La Banque centrale européenne annonce une nouvelle super hausse des taux d’intérêt pour maîtriser l’inflation


La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle hausse massive des taux d’intérêt dans le but de faire baisser l’inflation record dans la zone euro.

Les trois taux d’intérêt directeurs de la banque ont été augmentés chacun de trois quarts de point de pourcentage, comme ils l’ont fait en septembre.

Les taux d’intérêt de la banque centrale ont un effet en cascade dans toute la zone euro et influencent directement les taux que les banques commerciales proposent aux ménages et aux entreprises.

Les prêts hypothécaires, les prêts automobiles et les cartes de crédit deviendront ainsi plus chers et moins attrayants.

Les gouvernements devront effectuer des paiements plus élevés pour leur dette nationale, aggravant leurs déficits publics.

La dette moyenne de la zone euro s’élevait à 94,2 % du PIB à la fin du deuxième trimestre, avec la Grèce (182,1 %), l’Italie (150,2 %) et le Portugal (123,4 %) en tête de liste.

La décision de relever les taux d’intérêt a été confirmée jeudi après-midi, après des jours de spéculation autour de l’ampleur de la hausse, et prendra effet le 2 novembre. Il s’agit de la troisième hausse cette année pour les 19 pays de l’UE qui utilisent l’euro.

L’inflation « beaucoup trop élevée »

La BCE « s’attend à relever encore les taux d’intérêt » et fondera ses futures décisions sur « l’évolution » des perspectives économiques, a déclaré l’organisation dans un communiqué après une réunion du Conseil des gouverneurs.

« L’inflation reste beaucoup trop élevée et restera au-dessus de l’objectif pendant une période prolongée », a-t-il noté.

Comme d’autres banques centrales dans le monde, la BCE prend des mesures pour rendre les dépenses plus coûteuses tant pour les consommateurs que pour les entreprises afin de faire baisser la flambée des prix.

Mais la lutte contre l’inflation s’annonce douloureuse. Des taux d’intérêt élevés peuvent limiter la demande, l’investissement et l’embauche, entraînant un ralentissement de l’économie.

La BCE semble déterminée à faire passer ces préoccupations et à remplir le mandat central de stabilisation des prix de la banque, un objectif que la guerre en Ukraine et la crise énergétique ont transformé en une lutte difficile.

L’inflation annuelle dans la zone euro a atteint 9,9 % en Septembre, un chiffre record et près de cinq fois l’objectif de 2 % poursuivi par la BCE. Les trois pays baltes ont affiché des taux d’inflation supérieurs à 20 %.

La tendance à la hausse a d’abord touché les factures d’énergie mais s’est maintenant propagée à l’alimentation, à l’alcool, aux biens industriels et aux services.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré aux journalistes que l’activité économique dans la zone euro a probablement « considérablement ralenti au troisième trimestre de l’année et nous nous attendons à un nouvel affaiblissement dans le reste de cette année et au début de l’année prochaine ».

En outre, « la demande de services ralentit après une solide performance au cours des trimestres précédents » et les enquêtes montrent que « les nouvelles commandes dans le secteur manufacturier sont en baisse », a-t-elle ajouté.

Le marché du travail, qui a jusqu’à présent fait preuve de résilience et se situe désormais à un niveau historiquement bas de 6,6%, pourrait également commencer à être impacté, Lagarde avertissant d’un « chômage un peu plus élevé à l’avenir ».

Réserves sur la hausse des taux d’intérêt

En elle premier discours devant les législateurs, la nouvelle première ministre italienne, Giorgia Meloni, a critiqué les hausses successives des taux d’intérêt de la BCE, affirmant qu’elles « ont créé des difficultés supplémentaires pour les États membres qui, comme nous, ont une dette publique élevée ».

Meloni a également évoqué les choix « imprudents » de la banque basée à Francfort.

La question de la réduction de la dette est au cœur d’un réexamen en cours des règles budgétaires de l’UE, qui restent suspendues depuis le déclenchement de la pandémie de COVID-19.

Le président français Emmanuel Macron, dont le pays affiche un taux d’endettement de 113 %, a également exprimé des réserves quant à la hausse des taux d’intérêt.

« Je suis inquiet de voir beaucoup d’experts et certains responsables de la politique monétaire européenne nous expliquer que nous devons casser la demande en Europe pour mieux contenir l’inflation », a déclaré Macron à un journal national.

Lagarde a balayé les critiques lorsqu’elle a été spécifiquement interrogée à ce sujet jeudi, affirmant que « nous devons faire ce que nous devons faire ».

« Une banque centrale doit se concentrer sur son mandat. Notre mandat est la stabilité des prix et nous devons y parvenir » en utilisant « les outils les plus appropriés et les plus efficaces », a-t-elle poursuivi.

Elle a souligné que la banque centrale n’est pas « insensible au risque de récession » mais que dans les circonstances actuelles « la décision que nous avons prise aujourd’hui est la plus appropriée ».

La BCE est une institution indépendante des États membres et n’est responsable que devant le Parlement européen, le protégeant ainsi de toute ingérence politique.

La prochaine réunion monétaire du conseil des gouverneurs de la banque est prévue le 15 novembre, avec une nouvelle hausse des taux d’intérêt sur la table.

La dernière fois que les taux d’intérêt ont été aussi élevés dans la zone euro remonte à 2008, lorsque la BCE a resserré sa politique pour lutter contre la crise financière. Le mouvement, cependant, s’est retourné contre lui et a été rapidement annulé.

Au cours des années suivantes, la zone euro a connu une baisse rapide des taux d’intérêt jusqu’à atteindre un territoire négatif. Ce n’est qu’en juillet 2022 que les taux ont été ramenés à des niveaux positifs.



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