L’article examine la situation de Volkswagen (VW) et son actionnaire majoritaire, le Land de Basse-Saxe, dont la participation de 20 % perd de la valeur face à la transformation du secteur automobile vers l’électrique. Malgré les défis, la Basse-Saxe refuse de vendre ses actions, soutenant la stabilité de VW pour l’économie régionale. L’article aborde aussi les coûts énergétiques, les salaires, la compétitivité et des préoccupations politiques, en soulignant les difficultés et le potentiel futur de l’industrie.
Monsieur Weil, le gouvernement de Basse-Saxe détient une part significative dans Volkswagen, avec 20 % des droits de vote. Cependant, les actions privilégiées ont connu une chute d’environ deux tiers de leur valeur depuis 2021. Quelle en est la raison ?
Le secteur automobile est en plein bouleversement, avec la transition vers l’électromobilité, la numérisation et l’émergence de nouveaux acteurs. Cela impacte également les cotations boursières. À l’instar d’autres entreprises, Volkswagen devra redoubler d’efforts pour stabiliser son action.
Si nous unissions les deux types d’actions, la valeur boursière pourrait potentiellement grimper. Par ailleurs, cela libérerait le groupe de contraintes politiques, permettant ainsi à Basse-Saxe de passer sous le seuil des 20 % de blocage. Est-ce un scénario envisageable ?
Non, cela n’est pas envisagé. Cela fait désormais 75 ans que Basse-Saxe est partenaire de Volkswagen. Depuis, une petite compagnie automobile est devenue un acteur mondial, grâce à l’engagement important du Land, et cela doit perdurer.
Il y a aussi l’option de vendre entièrement notre participation. Les fonds générés pourraient alors alimenter un fonds souverain inspiré du modèle norvégien.
Nous n’avons pas cette intention. Volkswagen reste crucial pour l’économie de Basse-Saxe. Il est dans l’intérêt du groupe que notre engagement soit durable et fiable. Cependant, peu importe la structure de la propriété, l’entreprise doit rester compétitive.
À propos de la rentabilité, la marge de Volkswagen, avec seulement 2,3 %, est la plus basse parmi toutes les marques du groupe. Cela est-il lié au fait que les représentants politiques de Basse-Saxe au conseil de surveillance prennent souvent le parti des syndicats lors de décisions délicates ?
Non, la réalité est différente. Je fais partie du conseil de surveillance depuis plus de dix ans et les décisions sont souvent prises de manière consensuelle. Tous les acteurs, y compris les représentants des employés, savent qu’il est essentiel pour l’entreprise de rester compétitive sur le marché.
Les salariés en Basse-Saxe bénéficient de conditions de travail et de salaires favorables. Cela affecte-t-il leurs collègues en République tchèque, en Espagne, et ailleurs ?
La situation chez Volkswagen n’est pas unique. Certes, les niveaux de salaire en Allemagne sont plus élevés que dans le sud ou l’est de l’Europe, mais c’est un équilibre complexe. Le groupe produit à l’étranger à moindres coûts tout en fabriquant en Allemagne à des coûts supérieurs, souvent avec une plus grande valeur ajoutée.
La direction envisage des licenciements et même la fermeture d’usines, une approche que vous avez fermement contestée. Pourquoi cette position, si cela pourrait accroître la compétitivité ?
Je suis convaincu que nous trouverons des solutions plus réfléchies que de fermer des sites, car cela entraînerait une perte définitive de l’industrie dans ces régions.
Seriez-vous prêt à bloquer des fermetures d’usines chez Volkswagen au sein du conseil de surveillance ?
Tous les intéressés connaissent ma position. Le conseil de surveillance n’exprimera son avis qu’à la fin des négociations. Pour l’heure, des discussions difficiles sont en cours, et j’attends des résultats prometteurs.
À partir de décembre, les membres du syndicat IG Metall pourront se mettre en grève. Cela peut-il encore être évité ?
Oui, notamment par un accord, de préférence rapide. Il ne faut pas oublier que ces discussions constituent une pression énorme pour des centaines de milliers de personnes. L’objectif doit être de fournir rapidement clarté et sécurité aux partenaires de négociation.
Le gouvernement fédéral a abruptement supprimé la prime à l’achat pour les voitures électriques à la fin de 2023. Aujourd’hui, votre parti semble revenir sur cette décision.
Cette suppression était une erreur. Les ventes ont immédiatement chuté et ne se sont pas redressées depuis. Maintenant, le gouvernement propose de meilleures conditions fiscales pour les véhicules de fonction, ce qui est une avancée positive. Néanmoins, il serait inacceptable que seules les voitures de service soient soutenues, sans aucune incitation pour les véhicules privés. Je soutiendrais un système de réduction d’impôts aussi pour les véhicules privés. Toutefois, la notion de « prime à la voiture électrique » n’apparaît pas dans la récente décision du parti, ce qui est révélateur