Customize this title in french L’état misérable de Thames Water est l’un des meilleurs arguments en faveur de la propriété publique que nous ayons | Mathew Laurent

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Jhames Water est au bord de l’effondrement, des plans d’urgence étant en cours d’élaboration pour faire entrer temporairement l’entreprise dans le domaine public. C’est une situation extraordinaire : comment une entreprise disposant d’un monopole régional sur un service essentiel pourrait-elle ne pas parvenir à maintenir une assise financièrement viable ? La réponse : un modèle de propriété extractive a vu l’entreprise s’endetter et les rendements pour ses investisseurs ont été prioritaires sur les besoins des personnes et de l’environnement. Alors que les taux d’intérêt ont fortement augmenté au cours des derniers mois, ce modèle économique intrinsèquement précaire a subi une pression aiguë et apparemment fatale.

L’histoire de Thames Water est emblématique des échecs plus larges de la privatisation. Depuis la fin des années 1980, les compagnies des eaux d’Angleterre et du Pays de Galles ont versé 72 milliards de livres sterling aux actionnaires. Pour aider à payer cette générosité, les compagnies des eaux – qui ont été vendues sans dettes – ont emprunté à une échelle exceptionnelle, accumulant une dette de 53 milliards de livres sterling.

Qu’est-ce que cela signifie pour les clients ? En termes réels, les factures ont augmenté d’environ 40 % depuis la privatisation, mais les investissements des entreprises ont diminué de 15 %. Les conséquences sont flagrantes : jusqu’à 2,4 milliards de litres d’eau par jour (l’équivalent de près de 1000 piscines olympiques) sont déversés par les compagnies des eaux anglaises. Chaque jour, des eaux usées brutes sont déversées dans nos rivières et nos mers plus de 1000 fois en moyenne, pour un total de plus de 9 millions d’heures depuis 2016. Avec cette ampleur de négligence, il n’est guère choquant que seulement 14 % des rivières anglaises aient un état écologique adéquat.

A qui donc profite ce modèle, si ce n’est ni les hommes ni la planète ? Les investisseurs internationaux, pour commencer. En effet, plus de 70 % de la valeur des compagnies des eaux anglaises est détenue par des étrangers. Thames Water, notamment, compte parmi ses principaux investisseurs une filiale de l’autorité d’investissement d’Abu Dhabi, la China Investment Corporation, et deux fonds du secteur public canadien. Le régime de retraite des universités a également un enjeu important, dans une relation paradoxale qui voit un service vital que de nombreux bénéficiaires de ce régime peuvent utiliser, vacillant sous la pression de la demande de rendements élevés pour un système de retraite également sous pression. Nous ne pouvons pas non plus oublier les avantages pour les dirigeants de l’eau : le PDG sortant de United Utilities, la société d’eau la plus polluante du Royaume-Uni, a gagné 1,4 million de livres sterling cette année en vendant ses actions avant sa retraite.

C’est un arrangement contre-productif dans lequel l’Angleterre et le Pays de Galles sont des exceptions mondiales : en effet, ils sont globalement exceptionnels en ce qu’ils ont des systèmes d’eau entièrement privatisés. Il y a une raison simple à ceci. Au niveau international, l’eau est considérée comme une perspective moins attrayante pour les investisseurs privés par rapport à d’autres secteurs d’infrastructure, notamment parce que la nature essentielle du service signifie que les opérateurs ne peuvent pas interrompre l’approvisionnement en cas de non-paiement. Pour compenser, la politique gouvernementale a activement fait du secteur une proposition d’investissement plus attrayante grâce à un régime réglementaire accommodant et, par exemple, en facilitant relativement l’augmentation des tarifs.

Heureusement, il existe une multitude de modèles alternatifs dont nous pouvons nous inspirer. Dans toute l’Europe, la norme veut que les infrastructures et les services de l’eau soient entre les mains du public, détenus et exploités avec succès dans l’intérêt public. Il n’est pas non plus nécessaire de regarder aussi loin que le continent : nous avons une comparaison toute faite avec l’Ecosse, qui a efficacement résisté à la privatisation de Scottish Water. Le contraste entre les deux est frappant : les utilisateurs du reste du Royaume-Uni ont dépensé environ 10 % de plus en factures d’eau que ceux en Écosse, et la société publique a investi 35 % de plus par ménage et par an que les entreprises privées en Angleterre.

Quelles leçons peut-on tirer de cette histoire ? Cette privatisation de l’eau n’a été un succès sans fard que d’une seule manière : l’enrichissement de ses actionnaires et dirigeants étrangers. Avec Thames Water suivant peut-être la nationalisation d’urgence de Bulb, nous devrions nous attendre à ce que la défaillance des services publics fortement endettés et privatisés s’accélère. Et peut-être surtout, la simple leçon que presque tous les pays du monde ont apprise : que pour quelque chose d’aussi fondamental et aussi peu adapté à la concurrence que l’eau, la propriété publique pour le bien public est la seule approche acceptable.

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