Impact de Trump sur l’industrie automobile allemande : entre la Chine et les droits de douane

Impact de Trump sur l'industrie automobile allemande : entre la Chine et les droits de douane

La crise de l’industrie automobile allemande se manifeste notamment chez Mercedes-Benz, avec une chute de bénéfices et une forte concurrence chinoise dans le secteur des véhicules électriques. Les droits de douane américains menacent d’aggraver la situation, rendant les véhicules allemands moins compétitifs sur le marché. La production automobile en Allemagne diminue, et la transition vers l’électrification pourrait entraîner une perte significative d’emplois, exacerbant ainsi les défis auxquels fait face l’industrie.

La Crise de l’Industrie Automobile Allemande

Mercedes-Benz illustre parfaitement la crise profonde que traverse l’industrie automobile allemande. Face à la montée en puissance de la concurrence chinoise, les marques allemandes de voitures électriques commencent à montrer des signes de faiblesse. De plus, la politique commerciale du nouveau président américain, qui menace d’imposer des droits de douane, ajoute une pression supplémentaire sur ce secteur déjà en difficulté.

Les Défis du Marché Automobile

Pour Mercedes, la situation est préoccupante : le bénéfice a chuté de près d’un tiers l’année dernière, une tendance que l’on observe également chez d’autres constructeurs allemands. La guerre des tarifs douaniers pourrait ne pas détruire les fabricants, mais elle laissera des marques indélébiles sur l’industrie automobile en Allemagne.

La concurrence sur le marché chinois, le plus important au monde, devient de plus en plus intense. Comme le souligne l’expert Stefan Bratzel, « de nombreux nouveaux acteurs chinois sont devenus très innovants », et l’électrification des véhicules progresse à un rythme impressionnant. Actuellement, une voiture neuve sur deux immatriculée en Chine est électrique, avec 60 % de ces véhicules étant entièrement électriques. Cela pose un défi majeur pour ceux qui ne peuvent pas offrir des modèles électriques compétitifs.

En parallèle, les prix constituent une autre faiblesse pour les fabricants allemands. La forte concurrence sur le marché chinois pousse de nombreux acteurs à adopter des stratégies de prix bas pour gagner des parts de marché. Les surcapacités de production, soutenues par l’État chinois, viennent compliquer encore plus la situation.

Les États-Unis, en tant que principal marché d’exportation, posent également des difficultés pour Mercedes, qui se bat contre des concurrents offrant des prix significativement plus bas. Un exemple frappant est Xiaomi, qui, après avoir débuté dans le secteur des smartphones, a vendu plus de 130 000 véhicules de son premier modèle en moins d’un an.

En Europe, et plus particulièrement en Allemagne, les ventes de véhicules électriques n’atteignent pas les objectifs escomptés. Cela est dû non seulement à la concurrence étrangère, mais aussi à une demande stagnante. De plus, le marché américain se trouve confronté à des incertitudes sous la présidence de Trump, où la mobilité électrique n’avance pas comme prévu et les droits de douane représentent une menace pour l’industrie.

Si les droits de douane sont mis en œuvre, les conséquences pourraient être désastreuses. Environ 400 000 véhicules sont actuellement expédiés d’Allemagne vers les États-Unis chaque année. Bien que de nombreux fabricants y possèdent des usines, comme BMW en Caroline du Sud et Mercedes en Alabama, délocaliser la production de modèles haut de gamme reste un défi en raison des faibles volumes de vente.

Les droits de douane ne pourront pas être entièrement répercutés sur les consommateurs, ce qui pourrait rendre les véhicules allemands trop coûteux par rapport à la concurrence locale. Cela pourrait entraîner une baisse significative des ventes et, par conséquent, une réduction des emplois dans le secteur automobile.

La production automobile en Allemagne a déjà diminué de manière inquiétante. En 2011, près de six millions de véhicules étaient fabriqués, tandis qu’il n’en reste que 4,1 millions l’année dernière. Cette tendance ne semble pas prête de s’inverser, surtout avec les surcapacités existantes. Une stratégie est donc nécessaire pour réduire les capacités de production en Allemagne afin de rester compétitif sur le marché mondial.

La transition vers des véhicules électriques, bien qu’indispensable, entraîne également une baisse du nombre d’emplois. La production de voitures électriques nécessite moins de main-d’œuvre en raison de la complexité réduite de leur assemblage. Selon les estimations, jusqu’à un quart des 800 000 emplois du secteur pourrait disparaître, un fait qui se ressent déjà chez les fournisseurs.

En somme, les droits de douane américains pourraient aggraver la situation pour les constructeurs allemands, les obligeant à choisir entre investir aux États-Unis ou en Chine, avec des perspectives peu réjouissantes pour les 10 à 15 prochaines années. La construction d’une nouvelle usine prend plusieurs années, et les fournisseurs allemands seront également touchés, exacerbant l’affaiblissement de l’industrie automobile en Allemagne.