Les ambitions énergétiques de l’Union : L’attrait de l’énergie nucléaire au sein de mon parti

Les ambitions énergétiques de l'Union : L'attrait de l'énergie nucléaire au sein de mon parti

La CDU/CSU doit faire face à des défis énergétiques, notamment la hausse des prix de l’électricité. Dans une interview, Thomas Heilmann et Marcel Fratzscher soulignent le manque d’avancées en matière de protection du climat en 2024, évoquant une perception idéologique des enjeux climatiques. Ils insistent sur l’importance des énergies renouvelables pour réduire les coûts énergétiques et répondre aux crises économiques, tout en déplorant l’impact des discours populistes sur l’acceptation des mesures climatiques.

Le feu tricolore est en marche, et il est probable que l’Union prenne bientôt les rênes du gouvernement allemand. Dans ce contexte, la CDU/CSU devra aborder des défis tels que les prix élevés de l’électricité. Les premières initiatives sont présentées dans un nouveau document sur l’énergie élaboré par le groupe parlementaire de l’Union au Bundestag : bien que l’énergie nucléaire ne soit pas complètement écartée, la loi sur le chauffage l’a déjà été. Mais quel sera leur partenaire de coalition ? Dans une interview exclusive avec le ‘Klima-Labor’, Thomas Heilmann (CDU), président de la KlimaUnion, et Marcel Fratzscher, président de l’Institut allemand de recherche économique (DIW), discutent des propositions.

Une Évaluation de l’Année 2024 pour la Protection du Climat

ntv.de : La protection du climat a-t-elle progressé en 2024 ?

Thomas Heilmann : Malheureusement, nous n’avons pas constaté d’avancées significatives. surtout en ce qui concerne l’acceptation par le public de la nécessité d’agir pour le climat. Ce n’est pas simplement un problème propre à l’Allemagne, mais c’est une tendance que l’on observe dans presque tous les pays occidentaux.

Les Enjeux Économiques et Énergétiques

Des études mondiales montrent que le sujet du climat est d’actualité partout. Pourquoi cette acceptation ne se traduit-elle pas dans les élections ?

Thomas Heilmann : Les enjeux de la protection du climat sont souvent perçus comme des préoccupations idéologiques. Tout le monde prône l’entraide et le respect des lois, mais en réalité, chacun se sent peu concerné dans sa vie quotidienne. La question essentielle est : suis-je prêt à renoncer à une partie de mon confort pour le climat ? Si cela implique un sacrifice personnel, cela devient compliqué. Des erreurs ont été commises de toutes parts, mais nous devons aussi veiller à ce que des personnalités comme Donald Trump, qui remettent en question le changement climatique, ne gagnent pas en influence.

Parle-t-on trop des coûts de l’inaction en matière de protection du climat ?

Marcel Fratzscher : Absolument. Le discours dominant est que protéger le climat nuit à notre prospérité. En réalité, c’est l’inverse : agir pour le climat est essentiel pour préserver notre richesse et éviter des dommages futurs considérables. Nous constatons une augmentation des catastrophes naturelles, non seulement en Allemagne, mais dans le monde entier.

Et pourtant, certains leaders politiques comme Donald Trump continuent de prôner la consommation accrue de combustibles fossiles.

Marcel Fratzscher : Les résultats électoraux montrent que les préoccupations majeures sont l’économie et la migration, notamment l’inflation élevée.

Il promet une baisse des prix avec le message ‘Drill, Baby, Drill’.

Marcel Fratzscher : Ce slogan a conduit à une hausse des prix lors du conflit en Ukraine. Si nous avions déjà adopté des énergies renouvelables à 100 %, nous aurions pu éviter cette crise d’inflation. Les énergies renouvelables sont la forme d’énergie la moins coûteuse, représentant environ la moitié du prix des combustibles fossiles ou de l’énergie nucléaire. Pour réduire les coûts énergétiques et éviter de perdre des emplois industriels, nous devons accélérer le développement des énergies renouvelables et l’infrastructure associée.

Thomas Heilmann : À court terme, c’est en effet une autre réalité. L’exploitation de nouvelles sources de pétrole peut sembler rentable immédiatement. Je ne soutiens pas cette approche, mais la situation est complexe. Il est difficile de faire comprendre à chacun les investissements nécessaires sur le long terme. En matière de chauffage, le remplacement est tout aussi coûteux.

Marcel Fratzscher : Construire des réseaux de transmission et d’approvisionnement est un investissement important. Pourtant, l’avenir réside dans les énergies renouvelables. Les temps de prospérité des années 2010 sont révolus. Nous ne pouvons pas faire marche arrière, même si les discours populistes cherchent à manipuler et à semer la peur.

La protection du climat est-elle devenue un sujet tabou dans le débat public ?

Thomas Heilmann : Je vous assure que nous ne ferons pas cela en tant qu’Union, et d’autres partis non plus. Cependant, il est vrai qu’il y a eu un changement d’opinion publique. La politique joue un rôle dans cette évolution. Le feu tricolore y a contribué, mais nous aussi. Malheureusement, l’AfD a aussi un rôle en proposant des solutions simplistes. Les citoyens ne comprennent pas toujours pourquoi ils doivent renoncer au pétrole russe. De plus, la politique énergétique est d’une complexité incroyable et il a fallu des années pour en saisir tous les enjeux.

La réduction des coûts de l’énergie est-elle essentielle pour favoriser l’acceptation des mesures climatiques ?

Thomas Heilmann : Le changement climatique ne se limite pas à l’énergie. C’est une transformation profonde de notre mode de vie. Lorsque l’on parle d’énergie, on pense au secteur électrique, mais cela englobe également le transport et le chauffage. Je soutiens la transition thermique, mais la loi sur le chauffage présente des lacunes significatives. La Grande Coalition avait instauré un programme de subventions efficace, que le feu tricolore a suspendu, provoquant une augmentation du nombre de chaudières à mazout et à gaz, alors que nous avions besoin de plus de pompes à chaleur.