Le Conseil de l’UE tente à nouveau de réglementer les travailleurs des plateformes

La présidence suédoise du Conseil de l’Union européenne (UE) a soumis une proposition pour restreindre la dérogation à la présomption d’emploi en ce qui concerne les travailleurs des plateformes, dans le but de résoudre les divergences observées lors des négociations en décembre. Cette directive propose une présomption légale d’emploi pour les travailleurs de plateformes indépendants mal classés, ainsi que la réglementation de la gestion algorithmique sur le lieu de travail, une première au niveau de l’UE. Les désaccords ont particulièrement porté sur l’applicabilité matérielle de la présomption légale d’emploi et des critères pour requalifier automatiquement les travailleurs des plateformes en salariés. Certains États membres craignent que la mise en place d’un texte juridique trop normatif à ce sujet mette fin au travail indépendant et conduise à un reclassement massif.

La présidence tchèque a proposé une dérogation pour limiter la présomption d’emploi, tandis que d’autres pays ont proposé un texte incluant un ensemble de critères de présomption dans le texte juridique. Les Suédois ont organisé un cycle de négociations techniques pour recueillir l’avis des États membres sur les subtilités de la présomption légale. Ils ont ensuite rédigé un nouveau texte de compromis qui restreint l’application de la clause en réduisant la mesure dans laquelle un État membre pourrait utiliser la dérogation. Cette réduction est une victoire pour les pays qui préconisent le reclassement des travailleurs de plateformes en salariés, notamment l’Espagne et les Pays-Bas.

Dans le nouveau texte de compromis, le reclassement en emploi à temps plein serait déclenché si au moins trois des sept critères qui pointent vers un lien de subordination entre une plateforme et un travailleur étaient remplis. Les États membres préconisant le reclassement ont manifesté leur mécontentement face à la clause de dérogation dans la proposition de la présidence tchèque. Ils ont expliqué que la formulation « jouissent d’un pouvoir discrétionnaire » créait un champ d’application si large que la présomption pourrait être contournée.

Le texte clarifie également le champ d’application de la clause concernant les cas où une plate-forme remplit l’un des critères de présomption conformément aux lois de l’Union européenne ou nationales. Les critères seraient remplis si une plateforme « exerce un contrôle et une direction sur l’exécution du travail », mais elle ne sera pas tenue pour responsable si elle remplit un critère en raison du respect du droit de l’Union, du droit national ou des conventions collectives. Le texte précise également que les mesures inscrites dans la législation nationale ou les accords sociaux concernant la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs ne seront pas considérées comme valables pour répondre aux critères de présomption.

Une clause dérogatoire excluant la présomption légale de s’appliquer aux procédures fiscales, pénales et sociales a également été conservée. Les gouvernements de l’UE peuvent appliquer la présomption à la lumière de la législation nationale. Les autres chapitres de la directive, notamment sur la gestion algorithmique, n’ont pas été modifiés et ont été largement convenus lors des négociations de décembre.

En somme, la présidence suédoise a ainsi trouvé un terrain d’entente pour limiter la dérogation à la présomption d’emploi et clarifier les critères de présomption pour les travailleurs des plateformes. Les États membres se doivent maintenant de prendre les mesures appropriées pour garantir les mêmes droits à tout travailleur reclassé que tout autre travailleur se trouvant dans une situation comparable dans leur pays respectif.

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