La France ordonne aux entreprises énergétiques de résoudre les grèves en raison des pénuries de carburant


Alors que la France est toujours aux prises avec des grèves paralysantes du carburant, le gouvernement est intervenu pour tenter de briser les blocages des travailleurs dans les dépôts à travers le pays.

La Première ministre Elisabeth Borne a ordonné aux préfets locaux de veiller à ce que les employés en grève dans les raffineries de pétrole Esso-Exxon Mobil reprennent l’approvisionnement en essence des stations-service à travers le pays.

Alors que deux syndicats du géant pétrolier se sont mis d’accord sur une proposition d’augmentation de salaire lundi, le syndicat des travailleurs des raffineries de pétrole a rejeté la proposition.

Le syndicat CGT – qui mène les grèves chez TotalEnergies et chez son rival Esso-ExxonMobil – s’est dit prêt à entrer en guerre si le président Macron obligeait le personnel à reprendre le travail.

La grève sur les salaires, qui en est maintenant à sa troisième semaine, a entraîné la fermeture d’environ 30 % des stations-service dans tout le pays.

Trois des raffineries de Total sont toujours bloquées, dont la plus grande en Normandie et un dépôt de carburant près de Dunkerque dans le nord.

« Dialogue oui, blocages non »

Le gouvernement a déjà puisé dans des stocks stratégiques dans le but d’apporter des secours, et exceptionnellement des pétroliers ont été autorisés à effectuer des livraisons dimanche.

« Dans l’une des deux entreprises, les syndicats ont obtenu un accord majoritaire et rien n’a changé, et dans l’autre la grève est utilisée pour faire pression sur le dialogue », a déclaré Christophe Béchu, ministre français de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

« Ce ne sont pas des situations acceptables pour des millions de Français.

« Dans ces conditions, ce que le premier ministre a dit et ce que je ne peux que répéter, c’est qu’elle a demandé au préfet d’engager les procédures qui permettront de réquisitionner les personnels qui continuent à bloquer ces dépôts.

« Dialogue oui, discussions oui, blocages non », a-t-il ajouté.

Cela fait suite à un avertissement du ministre de l’économie et des finances du pays, Bruno Le Maire, plus tôt lundi, selon lequel les autorités pourraient intervenir.

« Je crois que dans un premier temps, il faut donner une chance aux négociations, une négociation doit être de bonne foi et ne peut pas s’éterniser, car nos compatriotes en ont légitimement marre, ils veulent une solution rapide, nous leur devons une solution rapide.

« Soit les négociations démarrent et aboutissent rapidement et les dépôts de carburant sont rouverts, soit nous utiliserons les autres moyens à notre disposition, y compris les réquisitions.

« Beaucoup de nos compatriotes sont révoltés et je les comprends.

« Total a tendu la main aux salariés de Total, aux salariés des raffineries, une main tendue à la CGT.

« Je note que la CFDT a fait preuve de sens des responsabilités en disant qu’elle était prête à négocier, j’espère que la CGT fera preuve du même sens des responsabilités pour qu’un accord soit trouvé entre Total et les salariés des raffineries et que les les dépôts de carburant peuvent être débloqués dès que possible.

« La bonne organisation de la société française en dépend », a-t-il dit.

Le président Emmanuel Macron s’est joint au débat, arguant que « les blocages ne sont pas un moyen de négocier » et appelant à « une conclusion rapide des négociations ».

Il a déclaré que les pénuries actuelles d’essence n’étaient pas liées à la guerre en Ukraine et « pas à l’action du gouvernement ».

Borne, quant à elle, a déclaré qu’elle s’attendait à « une amélioration de la situation au cours de cette semaine ».

L’approvisionnement en carburant critique dans le nord

La crise pétrolière survient dans un contexte de prix élevés de l’énergie et d’inflation qui pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages français.

Pendant ce temps, dans le nord de la France et à Lille, la situation d’approvisionnement en carburant reste critique : la seule station-service de la ville encore ouverte a été prise d’assaut.

Les propriétaires de véhicules font face à des attentes de plus en plus longues pour faire le plein.

« Je trouve ça très compliqué parce qu’on doit aller dans des endroits, étant en études de santé, je travaille au CHU (hôpital) et je dois me déplacer tous les jours, hier je suis allé dans plusieurs gares, toutes fermées, donc c’est vraiment compliquée, une situation difficile et compliquée, ça gêne notre quotidien », a déclaré Claire Titimal, élève infirmière.

« J’ai une entreprise, donc j’ai déjà deux camionnettes qui sont en attente au dépôt, et puis je suis en réserve de carburant donc je dois absolument faire le plein, sinon je ne peux pas me déplacer », a expliqué Bruno Duwez, propriétaire de l’entreprise.

La demande d’augmentations de salaires fait suite à l’annonce du géant pétrolier TotalEnergies selon laquelle il a réalisé 10,6 milliards d’euros de bénéfices au premier trimestre de cette année.



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