À Saint-Tropez, le stade équestre attire les compétitions de polo, tandis qu’à Saint-Gall, le stade de Gründenmoos se concentre sur le football. Malgré une riche tradition équestre, le CSIO de Saint-Gall a perdu sa place dans la League of Nations en raison de problèmes liés à la qualité du sol. La présidente Nayla Stössel tente d’améliorer cette situation pour maintenir l’événement, face à des défis climatiques et organisationnels.
À Saint-Tropez, un magnifique stade équestre se trouve au sein du club de polo local, à quelques pas d’une plage ensoleillée, offrant une vue imprenable sur la mer Méditerranée depuis les tribunes. En revanche, à Saint-Gall, le stade équestre situé au Gründenmoos, à l’ouest de la ville, ne voit pas de compétitions de polo. Ici, c’est le FC Winkeln qui s’affronte contre Bischofszell ou Tobel-Affeltrangen. Ce stade, entouré par l’autoroute, un champ de tir et l’arène du FC Saint-Gall, dispose de 1900 places et dévoile le majestueux Säntis à l’horizon.
Une fois par an, quelques centaines de spectateurs se rassemblent au Gründenmoos pour le CSIO, un événement équestre majeur en Suisse. Cependant, ce dernier a récemment connu un revers : il y a un an, les organisateurs annonçaient leur participation à la League of Nations, une série prestigieuse où seules les dix meilleures équipes du monde peuvent concourir. Avec un doublement des prix, l’avenir semblait prometteur, mais la Fédération Équestre Internationale (FEI) a décidé de remplacer Saint-Gall par Saint-Tropez, malgré un contrat valide jusqu’en 2027. La beauté de la Méditerranée a pris le pas sur le cadre alpin du Säntis.
La FEI a justifié cette décision par la qualité du sol considérée comme insuffisante au Gründenmoos. Là-bas, contrairement à d’autres lieux, les compétitions se déroulent sur du gazon. Bien que cela fasse le bonheur des traditionalistes, cela pose également des défis, notamment à Saint-Gall où la pluie tombe en moyenne 15 jours par mois, augmentant ainsi le risque de blessures pour les chevaux de saut.
Les défis du sol en herbe sous la pluie
Les conditions pluvieuses et le sol en herbe ont toujours été problématiques pour les compétitions. Les chefs d’équipe et les cavaliers n’ont pas manqué de faire entendre leurs critiques à ce sujet. Ce problème n’est pas nouveau : en 1995, lors des championnats d’Europe, l’équipe allemande avait refusé de s’engager suite à une inspection du sol détrempé. De même, en 2013, l’Allemagne avait choisi de ne pas participer au prix nations et avait quitté Saint-Gall, les pluies incessantes ayant même entraîné l’annulation de l’événement par la suite.
En juin dernier, le CSIO devait inaugurer la League of Nations à Saint-Gall. Les organisateurs avaient salué cette inclusion parmi des tournois prestigieux comme ceux d’Abu Dhabi ou de Barcelone comme une « nouvelle ère ». Cependant, les intempéries ont une nouvelle fois eu raison de l’événement, qui a été annulé. Peu après, la FEI a retiré Saint-Gall de la League of Nations.
Depuis cette annonce, le comité d’organisation, sous la direction de Nayla Stössel, se demande pourquoi cette décision a été si brusque. La réaction de la politique locale a été de surprise et de désarroi, avec des expressions de regret. Damian Müller, président de la Fédération Suisse des Sports Équestres, a qualifié cette décision d' »affront envers la communauté équestre suisse ».
Actuellement, Stössel, la présidente du comité, reste discrète sur les détails et se réfère à un communiqué indiquant que des mesures sont en cours pour améliorer la qualité du sol.
La contribution de Nayla Stössel à un événement international
Saint-Gall a une riche tradition équestre, ancrée dans ses racines agricoles et militaires. Des courses de chevaux étaient déjà organisées par des officiers en 1884, et la première compétition de saut a eu lieu en 1909, donnant naissance au CSIO au fil des ans.
Le développement de cet événement est fortement lié à la famille Stössel. En 1989, Peter Stössel, entrepreneur local et éleveur de chevaux, a pris les rênes du comité d’organisation, transformant le tournoi en une véritable vitrine du sport équestre suisse. Il a su établir des relations personnelles avec les sponsors, qu’il préférait appeler partenaires, et était un patron à l’ancienne, accueillant les visiteurs dans un bureau décoré avec le drapeau de son bataillon militaire.
Stössel a quitté ce monde en 2013, laissant derrière lui un héritage. Les nécrologies locales l’ont décrit comme un « entrepreneur visionnaire ». Lors des événements, il était omniprésent, veillant à chaque détail au Gründenmoos, et représentait un réseau entre le monde des affaires, de l’armée et du sport. À Saint-Gall, il a même été honoré du titre de « Födlebürger », décerné aux personnalités ayant fait preuve de courage et d’ingéniosité.
Depuis 2013, Nayla Stössel a pris la relève, continuant d’ancrer le CSIO dans la région. Avant le tournoi, des sculptures équestres ornent la ville, attirant un large public, des passionnés de chevaux aux familles en quête d’une sortie dominicale. Contrairement à Saint-Tropez, le CSIO à Saint-Gall se veut accessible, avec une ambiance conviviale plutôt que celle de la haute société.
Les raisons de ce recul du CSIO à Saint-Gall, qu’elles soient liées uniquement au sol ou également à la taille de la ville, restent à déterminer. Ce qui est certain, c’est que l’événement équestre doit faire face à de nombreux défis pour maintenir sa notoriété et son prestige.