Carnet de campagne : une ferme voisine pourrait ne plus jamais être exploitée


jeJe reviens tout juste de la ferme laitière en haut de la colline. Toujours serviable, John a accepté de récupérer un rouleau de 10 pieds que nous avons acheté dans une autre ferme voisine qui est sur le marché, l’équipement étant vendu séparément. Je le rembourserai avec des saucisses, notre forme d’échange habituelle. L’élevage commercial des derniers porcs a coûté le double de ce qu’il a coûté l’année dernière. C’est une histoire familière. De plus, la sécheresse a entraîné une baisse des rendements fourragers mais aussi un pâturage limité – de nombreux éleveurs de bétail nourrissent de précieuses rations depuis des semaines. Un hiver long et coûteux s’annonce.

Le rouleau est nécessaire pour notre douce prairie fluviale où les sabots compriment le sol, le laissant bosselé et inégal. L’accès de part et d’autre est pratiquement laborieux, il est donc idéal d’en garder un en permanence sur le terrain. La solution, cependant, est douce-amère.

La ferme à vendre n’est pas connue localement par son nom, mais par celui de la famille qui l’a exploitée pendant des décennies – les gens, avec le temps, sont devenus synonymes du lieu. Ils étaient d’une génération différente, mais néanmoins avant-gardistes dans leur égalité. Sa fierté était les tracteurs, elle le bétail, et leurs histoires perdurent : la façon dont il bordait leur bébé sous la haie pendant qu’il labourait ; la truie qui allait la mettre bas (« parce que j’étais en chemise de nuit, voyez-vous »); la vache préférée qui se penchait hors de son étal au marché pour la lécher au passage.

Ils sont maintenant enterrés ensemble dans un champ en face de la maison et divers facteurs ont forcé une vente. Nous ne reverrons plus leur pareil – et il est également possible que nous ne revoyions plus leur ferme fonctionner non plus. Telle est la prime sur la terre dans cette partie du pays, elle coûtera bien au-delà de l’abordabilité de quiconque veut diriger, comme ils l’ont fait, une modeste entreprise familiale.

A l’instar d’un domaine local récemment divisé à la suite d’un décès, la terre perd ici de plus en plus d’usage agricole et devient un « aménité », ou simplement un investissement fiscalement avantageux. Tant de choses en sont appauvries, notamment l’identité et la cohésion fondamentales de la communauté rurale traditionnelle.

Quelqu’un a exprimé son inquiétude au fermier à l’idée d’un tracteur passant sur sa tombe, qu’il a rapidement écarté. Ce serait une bien plus grande tristesse si on ne le faisait pas.





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