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Istanbul (AFP) – Le président Recep Tayyip Erdogan a obtenu lundi l’aval d’un ultra-nationaliste dont la troisième place a contribué à forcer le premier second tour des élections en Turquie.
Les 5,2 % des voix de Sinan Ogan aux élections générales du 14 mai ont privé Erdogan d’une victoire pure et simple pour la première fois en 20 ans de règne.
Il a rencontré le dirigeant turc vendredi et a mené des négociations séparées avec des alliés du chef de l’opposition Kemal Kilicdaroglu.
« Nous soutiendrons le candidat de l’Alliance populaire, Recep Tayyip Erdogan, au second tour des élections du 28 mai », a-t-il déclaré aux journalistes lors d’une allocution télévisée nationale.
« J’invite les électeurs qui nous ont soutenus au premier tour à soutenir M. Erdogan au second tour. »
Ogan se décrit comme un ardent partisan d’une marque de nationalisme turc adoptée par le créateur de la république post-ottomane Mustafa Kemal Atatürk.
Il a exigé l’expulsion immédiate de millions de migrants et recherché une position ferme sur les « terroristes » – un euphémisme pour les groupes kurdes luttant pour une plus grande autonomie dans le sud-est de la Turquie.
L’homme de 54 ans a également tenté d’empêcher l’opposition de discuter de changements constitutionnels qui pourraient diluer le langage soulignant l’importance de la turcité au détriment des autres ethnies.
« Terrorisme et réfugiés »
Les analystes se demandent quel poids l’approbation d’Ogan a auprès de ses électeurs.
Son petit parti n’existe que depuis quelques mois et la plupart de ses soutiens semblent être mécontents à la fois du dirigeant turc d’origine islamique et de son rival laïc de 74 ans.
Mais cela sape les efforts urgents de Kilicdaroglu pour étendre son attrait auprès d’un plus grand nombre d’électeurs nationalistes à l’approche du second tour.
« La nouvelle réputation d’Ogan en tant que faiseur de rois est une exagération. Le soutien d’Ogan à Erdogan ne garantit pas que ses électeurs du premier tour suivront de près », a déclaré à l’AFP Hamish Kinnear du cabinet de conseil Verisk Maplecroft.
« En supposant que les électeurs du premier tour d’Erdogan restent sur le côté, seule une petite partie des électeurs d’Ogan doit aller avec Erdogan pour pousser le président dans sa troisième décennie au pouvoir. »
Kilicdaroglu a mené une campagne plus inclusive axée sur la crise économique qui fait rage en Turquie et la répression d’Erdogan contre les libertés civiles au cours de sa deuxième décennie de règne.
Mais il a adopté un ton résolument plus nationaliste lors de sa première apparition post-électorale la semaine dernière.
L’ancien fonctionnaire s’est engagé à renvoyer « tous les réfugiés chez eux » lorsqu’il arrivera au pouvoir et a accusé Erdogan de ne pas avoir « protégé les frontières et l’honneur de notre pays ».
Erdogan avait signalé qu’il n’avait pas l’intention de faire de concession à Ogan pour s’assurer son soutien.
Kilicdaroglu a semblé provocant dans un tweet publié quelques instants après l’annonce d’Ogan.
Il a accusé des forces anonymes de « vendre ce beau pays » et a signalé son intention de poursuivre le vote nationaliste.
« Nous venons sauver ce pays du terrorisme et des réfugiés », a écrit Kilicdaroglu.
« C’est un référendum. Personne ne peut plus tromper personne. »
© 2023 AFP