Les députés britanniques ont voté en faveur de la légalisation de l’aide à mourir, malgré des craintes de créer un « service de suicide d’État ». La proposition, soutenue par le Premier ministre, a suscité des débats passionnés, révélant des divisions au sein du gouvernement. Les partisans estiment qu’elle offrirait un meilleur contrôle aux patients en phase terminale, tandis que les opposants soulignent les risques pour les plus vulnérables et le manque de financement des soins palliatifs. Le projet de loi entre maintenant en phase de commission.
Une avancée vers la légalisation de l’aide à mourir
Les députés britanniques ont donné leur soutien à la légalisation de l’aide à mourir, malgré des inquiétudes soulevées quant à la possibilité d’un « service de suicide d’État ».
La proposition de loi a franchi un premier cap au Parlement, avec un vote de 330 contre 275, représentant une majorité de 55 voix en faveur lors de sa deuxième lecture.
Le Premier ministre, qui avait gardé le silence sur ses opinions avant ce vote libre, a finalement exprimé son soutien à cette initiative législative.
Des opinions divergentes au sein du gouvernement
Cependant, le Cabinet du Premier ministre est profondément divisé sur le sujet. Des figures notables comme Wes Streeting, Angela Rayner et David Lammy ont voté contre le projet de loi.
Les partisans de cette législation affirment qu’elle permettra aux adultes en phase terminale, ayant moins de six mois à vivre, de mieux contrôler leur fin de vie.
Ce vote historique a été précédé de plusieurs heures de débats passionnés, avec plus de 160 députés souhaitant s’exprimer sur ce sujet délicat.
La députée travailliste Kim Leadbeater, à l’origine du projet de loi, a souligné qu’il était temps d’aborder la question complexe des soins de fin de vie, qualifiant ce débat de « longtemps attendu ».
Elle a décrit l’aide à mourir comme un choix empreint de compassion pour ceux qui souffrent de manière insupportable, en insistant sur le fait qu’elle devrait être complémentaire aux soins palliatifs.
Leadbeater a déclaré : « Ce projet de loi permettra à la société d’adopter une approche plus respectueuse envers la fin de vie. »
En revanche, l’opposition à cette législation est féroce.
Le député conservateur Danny Kruger, une voix influente contre le projet, a averti que le Parlement risquait d’abandonner son rôle de protection des plus vulnérables.
Il a exhorté ses collègues à ne pas voter « pour le désespoir », plaidant pour un débat qui mène à une meilleure compréhension de ce que signifie bien mourir, plutôt qu’à un système de suicide assisté.
Kruger a des désaccords sur cette question avec sa mère, Dame Prue Leith, qui a exprimé son soutien à une nouvelle loi en appelant à plus d’ouverture sur le sujet.
La députée Diane Abbott a également partagé ses préoccupations, soulignant le manque de financement des soins palliatifs au Royaume-Uni et mettant en garde contre le risque que les patients en fin de vie se sentent comme un fardeau pour leurs proches.
Elle a déclaré aux Communes : « Si cette loi est adoptée, nous disposerons d’un NHS financé à 100 % pour un service de suicide, tandis que les soins palliatifs ne seront financés qu’à 30 % au mieux. »
Abbott a suggéré qu’elle pourrait, dans certaines circonstances, ne pas vouloir être un fardeau pour les autres, soulignant les inquiétudes plus larges sur l’impact de la légalisation de l’aide à mourir.
Le débat a également été marqué par des témoignages personnels poignants de députés.
L’ancien ministre conservateur Andrew Mitchell a révélé avoir changé d’avis après avoir écouté des récits émouvants de ses électeurs sur des proches souffrant dans l’agonie.
Il a partagé : « Des larmes coulaient sur mon visage » en écoutant ceux qui décrivaient la douleur et l’indignité des derniers moments de vie de leurs êtres chers.
À l’extérieur du Parlement, des manifestants des deux camps se sont rassemblés pour exprimer leurs opinions.
Le projet de loi va maintenant entrer dans la phase de la commission, où des amendements pourront être proposés par les députés.
Bien qu’il soit peu probable qu’une modification de la législation entre en vigueur avant 2026, ce vote représente un changement significatif dans l’approche du Royaume-Uni envers l’aide à mourir.