Customize this title in french Évoquer le génie pour défendre des « étoiles noires » comme Gérard Depardieu semble très français – et c’est le cas | Agnès Poirier

Make this article seo compatible,Let there be subheadings for the article, be in french, create at least 700 wordsÔLe 20 décembre, lors d’une interview de 135 minutes à la télévision française, consacrée à des sujets tels que la nouvelle loi sur l’immigration, le futur projet de loi sur l’aide à mourir, la guerre en Ukraine et le conflit Israël-Hamas, Emmanuel Macron est interrogé sur Gérard Depardieu. Le président français aurait pu choisir d’être prudent et de ne pas commenter une affaire qui divise la France. Il aurait sans doute été plus sage de garder le silence, mais Macron ne fait pas preuve de prudence ; il dit ce qu’il pense. »Vous ne me verrez jamais participer à une chasse à l’homme », a-t-il déclaré. Quant à dépouiller l’acteur du Légion d’honneurune procédure récemment entamée par sa ministre de la Culture Rima Abdul Malak, Macron a répondu en regardant droit dans les yeux l’intervieweur : « L’ordre du Légion d’honneur n’est pas un ordre moral. Sa ministre de la Culture avait « pris les devants ». Macron a fait part de son admiration pour l’acteur, ajoutant que Depardieu avait « rendu la France fière ». La réaction a été immédiate.Rembobinage rapide. En 2018, Charlotte Arnould a porté plainte contre Depardieu, l’accusant de viol. L’actrice en herbe, alors âgée de 22 ans, avait accepté une invitation au domicile de l’acteur, où elle affirme avoir été violée. Six jours plus tard, elle retourne au domicile de Depardieu. Elle dit qu’elle a encore été violée. Après neuf mois d’enquête, l’affaire a été classée sans suite. La police, après avoir visionné des images de vidéosurveillance du domicile de Depardieu au moment de ses visites, a conclu qu’elle n’avait pas été contrainte. Arnould a contesté la décision du procureur et le dossier a été rouvert en 2020. La nouvelle enquête est en cours.En avril dernier, le site d’information d’investigation Mediapart, connu pour sa poursuite acharnée des puissants, avait publié une série d’articles dans lesquels 13 femmes accusaient l’acteur de propos et d’attouchements sexistes sur le tournage de 11 films tournés entre 2004 et 2022. eux, Hélène Darras, ont porté plainte contre l’acteur pour l’avoir pelotée sur le plateau de tournage de Disco en 2007 sur lequel elle a travaillé comme figurante. Depardieu a nié les accusations portées contre lui.Certains disent qu’il ne faut pas beaucoup de courage pour attaquer Depardieu, 75 ans et 20 pierres, souvent vu en fauteuil roulantC’est pourtant la diffusion, le 7 décembre, du documentaire télévisé Gérard Depardieu : La Chute de un ogre cela a déclenché ce qu’il faut désormais appeler l’affaire Depardieu. À l’aide d’images divulguées à la chaîne de télévision publique, l’acteur est vu lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018 en train de faire des remarques obscènes sur les femmes. Son esprit rabelaisien habituel a disparu ; au lieu de cela, il échange des blagues pathétiques et embarrassantes qui sont tout sauf drôles. Ça pue l’impuissance. En anglais, cela s’appellerait un accident de voiture. En français, on appelle ça un naufrage.Ces images ont déclenché deux réactions dans le pays. Cela a même parfois ressemblé à une guerre générationnelle entre les vieux et les jeunes. Sauf une génération, la mienne, née au milieu des années 70, un pied dans chaque camp, essayant de maintenir la paix dans une maison qui s’appelle France. Se sentant justifiées, les femmes qui accusent Depardieu voient dans ses propos la preuve d’une vie d’inconvenance sexuelle et remettent désormais en question l’ensemble de l’industrie cinématographique française. Leurs voix se font plus fortes et leur colère a porté ses fruits. Le Canada a déchu l’acteur de l’ordre national du Québec, le musée Grévin à Paris (le musée français Madame Tussauds) a retiré ses œuvres de cire. Depardieu, qui vient d’avoir 75 ans, a été écarté des futurs projets de films. À bien des égards, sa carrière semble terminée. Tout comme Kevin Spacey qui, suite à des allégations d’agression sexuelle en 2017, a disparu des écrans et de la scène ; bien qu’il ait été déclaré non coupable de toutes les accusations plus tôt cette année.Mais il y a une autre France, qui estime que son « lynchage » est allé trop loin et demande de ne pas juger : comme tout citoyen, Depardieu doit être considéré comme innocent jusqu’à preuve du contraire. Il soutient que sa renommée le rend plus vulnérable à la calomnie, et non pas moins. Quant à sa grossièreté, elle est peut-être déplorable mais ce n’est pas un crime. La semaine dernière, une lettre publiée dans Le Figaro et signé par près de 60 grands noms de l’industrie française du cinéma et de la musique, dont Charlotte Rampling, Roberto Alagna ou Carla Bruni, a apporté son soutien à l’acteur, victime d’un « torrent de haine » et d' »amalgames fallacieux ». Ils l’appellent le dernier monstre sacré (expression inventée par Jean Cocteau pour décrire Sarah Bernhardt), ajoutant qu’« attaquer Depardieu, c’est s’attaquer à l’art. Par son génie d’acteur, il contribue au rayonnement artistique de notre pays. […] quoi qu’il arrive, la marque qu’il a laissée sur nous est indélébile. D’autres ajoutent qu’il ne faut pas beaucoup de courage pour attaquer Depardieu, 75 ans et 20 pierres, souvent vu en fauteuil roulant.Vu de l’étranger, évoquer le génie pour défendre un homme accusé de violences sexuelles aura l’air terriblement français. C’est. En 1946, alors que le poète et pornographe Jean Genet, condamné 13 fois pour vol, risque la prison à vie pour un nouveau délit, les artistes et intellectuels français se manifestent en force. Jacques Prévert, Jean Cocteau, Pablo Picasso, André Breton et Jean-Paul Sartre, entre autres, ont signé une pétition plaidant que ce génie des lettres françaises méritait l’amnistie. Genet obtient la grâce présidentielle. Depardieu n’a été reconnu coupable d’aucun crime, mais l’évocation du génie dans les deux cas vient de la même conviction que le talent, par nature transcendantal, élève l’artiste.Ce que Cocteau écrit sur Genet dans son Revue 1942-1945 pourrait refléter, mot pour mot, ce que beaucoup de Français ressentent à propos de Depardieu : « La bombe Genet : pour moi, le grand événement de notre époque, l’exemple typique d’une pureté inacceptable et aveuglante. Son œuvre me remplit de révolte, de répulsion et d’émerveillement. Le scintillement d’une étoile noire.Depardieu restera toujours dans l’imaginaire collectif français comme un diamant brut, sauvé d’une vie de délinquance grâce à la puissance de la langue française et des grands textes de la littérature et du théâtre. Il n’y aura jamais de Cyrano de Bergerac ni de Georges Danton comme lui, deux rôles et performances qui ont fait office de miroirs de sa vie. De Bergerac, le poète qui se croyait trop laid pour mériter l’amour, et dont l’esprit et la franchise lui faisaient trop d’ennemis, l’homme qui mourut avec son panache intact. Danton, le révolutionnaire variolé et audacieux, la voix du peuple, qui a vécu dans l’excès et a fini sur la guillotine.Certaines œuvres ne peuvent être annulées. Du moins, en France. Agnès Poirier est commentatrice politique, écrivaine et critique Avez-vous une opinion sur les questions soulevées dans cet article ? 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