupes des zones non encore totalement conquises, tout en insistant sur la reconnaissance internationale de l’annexion des territoires. Pour lui, une Ukraine neutre, sans armée forte, serait l’objectif final.
Le futur cabinet de Trump influencera fortement ces décisions. Contrairement à son mandat précédent, les voix isolationnistes semblent prendre le pas dans la nouvelle administration. Trump a annoncé qu’il prévoit son cabinet sans Mike Pompeo ni Nikki Haley. Richard Grenell, ancien ambassadeur à Berlin et proche de Trump, est pressenti pour un poste clé, tout en plaidant pour des « régions autonomes » dans le sud-est de l’Ukraine et contre l’adhésion à l’OTAN de Kiev.