Revue Je Ne Sais Quoi de Lucie Arnoux – la solitude d’une française à Londres | Bandes dessinées et romans graphiques


Oh la lamais c’est amusant ! Je Ne Sais Quoi est un patchwork de mémoires d’une illustratrice et dessinatrice appelée Lucie Arnoux, qui est française mais vit à Londres. Il sautille un peu : pas tout à fait formé, il a l’impression, par moments, d’un album de photos animé (c’est le premier livre d’Arnoux). Mais il est très attachant, et je prédis de grandes choses à son créateur, qui a un cœur passionné et un sens inébranlable de la meilleure façon de vivre pleinement sa vie. Je devrais également dire qu’il est extrêmement encourageant (bien que légèrement déconcertant) de lire un livre d’un jeune Européen qui adore toujours la Grande-Bretagne et qui a apparemment l’intention de rester ici contre vents et marées.

Arnoux a grandi à Marseille, cette grande ville de la bouillabaisse, de Le Corbusier et du soleil, un début qui explique peut-être pourquoi elle trouve le climat britannique si inexplicablement charmant. Elle était, nous dit-elle, souvent malheureuse à l’école ; geek et inadaptée, elle avait du mal à se faire des amis. Mais le contentement consiste à trouver sa place dans le monde. Un voyage scolaire à Londres l’a amenée non seulement à s’engouer pour tout ce qui est anglo-saxon, mais aussi à trouver un nouveau but : maintenant, elle devait trouver un moyen de revenir. De retour à la maison, et alors qu’elle n’a que 14 ans, elle entame un stage au Studio Gottferdom, le collectif provençal de dessinateurs et auteurs de bande dessinée : un travail de traîneau qui débouchera, trois ans plus tard, sur sa première commande. Pendant les six années suivantes, le studio publie ses récits autobiographiques dans son magazine mensuel, Lanfeust, peu importe où elle était dans le monde. Elle n’a jamais raté une échéance.

Une page de Je Ne Sais Quoi
Une page de Je Ne Sais Quoi : « Arnoux est si doué pour décrire les pressions sur les femmes du 21e siècle ». Photographie : Lucie Arnoux

Sa confiance grandissant petit à petit, elle a finalement déménagé à Londres pour étudier l’illustration et l’animation à l’Université de Kingston de Londres, et l’endroit était – il l’est toujours – encore meilleur qu’elle ne l’imaginait. Elle aime les pubs et les théâtres, et l’anonymat libérateur que ses rues semblent offrir en particulier aux jeunes femmes (il y a beaucoup moins de sifflements et de lorgnements de loups qu’à Marseille). Mais la vie dans un endroit aussi vaste et cher n’est pas toujours facile, et ses difficultés – ses solitudes, en particulier – donnent sa substance à son livre effervescent. Au final, c’est l’histoire d’une vie de célibataire.

J’adore les pages intitulées « Lucie’s Bad Dates », un appel nominal de mecs épouvantables qui comprend « celui qui sentait le saucisson » et un gars qui doit méditer une demi-heure quand elle lui raconte que son voyage pour le rencontrer a été horrible ( « Je ne peux pas très bien gérer le stress », dit-il). Arnoux est si douée pour décrire les pressions exercées sur les femmes du 21e siècle. L’idée que le partenaire parfait ne soit qu’à un coup de fil n’est pas encourageante, c’est épuisant, même si les lecteurs plus âgés se moqueront de sa conviction qu’à 30 ans, elle est « officiellement célibataire ». Et elle dessine elle-même et ses amis avec un tel esprit, que ce soit en jean ou en robe de soirée (son style rappelle vaguement la première Alison Bechdel). Dans l’ensemble, je pense Je Ne Sais Quoi porte bien son nom. Il vient avec un certain quelque chose d’indescriptible. Comme un parfum parisien ou une baguette fraîchement cuite, le quelque chose en question est ineffablement réjouissant : pas chic, exactement, mais vraiment adorable.



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