L’inflation dans la zone euro chute plus que prévu à 9,2%

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Francfort L’inflation dans la zone euro a encore diminué en décembre. Les prix à la consommation ont augmenté de 9,2% par rapport au même mois l’an dernier. C’est ce qu’a annoncé vendredi l’Office statistique européen Eurostat sur la base d’une première estimation. En novembre, le taux d’inflation était encore de 10,1 %. Les experts interrogés par l’agence de presse Reuters avaient prévu un chiffre de 9,7 % pour décembre.

La Banque centrale européenne (BCE) vise en fait une valeur de 2 % pour la zone monétaire. L’inflation continue de s’éloigner de cette marque depuis mi-2021. La BCE a donc déjà considérablement relevé les taux d’intérêt dans la zone euro. L’apaisement de la pression sur les prix est susceptible d’alimenter le débat sur son ampleur.

En décembre, la banque centrale a relevé les taux d’intérêt d’un demi-point de pourcentage. Le taux d’intérêt directeur est ainsi de 2,5% et le taux de dépôt, qui est actuellement encore plus important pour les marchés financiers, est de 2,0%. Cependant, la chef de la banque centrale, Christine Lagarde, a promis de nouvelles augmentations d’un demi-point chacune pour les prochaines réunions. Cette définition claire a fait l’objet de quelques critiques.

Une hausse plus faible des prix de l’énergie a été le principal contributeur à la modération de l’inflation en décembre. Par rapport à l’année précédente, leur prix a augmenté de 25,7 %. En novembre, l’augmentation était encore de 34,9 %. En Allemagne, les prix de l’énergie ont été ralentis, entre autres, par le fait que l’État prend en charge l’acompte sur le gaz en décembre. De plus, les prix du pétrole et du gaz ont considérablement baissé.

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L’économiste en chef de la Commerzbank, Jörg Krämer, ne voit aucun relâchement réel dans les chiffres. « L’inflation dans la zone euro n’a baissé de manière significative que parce que le carburant et le mazout sont devenus moins chers et que le gouvernement allemand a pris en charge les paiements du gaz pour de nombreux citoyens en décembre », dit-il. Kramer souligne que l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix particulièrement volatils de l’énergie, de l’alimentation et du tabac, est passée de 5 à 5,2 %. C’est un nouveau record.

Alexander Krüger, chef économiste de la banque privée Hauck Aufhäuser Lampe, reste lui aussi prudent : « Le taux d’inflation baisse, mais la lutte contre l’inflation n’est pas encore gagnée. »

La patronne de la banque centrale, Christine Lagarde, a également émis récemment des réserves. Elle avait déjà prédit une baisse de l’inflation en décembre mais a refroidi les espoirs d’un retournement.

Lors de sa conférence de presse en décembre, elle a souligné que les taux devraient encore remonter en janvier et février. Dans une interview accordée au journal croate « Jutarnji List », Lagarde a également souligné que les moteurs de l’inflation avaient changé. Jusqu’à présent, les goulots d’étranglement de l’approvisionnement en ont été la principale cause.

Mais maintenant, il faut faire attention à ce que les mesures fiscales, telles que les dépenses d’aides d’État pour freiner les prix de l’énergie, ne conduisent pas à un enracinement de l’inflation.

Elle voit également les dangers d’une dynamique salariale plus forte. Un signal d’alarme, par exemple, est que les prix des services augmentent plus fortement. Dans celles-ci, les salaires jouent un rôle plus important car ils sont particulièrement intensifs en main-d’œuvre. Les services ont augmenté de 4,4% en décembre après 4,2% en novembre.

Inflation particulièrement élevée dans les pays baltes

L’inflation est particulièrement élevée dans les États baltes d’Estonie (17,5 %), de Lettonie (20,7 %) et de Lituanie (20 %). Ceux-ci sont particulièrement touchés par les conséquences de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine – surtout la hausse des prix de l’énergie. Parce que les revenus y sont plus bas, les gens dépensent plus pour l’énergie et la nourriture. De ce fait, la hausse drastique des prix de ces biens s’y répercute plus fortement.

En revanche, le taux d’inflation au sein de la zone euro a longtemps été le plus bas en France. Là, il était de 6,7% en décembre. Pendant ce temps, l’Espagne ferme la marche avec une valeur de 5,6 %.

Dans les deux pays, il existe déjà des freins tarifaires pour l’énergie. En Allemagne, le taux d’inflation selon la méthode de calcul européenne, qui assure la comparabilité entre les pays, était de 9,6 %. Selon la méthode de calcul privilégiée par l’Office fédéral de la statistique, pour laquelle un panier de biens légèrement différent est utilisé, il s’élevait à 8,6 %.

Compte tenu de la persistance d’une pression élevée sur les prix, la plupart des experts s’attendent à de nouvelles hausses des taux d’intérêt dans la zone euro. La banque américaine Goldman Sachs s’attend à ce que la BCE relève ses taux d’intérêt d’un demi-point de pourcentage chacune lors des prochaines réunions du Conseil en février et en mars, et d’un quart de point de pourcentage en mai. Le taux de dépôt serait alors de 3,25 %.

La Commerzbank suppose également que le pic du taux de dépôt dans la zone euro sera de 3,25 %. Les économistes de Bank of America s’attendent même à une augmentation à 3,5 % d’ici juin 2023. Le taux de dépôt a atteint un tel niveau pour la dernière fois en 2001.

Suite: La querelle sur les taux d’intérêt et l’inflation a modifié le rapport de force à la BCE et affaibli Lagarde

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