Station F, située à Paris, est un espace innovant conçu pour accueillir mille start-ups, leur offrant un environnement propice au développement. Fondée par Xavier Niel, cette ancienne halle ferroviaire abrite des zones de partage, de création et de détente. Les entrepreneurs bénéficient d’un réseau de soutien avec des événements fréquents et des conseils pratiques, tout en favorisant la collaboration. Ce modèle économique unique permet d’allier synergie et créativité dans un cadre dynamique et inspirant.
Station F : Un Écosystème Innovant pour les Start-ups
Vous avez sûrement entendu la blague récurrente selon laquelle la France ne possède pas de terme pour ‘entrepreneur’. En effet, le pays est souvent perçu comme un bastion de la bureaucratie avec une forte intervention gouvernementale.
Cependant, Station F, située à Paris, s’efforce de renverser cette image en offrant un espace unique où mille start-ups peuvent coexister tout en bénéficiant de l’accompagnement nécessaire pour leur développement.
Fondée par l’entrepreneur Xavier Niel, reconnu pour son implication dans Vodafone et sa tentative d’acquisition d’intérêts en Italie, Station F est installée dans un ancien dépôt ferroviaire, discrètement niché parmi les arbres et les immeubles résidentiels du 13ème arrondissement, à proximité de la Gare d’Austerlitz. À l’extérieur, une imposante sculpture de 11 mètres, nommée L’Arc, attire le regard.
Cette œuvre symbolise la connexion entre l’art et l’entrepreneuriat, selon Niel, qui est marié à Delphine Arnault, la fille de Bernard Arnault, le fondateur de LVMH et l’un des hommes les plus riches au monde.
À l’intérieur, l’espace est si vaste qu’il pourrait accueillir une Tour Eiffel couchée.
Un Espace de Collaboration et de Créativité
Le bâtiment est organisé en trois zones distinctes : une zone de ‘partage’ pour le réseautage, une zone ‘créative’ dédiée au travail, et une zone ‘détente’ où il est possible de se restaurer et de socialiser, ouverte au grand public.
Dès l’entrée, une atmosphère d’excitation est palpable. La zone de partage accueille plus de 600 événements chaque année. Lors de ma visite, une grande conférence sur le marketing interentreprises se déroulait, avec des stands de start-ups en quête d’investisseurs potentiels issus de sociétés de capital-risque.
De nombreuses organisations, telles que Tik Tok For Business et La French Tech, sont présentes en permanence pour aider les start-ups à naviguer à travers la bureaucratie. Plus de 30 organismes publics offrent des conseils sur des sujets variés, allant des droits du travail aux questions fiscales.
J’ai eu l’opportunité de rencontrer un entrepreneur français, Alexandre Duval, co-fondateur d’Entalpic, une start-up innovante qui utilise l’intelligence artificielle pour concevoir de nouveaux matériaux destinés à améliorer le design industriel.
Il aspire à suivre les traces d’autres start-ups d’IA qui ont réussi à Station F, comme Mistral, qui a levé un montant record de 105 millions d’euros lors de son premier tour de financement.
« Les start-ups ici ont divers domaines d’expertise », explique-t-il. « Vous ne vous sentez pas isolé, vous faites partie d’un écosystème. Nous bénéficions également d’une assistance pour la gestion administrative et le recrutement, des défis majeurs pour une start-up. »
La zone créative, considérée comme le cœur du complexe, est surnommée ‘la cathédrale de béton’, avec ses voûtes en béton armé qui lui ont valu un classement en tant que bâtiment historique.
Le nom Station F provient de l’ancien dépôt construit dans les années 1920, connu sous le nom de La Halle Freyssinet, du nom de l’ingénieur Eugène Freyssinet. Après avoir été abandonné en 2010, le lieu n’a été utilisé que sporadiquement pour des séances photo de mode urbaine. Ce n’est qu’en 2017 que Niel a réimaginé cet espace de 34 000 m², investissant 250 millions d’euros pour inspirer une nouvelle génération d’entrepreneurs.
Des entrepreneurs comme Anais Garnier, qui a créé une plateforme de publication en ligne pour les écrivains de fiction appelée WeInk, trouvent également leur place ici. Elle apprécie les interactions fortuites avec les 3 000 autres entrepreneurs, qui l’aident à résoudre des problématiques inattendues.
« Je recrute pour la première fois », ajoute-t-elle, « et ce matin, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a parlé d’une assurance dont j’avais besoin, que je ne connaissais pas, et il m’a mis en relation avec son fournisseur. »
Elle a également découvert une subvention de l’UE pour protéger sa marque, information qu’elle ignorait auparavant.
La zone créative est étonnamment paisible, semblable à une bibliothèque, où les équipes de start-ups se concentrent sur leur travail. De grandes entreprises comme LVMH, L’Oréal, Meta et Microsoft ont également établi des ‘incubateurs’ ici pour soutenir les start-ups sélectionnées.
Des écoles de commerce telles qu’EDHEC ont également investi dans des campus sur place, apportant leur soutien aux étudiants et aux entrepreneurs.
Station F se distingue par son modèle économique, étant elle-même une start-up, loin d’être une œuvre de charité ou une institution gouvernementale. L’idée est de créer une synergie entre les start-ups en les rassemblant dans un espace aussi impressionnant, où l’ensemble devient plus puissant que la simple somme des individus.
Les grandes entreprises paient pour accéder à cette dynamique créative concentrée, tandis que Station F soutient également ses propres cohortes de start-ups, incluant des programmes pour les entrepreneurs issus de milieux sous-représentés.
Une autre section est réservée aux ‘diplômés’, c’est-à-dire aux entreprises ayant terminé leur parcours à Station F, avec une règle stipulant qu’aucun groupe de start-ups ne peut y rester plus de deux ans, certains ne restant que quelques mois.
La zone de détente, décorée de wagons de train désaffectés ornés de graffitis colorés, regorge de restaurants accessibles au public. Ici, pas de serveurs traditionnels : les convives s’installent à leur table et passent commande via un code QR.
Nikolai Fomm, un entrepreneur allemand travaillant pour une start-up nommée Corma, qui aide les entreprises à gérer leurs applications, fait également partie de cet écosystème dynamique.