Accord Kosovo-Serbie : les négociations échouent à Ohrid
Le Kosovo et la Serbie n’ont pas pu conclure un accord historique samedi soir, après des pourparlers marathon.
Des mois de négociations, sous l’égide de l’Union Européenne (UE), ont précédé le dernier cycle de négociations à haute intensité. La guerre qui a éclaté entre les insurgés de souche albanaise et les forces serbes il y a près de 25 ans a déclenché une campagne de bombardements de l’OTAN. Cette guerre a pris fin à la suite du retrait du personnel gouvernemental serbe et des forces de sécurité du territoire séparatiste.
Le Premier ministre kosovar, Albin Kurti et le président serbe, Aleksandar Vucic ont poursuivi la négociation pour près de 12 heures lors d’un sommet à Ohrid, en Macédoine du Nord, en reprenant un plan en 11 points. Ce plan a été dévoilé par l’UE le mois dernier lors d’un sommet à Bruxelles.
Cependant, à la fin de la réunion, un accord final n’a pas été conclu. Le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a donné des signaux mitigés sur les négociations. Il a affirmé qu’un cadre pour mettre en œuvre le plan avait été atteint, mais qu’une voie vers la normalisation des relations restait insaisissable.
Les deux pays ont traversé des périodes de tensions perpétuelles, avec des troubles fréquents entre Belgrade et son ancienne province séparatiste. La Serbie a longtemps refusé de reconnaître la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo faite en 2008.
Après la réunion de samedi, les deux dirigeants ont convenu qu’ils avaient progressé, mais ont rapidement évoqué l’échec de la rédaction. Kurti, du Kosovo, a déclaré qu’il était prêt à signer le document, mais a reproché au dirigeant serbe de ne pas l’avoir signé en dernier.
Le Serbe Vucic, quant à lui, a exprimé sa tiédeur quant aux résultats de la journée, disant qu’il pensait que « nous avons franchi une étape importante dans une atmosphère constructive et nous allons commencer à travailler sur quelque chose ».
Les 11 points soutenus par l’UE ont établi un cadre stipulant qu’aucune des parties ne recourrait à la violence pour résoudre un problème, ni ne chercherait à empêcher l’autre de rejoindre l’UE ou d’autres organismes internationaux. Ce serait également un échange de reconnaissance entre les deux parties, le Kosovo et la Serbie acceptant les documents de voyage, les diplômes, les plaques d’immatriculation et les timbres douaniers de l’autre.
L’administration Kurti espère qu’un accord permettrait l’entrée du Kosovo dans les institutions internationales, en particulier les Nations Unies, un objectif longtemps recherché par le gouvernement de Pristina.
La pression croissante survient alors que l’UE et Washington ont réservé une grande partie de leur force diplomatique pour résoudre le conflit en Ukraine. Cela fait craindre que le Kremlin n’utilise la question du Kosovo comme coin pour diviser davantage l’Europe.
Le Kosovo reste une obsession pour une grande partie de la population serbe, qui considère le territoire comme sa patrie légitime, attaquée par des étrangers durant des siècles.
Vendredi, dans la capitale serbe, Belgrade, des milliers de personnes se sont rassemblées contre la conclusion d’un accord. Milica Djurdjevic Stamenkovski, chef du groupe ultranationaliste, The Oath Keepers, a déclaré à la foule que « cet ultimatum…ce n’est pas un accord, c’est une trahison ».
Le Kosovo accueille environ 120 000 Serbes, dont beaucoup restent fidèles à Belgrade, en particulier dans les régions du nord, près de la frontière avec la Serbie. C’est également une région caractérisée par des troubles fréquents, des manifestations et des violences occasionnelles.
© 2023 AFP.
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