Le Sénat français fait avancer le plan de réforme des retraites de Macron alors que les grèves se poursuivent


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Le Sénat français a voté samedi soir pour approuver une réforme profondément impopulaire du système de retraite du pays, quelques heures après que des manifestants sont descendus dans la rue pour s’opposer à la politique fondamentale du deuxième mandat du président Emmanuel Macron.

Les sénateurs ont adopté les réformes par 195 voix contre 112, rapprochant ainsi le paquet d’une nouvelle loi. Un comité va maintenant élaborer un projet final, qui sera ensuite soumis au Sénat et à l’Assemblée nationale pour un vote final.

« Une étape importante a été franchie ce soir avec un large vote sur le texte de la réforme des retraites au Sénat », a déclaré à l’AFP la Première ministre Elisabeth Borne après le vote, ajoutant qu’elle estimait que le gouvernement disposait d’une majorité parlementaire pour faire adopter la réforme.

Si le gouvernement Macron ne parvenait pas à rassembler la majorité nécessaire, Borne pourrait toutefois déployer un outil constitutionnel rarement utilisé et très controversé, connu sous le nom d’article 49/3, pour faire adopter la législation sans vote.

Les syndicats, qui se sont farouchement opposés aux mesures, espéraient encore samedi forcer Macron à reculer, bien que les protestations de la journée contre la réforme aient été bien moindres que certaines précédentes.

« C’est la dernière ligne droite », a déclaré samedi Marylise Léon, cheffe adjointe du syndicat CFDT, à la chaîne de télévision Franceinfo. « La fin de partie, c’est maintenant. »

Les tensions ont éclaté dans la soirée, la police parisienne déclarant avoir procédé à 32 arrestations après que certains manifestants aient jeté des objets sur les forces de sécurité, avec des poubelles incendiées et des fenêtres brisées.

Cette semaine, Macron a refusé à deux reprises les appels urgents des syndicats pour le rencontrer dans une dernière tentative pour le faire changer d’avis.

Le camouflet a mis les syndicats « très en colère », a déclaré Philippe Martinez, patron du syndicat d’extrême gauche CGT.

« Quand il y a des millions de personnes dans les rues, quand il y a des grèves et que tout ce que nous obtenons de l’autre côté est le silence, les gens se demandent : que devons-nous faire de plus pour être entendus ? » a-t-il déclaré en appelant à un référendum sur la réforme des retraites.

Le ministère de l’Intérieur a déclaré que quelque 368 000 personnes se sont présentées dans tout le pays pour des manifestations, soit moins de la moitié des 800 000 à un million que la police avait prédits.

A Paris, 48 ​​000 personnes ont participé à des rassemblements, contre des prévisions policières d’environ 100 000.

Les syndicats, qui ont estimé le nombre de participants à un million, avaient espéré que le taux de participation serait plus élevé un samedi, lorsque la plupart des gens n’avaient pas à s’absenter du travail pour y assister. Le 11 février, également un samedi, 963 000 personnes ont manifesté, selon la police.

Lors de la dernière grande journée de grève et de protestation de mardi, la participation était d’un peu moins de 1,3 million de personnes selon la police, et de plus de trois millions selon les syndicats.

« L’avenir des enfants »

La principale mesure de la réforme est une augmentation de l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans, considérée par beaucoup comme injuste pour les personnes qui ont commencé à travailler jeunes.

« Je suis ici pour me battre pour mes collègues et pour nos jeunes », a déclaré Claude Jeanvoine, 63 ans, conducteur de train à la retraite manifestant à Strasbourg, dans l’est de la France.

« Les gens ne devraient pas laisser le gouvernement s’en tirer comme ça, il s’agit de l’avenir de leurs enfants et petits-enfants », a-t-il déclaré à l’AFP.

Les réformes augmenteraient également le nombre d’années pendant lesquelles les personnes doivent cotiser pour recevoir une pension à taux plein.

Les manifestants disent que les femmes, en particulier les mères, sont également désavantagées par les nouvelles réformes.

« Si j’avais su que ça allait arriver, je n’aurais pas arrêté de travailler pour m’occuper de mes enfants quand ils étaient petits », a déclaré Sophie Merle, une assistante maternelle de 50 ans à Marseille, dans le sud du pays.

Plusieurs secteurs de l’économie française ont été visés par les appels des syndicats à des grèves illimitées, notamment dans les transports ferroviaires et aériens, les centrales électriques, les terminaux de gaz naturel et la collecte des ordures.

Samedi à Paris, les transports urbains ont été peu touchés par les débrayages, à l’exception de certaines lignes de trains de banlieue.

Mais les déchets non collectés ont commencé à s’accumuler dans certains quartiers de la capitale et les compagnies aériennes ont annulé environ 20 % de leurs vols programmés dans les aéroports français.

Un sondage d’opinion publié samedi par la chaîne de télévision BFMTV a révélé que 63 % des Français approuvaient les protestations contre la réforme, et 54 % étaient également favorables aux grèves et aux blocages dans certains secteurs.

Quelque 78 % ont cependant déclaré qu’ils pensaient que Macron finirait par faire adopter la réforme.

(AFP)



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