Comment le généreux programme de maisons vertes de l’Italie est devenu « méchant »


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Rome (AFP) – Un programme italien visant à rendre les maisons plus économes en énergie a été extrêmement populaire, mais le gouvernement cherche à maîtriser ses coûts «hors de contrôle» au milieu des craintes de faire monter le déficit en flèche.

Le programme « superbonus », qui peut être utilisé pour tout, de l’isolation aux panneaux solaires, en passant par les nouvelles chaudières et les fenêtres, a été introduit en mai 2020 pour stimuler l’économie après le verrouillage du coronavirus.

Les écologistes étaient sceptiques quant à ses avantages, mais les Italiens se sont précipités pour profiter du programme, dans lequel l’État a payé 110% du coût de l’écologisation des maisons, la subvention étant accordée via un crédit d’impôt ou une réduction d’impôt.

Comme prévu, il a stimulé le secteur de la construction – mais il a jusqu’à présent coûté à l’État 61,2 milliards d’euros (64,8 milliards de dollars), selon le ministère des Finances.

Le Premier ministre Giorgia Meloni, dont le gouvernement de coalition a pris ses fonctions en octobre, a déclaré le week-end dernier que la situation était « hors de contrôle ».

Elle a déclaré que le stratagème avait conduit à une fraude de neuf milliards d’euros, tandis que la nature négociable des crédits d’impôt avait « généré une sorte de monnaie parallèle, et cette monnaie parallèle risque d’avoir un impact dévastateur sur le budget ».

Le ministre des Finances, Giancarlo Giorgetti, est allé plus loin, la qualifiant de « politique perverse ».

Le programme a été introduit par l’ancien Premier ministre italien Giuseppe Conte © Andreas SOLARO / AFP

Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef au Trésor, a déclaré à l’AFP que les tentatives de quantification de l’impact du programme sur les finances publiques tendues de l’Italie pourraient être « un moment de réveil pour les marchés financiers ».

Il a averti que le déficit de l’Italie pourrait être révisé à la hausse de manière substantielle, tandis que le secteur de la construction et le gouvernement « pourraient avoir des problèmes de liquidité ».

Le déficit de l’Italie était estimé à 5,6% du PIB l’année dernière et devrait tomber à 4,5% en 2023, mais des chiffres révisés intégrant potentiellement le système de superbonus devraient être publiés le 1er mars.

Flèche de construction

Le programme de superbonus a été introduit par l’ancien premier ministre Giuseppe Conte, dont le mouvement cinq étoiles populiste et écologiste dirigeait le gouvernement de coalition à l’époque.

Elle permettait aux propriétaires soit de déduire le coût des travaux de leurs impôts sur plusieurs années, soit de vendre le crédit d’impôt à leur constructeur, qui le revendrait à une banque, qui réclamerait ensuite l’argent à l’État.

Angelica Donati, présidente de l’association nationale des constructeurs ANCE, a déclaré à l’AFP que la prime avait été « fondamentale au lendemain du Covid-19, à la fois pour relancer l’économie italienne et relancer l’industrie de la construction ».

Le secteur de la construction a augmenté de 21,6 % en 2021, contribuant à alimenter le boom post-pandémique de l’Italie.

Mais le programme a généré beaucoup plus de travail que prévu initialement et les banques ont cessé d’acheter des crédits l’année dernière, laissant certaines entreprises de construction sur le carreau.

Le programme a généré beaucoup plus de travail que prévu initialement
Le programme a généré beaucoup plus de travail que prévu initialement © Andreas SOLARO / AFP

Le gouvernement de Meloni a déjà cherché à restreindre les subventions, réduisant le superbonus de 110% à 90% l’année dernière.

Puis, la semaine dernière, il a mis un terme brutal à l’utilisation des crédits d’impôt alors qu’il tentait de trouver un moyen de dégeler les crédits existants pour environ 19 milliards d’euros de travaux effectués mais non encore payés.

L’ANCE a déclaré que quelque 25 000 entreprises de construction risquaient de se replier.

Les utilisateurs de Superbonus ne peuvent désormais recevoir de l’argent de l’État que via des allégements fiscaux – mais cela profite principalement à ceux qui ont des revenus plus élevés.

Opportunité gâchée

Le gouvernement étudie les alternatives possibles au système de crédit. Les militants pour le climat espèrent que cela modifiera également la portée du bonus.

Les experts ont déploré ce qu’ils considèrent comme une occasion manquée d’opérer un changement culturel vers un logement proprement vert.

Dans une étude de l’année dernière, la Banque d’Italie a déclaré que le superbonus n’était « pas un moyen rentable » de lutter contre le changement climatique.

Les experts voient le programme comme une opportunité gâchée de passer à un logement proprement vert
Les experts voient le programme comme une opportunité gâchée de passer à un logement proprement vert © Andreas SOLARO / AFP

Matteo Leonardi, co-fondateur du groupe de réflexion italien sur le changement climatique ECCO, a déclaré qu’il manquait « d’ambition ».

« Cela n’a pas été lié à des objectifs climatiques, ce qui aurait justifié les coûts », a-t-il déclaré à l’AFP, ajoutant que les rénovations n’avaient qu’à augmenter l’efficacité de deux classes énergétiques.

Il n’a pas non plus suffisamment promu des technologies innovantes mais moins familières, telles que les pompes à chaleur.

Mais Leonardi a déclaré que malgré tous ses défauts, le superbonus avait de la valeur s’il était radicalement révisé pour atteindre des objectifs plus ambitieux.

Avec la disparition des crédits d’impôt, le gouvernement « donne simplement beaucoup d’argent aux familles à revenu élevé pour qu’elles installent des chaudières à gaz ».



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